Akhil Sharma -
Notre famille .
Akhil Sharma vous présente son ouvrage "
Notre famille" aux éditions de l'Olivier. Traduit de l?anglais (Etats-Unis) par
Paule Guivarch. Rentrée littéraire janvier 2015. http://www.mollat.com/livres/sharma-akhil-notre-famille-9782823603873.html Notes de Musique : ?Twinkling? (by Zero V). Free Music Archive.
Je n'avais jamais vu d'eau chaude couler d'un robinet. En Inde, durant l'hiver, ma mère se levait de bonne heure et faisait chauffer des bassines d'eau sur la cuisinière pour que nous puissions nous laver. Au spectacle de cette eau chaude qui se répandait l'air de rien, comme si elle était inépuisable, j'eus l'impression d'être plongé dans un conte de fées, dans l'une de ces histoires de cruche toujours pleine de lait ou de sac éternellement rempli de nourriture.
"Dehors , la lumiére bleuissait. Les arbres et les maisons voisines émergeaient doucement, comme si elles sortaient de l'eau. Ma joie était si intense que je sentais ma poitrine prête à éclater. Il me fallut plusieurs jours pour finir la biographie. Je lisais surtout dans la cuisine et grandit en moi le désir de devenir écrivain. J'avais écrit des nouvelles à l'êcole et je me disais à présent que ce serait merveilleux d'écrire pour de bon, d'être connu et de voyager sans être obligé de devenir médecin ou ingénieur......"
«Je pris le chemin du retour, tête baissée, en longeant le trottoir. J’étais agacé. Birju avait réussi à entrer à la Bronx High School of Science et voilà que maintenant il allait être hospitalisé. J’étais certain que ma mère aurait pitié de lui et lui ferait un cadeau. Je me demandai s’il était mort. Ça, c’était excitant. S’il mourait, je deviendrais fils unique. Le soleil était accablant. Vu que Birju entrait à l’hôpital, je me dis qu’il était sans doute de mon devoir de pleurer.»
Après les informations du soir, Asha voulait toujours que je lui raconte des histoires. Comme je n'avais plus d'aveux à faire, je commençai à lui parler de mon passé. Je lui expliquai comment, lorsque le roi de la région de Beri était mort, tous les hommes et les garçons avaient dû se faire raser la tête. Je lui racontai l'histoire du jeune étudiant qui vivait à l'autre bout de la ruelle où nous habitions Radha et moi, quand nous étions jeunes mariés, et qui était possédé par un fantôme allemand. Anita restait avec nous dans la pièce et écoutait. La plupart du temps, elle paraissait s'ennuyer, et je me demandais si elle écoutait parce que ça l'intéressait ou si c'était uniquement par ne pas me laisser seul avec Asha.
A mesure que j'avançais dans ma lecture, j'étais de plus en plus heureux. Une vie où l'on voyageait, où l'on faisait ce qu'on voulait, c'était, me semble-t-il, un peu comme être riche.
Au milieu de cette cuisine, je compris soudain que nous ne rentrerions jamais en Inde, que nous resterions sans doute toujours en Amérique. Cette idée me troubla. Je me rendis compte qu'un jour, je serais différent de ce que j'étais actuellement. Je me sentis très seul.
A ce moment je sus que j'avais un problème