[Mots d'auteurs] "De la nécessité d'écrire", Ali Becheur :
-Tunis Blues
-Le Paradis des femmes
-Chems Palace
-Les lendemains d'hier
Un grand merci à Lucie Eple pour cette interview !
#interview #auteur #littérature
Depuis des siècles, tu sais, nous nous ingénions à dresser une muraille d'interdits entre les sexes, alors l'amour s'est fait acrobate.
Le premier baiser contient tous les autres, c'est une graine, où elle germe, où elle meurt.
Le désespoir est la face cachée du désir.
L'oubli est la tristesse de la mémoire, son renoncement. Les lieux, eux, ne perdent rien de leur ancrage. [..]
Les lieux que l'on a habités nous habitent.
J'avais oublié la chair amoureuse, sa houle et ses remous, cette alchimie de l'incandescence, cette ébullition du sang, cette combustion de la peau et le suintement tiède des humeurs. Tout cela, je l'avais oublié : le travail opiniâtre du désir au fond des viscères, le halètement du souffle, ce tropique de canicule et de moiteur. Et d'un coup la tempête m'emportait.
Je peux te poser une question... un peu personnelle ? Je réponds que seules les réponses le sont, pas les questions.
Pour nous protéger de la vie, de ses appétits et de ses faims, de ses envolées et de ses bassesses. Pour nous protéger de nous-mêmes. Pourquoi ? Parce que la peur nous enchaîne, pieds et poings liés. Peur de nos corps, de nos désirs que, surtout, nous ne voulons pas connaître. Peur de nos sexes, des passions qui pourraient nous emporter au fil de leur courant, nous rouler dans leurs remous. Peur de notre liberté. Peur de l’appel de cet espace trop vaste pour nous, trop démesuré, sans bornes et sans repères, où il faudra s’inventer.
Il y avait des jours d'incandescence. Le monde écrasé sous une lumière insoutenable. Le sirocco souffle du désert qui prend la mer à rebrousse-poil, sans une ride, exténuée, expire à la lisière du sable chauffé à blanc, l'haleine suspendue, on oscille dans la vibration immobile de l'air.
Instruit désormais que le plaisir est affaire d’archéologue, le voilà parti à la recherche de trésors enfouis, errant à travers un continent de monts et de merveilles, de découverte en découverte, émerveillé que nous la peau frémissante qu’il explore béent des abysses de l’être, où le désir, cette méduse, noue son écheveau de filaments brûlants, entrelaçant les pulsions, les manques et les rêves.
Ce corps qu’il explore, c’est l’oasis
Je me prenais pour qui de croire que ce que j'avais à dire n'avait pas déjà été dit , et mieux, infiniment.