Michel Raymond

Nous allons mettre ensemble toutes les grandes chèvres grises et toutes les petites chèvres bleues, et les laisser se reproduire. Nous devrions obtenir des chèvres plus ou moins grandes, et de couleur plus ou moins bleue. Il faudra alors sélectionner les chèvres bleues les plus grandes, et les grandes chèvres les plus bleues, et faire ce tri à chaque génération pendant cinq ans.

La médecine évolutionniste, aussi appelée médecine darwinienne, est un domaine récent intégrant les principes de la théorie de l’évolution à la recherche médicale, pour mieux comprendre les relations entre humains et maladies.
Si Darwin pressentait déjà au XIXe siècle que ses travaux pouvaient influencer la pratique de la médecine, ce n’est qu’à la fin des années 1990 que cette discipline voit le jour, sous la plume des biologistes américains, Randolph Nesse et George Williams. Elle est aujourd’hui de plus en plus étudiée et intégrée au cursus classique de médecine.

Chez l’homme, une sélection a également eu lieu concernant la consommation du lait. Un mammifère adulte, en effet, est normalement intolérant au lait, car l’enzyme qui permet de digérer le lactose cesse d’être fabriquée lors du sevrage du jeune. Or il suffit d’un léger changement génétique pour que disparaisse ladite intolérance, et que l’enzyme en question soit produite toute la vie durant : cette mutation est sans grand avantage, car elle force à fabriquer une enzyme sans fonction utile. Cependant, s’il est disponible, le lait peut représenter une ressource alimentaire précieuse, dont seuls profitent ceux qui possèdent ladite mutation, et qui sont ainsi capables de survivre à une période de famine, comme celles, fort nombreuses, que le monde a connues par le passé. D’autre part, plus on dispose de lait, plus il est avantageux de pouvoir en profiter. Un va-et-vient s’opère ainsi entre sélection pour la production de lait chez la vache, pratique culturelle de la gestion ou conduite du troupeau, et sélection pour la tolérance au lactose chez l’homme. Le processus, engagé il y a 5 000 ans en Europe, a certainement opéré graduellement : plus la tolérance au lactose était répandue, plus on sollicitait et sélectionnait les vaches laitières pour la reproduction. La production moyenne de lait par vache augmenta, au fil des générations, par sélection naturelle, ainsi que le nombre d’adultes buveurs de lait dans les populations humaines.

La couleur de la phalène du bouleau est un exemple de traits évoluant par sélection naturelle. On pourrait citer des milliers de cas similaires. Le principe d’évolution des espèces n’est plus un paradoxe.

Pourquoi les plantes peuvent être des médicaments
(...) Les plantes regorgent de molécules chimiques dont le rôle essentiel est d’arrêter ou de punir l’herbivore trop gourmand, en agissant sur une ou plusieurs fonctions importantes de l’animal. Ces défenses chimiques sont caractéristiques des plantes , celles-ci n’ayant pas la possibilité de fuir un prédateur. Ainsi, suivant le groupe de plantes considéré, on trouve des défenses chimiques très différentes. Par exemple, la strychnine (contenue dans la noix du vomiquier) agit sur le système nerveux central , de même que la cocaïne (de la feuille de coca), la caféine (de la graine de café), la nicotine (de la feuille de tabac) (...) la digitaline (de la digitale) accélère ou ralentit le rythme cardiaque suivant la dose (...) les amandes des noyaux de l’abricotier ou du cerisier produisent un poison violent, le cyanure ; les phytœstrogènes (du trèfle, soja, etc.) interfèrent avec le système hormonal...(...) En choisissant la plante adéquate, il suffit d’en consommer une dose suffisante pour nuire au parasite (...) Prenez quelques grammes d’écorce de l’arbre Kina-Kina (qui contient un précurseur de la quinine), et l’agent de la malaria qui vous causait de fortes fièvres sera rapidement tué.

Si rien n’est fait, on peut prévoir que les « surcharges pondérales » et l’obésité deviendront rapidement un état « normal », avec comme conséquence, par exemple, une évolution des préférences esthétiques corporelles... et, toutes choses étant égales par ailleurs, une diminution de l’espérance de vie.