Thierry Séchan, à propos de son dernier roman, "Une semaine dans la vie de Nicolas Savinski", aux éditions L'Archipel. En librairie le 10 septembre 2008.
Mort les enfants
Chiffon imbibé d'essence
Un enfant meurt en silence
Sur le trottoir de Bogota
On ne s'arrête pas
Déchiquetés aux champs de mines
Décimés aux premières lignes
Morts les enfants de la guerre
Pour les idées de leurs pères
Bal à l'ambassade
Quelques vieux malades
Imbéciles et grabataires
Se partagent l'univers
Morts les enfants de Bhopâl
D'industrie occidentale
Partis dans les eaux du Gange
Les avocats s'arrangent
Mort les enfants de la haine
Près de nous ou plus lointaine
Mort les enfants de la peur
Chevrotine dans le cœur
Bal à l'ambassade
Quelques vieux malades
Imbéciles et militaires
Se partagent l'univers
Morts les enfants du Sahel
On accuse le soleil
Morts les enfants de Seveso
Morts les arbres, les oiseaux
Morts les enfants de la route
Dernier week-end du mois d'août
Papa picolait sans doute
Deux ou trois verres, quelques gouttes
Bal à l'ambassade
Quelques vieux malades
Imbéciles et tortionnaires
Se partagent l'univers
Mort l'enfant qui vivait en moi
Qui voyait en ce monde-là
Un jardin, une rivière
Et des hommes plutôt frères
Le jardin est une jungle
Les hommes sont devenus dingues
La rivière charrie des larmes
Un jour l'enfant prend une arme
Balles sur l'ambassade
Attentat, grenade
Hécatombe au ministère
Sous les gravats, les grabataires
Renaud Sechan
Quand Renaud déprime, il me fait peur. Nous avons habité 6 ans ensemble. J'étais sa nounou, son infirmière et son garde du corps".
"Les chanteurs, dès qu'ils la bouclent, on les oublie. L'oreille est un conduit, rien n'y séjourne." Ainsi parlait San Antonio. Hélas, notre bon commissaire nous parlait d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... En ce temps-là, en effet, les chanteurs chantaient, puis ils la bouclaient. (...) Aujourd'hui, quand les chanteurs ne chantent pas, ils causent. Pire, ils pérorent, ils sermonnent, nouveaux Bossuet nous disant ce qu'il faut penser des choses dont ils ne savent rien...
Boucan d'enfer
On r'connaît le bonheur, paraît-il
Au bruit qu'il fait quand il s'en va
C'était pas l'dernier des imbéciles
C'lui qu'à dit ça.
- l'essentiel à nous apprendre
C'est l'amour des livres qui fait
Qu'tu peux voyager d'ta chambre
Autour de l'humanité
C'est l'amour de ton prochain,
Même si c'est un beau salaud,
La haine ça n'apporte rien,
Pis elle viendra bien assez tôt.
Si on nous apprend pas ça
Alors je dis : "Halte à tout ! "
Explique moi, Papa,
C'est quand qu'on va où ? -
Extrait de " C'est quand qu'on va où ? "
Mon paradis perdu c'est mon enfance
Qui était douce comme le miel quelquefois
Auprès de mes frères et mes soeurs quand, en silence
Nous écoutions les belles histoires de mon gentil papa.
Ah !...m'asseoir sur un banc
Cinq minutes avec toi
Regarder le soleil
Qui s' en va
Te parler du bon temps
Qui est mort et je m'en fous
Te dire que les méchans
C'est pas nous.
Extrait de Mistral Gagnant
Éloge de la tristesse
Elle est gentille, cette fille qui dort à côté de moi. Elle est toute nue et je
contemple sa jeune beauté. Je crois qu'elle s'appelle Hélène et qu'elle a
vingt ans. Elle me tient compagnie. Je ne lui fais aucun mal. Demain matin, je lui donnerai cent francs afin qu'elle puisse prendre un taxi pour rentrer chez elle. Les gens tristes sont comme ça.
Ils sont bien plus vivants, dans ma mémoire au moins
Que la majorité de mes contemporains
Si demain la Faucheuse vient me prendre la main
Pourvu qu'elle me conduise au bistrot des copains.
Mon paradis perdu c'est mon enfance,
A jamais envolée, si loin déjà
La mélancolie s'acharne, quelle souffrance
J'ai eu dix ans, je n'les ai plus, et je n'en reviens pas.