Ken Wilber Stops His Brain Waves
Si la prémonition est bien réelle et possible, tous les événements sont déjà déterminés de manière absolue, à jamais. Il n'y a donc pas de libre arbitre, il n'y a même pas de principe d'incertitude de Heisenberg. L'univers est, de tout temps et à tous les niveaux, une machine absolument déterministe. Je n'y crois pas.
L'EPT ("l'erreur pré/trans") énonce simplement ceci : dans toute séquence développementale reconnue, dans laquelle le développement passe d'un état pré-x à un état x, à un état post-x, les états "pré" et les états "trans" du fait qu'ils sont tous deux des états "non-x", ont tendance à être confondus et assimilés. Les états pré-rationnels et les états post-rationnels sont tous les deux non-rationnels, les états préconventionnels et postconventionnels sont tous les deux non-conventionnels, les états pré-personnels et post-personnels sont tous les deux "non-personnels", et ainsi de suite.
Ce que je veux dire est simple. En proposant des preuves exclusivement rationnelles de l'Absolu — des preuves qui peuvent aussi bien être défendues qu'attaquées — on se place dans une position lamentable, car lorsque ces preuves minables s'effondrent, c'est un dieu minable qui s'effondre avec elles. De telles erreurs catégorielles retardent en vérité la prise de conscience du fait qu'il existe une preuve instrumentale de l'existence de Dieu; mais l'instrument est la contemplation, non la raison, et la preuve est directe. Ces discussions rationnelles sont très utiles si elles complètent la gnose; elles sont source de graves erreurs si elles remplacent la gnose.
Il en va de même du temps. L'Absolu peut être présent dans son intégralité en chaque point du temps à condition expresse qu'Il soit intemporel. (...)
Au vu de tout ce qui précède, il n'est pas difficile de comprendre que toutes les traditions métaphysiques aient proclamé universellement que l'Absolu est littéralement inaccessible. S'il était possible à une personne d'atteindre l'Absolu, cela signifierait qu'il y a eu déplacement d'un endroit où l'Absolu n'est pas jusqu’à un endroit ou Il est - or il n'est aucun point où Il n'est pas.
Essayez de vous ressentir vous-même maintenant – ayez vraiment l'impression d'être vous-même – et remarquez, ce moi est juste un autre objet dans la conscience. Ce n'est même pas un véritable sujet, même pas un véritable soi, ce n'est qu'un autre objet dans la conscience. Ce petit moi et ses pensées défilent devant vous exactement comme des nuages flottent et traversent le ciel. Et quel est le véritable vous qui est témoin de tout cela ? Qui observe votre petit moi objectif ? Qui est ou quel est cela ?
À mesure que vous remontez dans cette pure Subjectivité, ce pur Regard, vous ne le verrez plus comme un objet – vous ne pouvez pas le voir en tant qu'objet, parce que ce n'est pas un objet ! Ce n'est rien que vous puissiez voir. À la place, tandis que vous reposez calmement dans cette conscience qui observe – regardant le mental, le corps et la nature flotter devant vous –, vous pourriez commencer à remarquer que ce que vous ressentez en réalité est simplement une impression de liberté, une impression de libération, une impression de n'être liée à aucun des objets dont vous êtes le calme témoin. Vous ne voyez rien, vous reposez simplement dans cette vaste liberté.
Ce Soi profondément intérieur est témoin du monde extérieur, et il est également témoin de toutes vos pensées intérieures. Ce Regard est témoin de l'ego, est témoin du corps et est témoin du monde naturel. Tout cela défile « devant » ce Regard. Mais ce Regard ne peut pas lui-même être vu. Si vous voyez quelque chose, c'est seulement encore davantage d'objets. Ces objets sont précisément ce que n'est pas ce Regard, ce que n'est pas le Témoin.
Alors vous poursuivez votre examen : « Qui suis-je ? » « Qui est ou quel est ce Regard qui voit et qui ne peut pas lui-même être vu ? » Vous « reculez » simplement plus loin dans votre conscience et vous vous dés-identifiez de tous et chacun des objets que vous voyez ou pouvez voir.
L'affirmation selon laquelle tout le monde est en réalité Brahman amène bien souvent les êtres trop imaginatifs à concevoir des fantaisies telles qu'une présence uniforme,omniprésente, terne mais divine, l'évaporation instantanée et totale de toute diversité et multiplicité, laissant derrière elle une vacuité céleste omnisciente, miséricordieuse immaculée mais amorphe. Nous ne concevons de telles sottises que parce que nous supposons que la déclaration : "Tout est Brahman" est une proposition logique, contenant une certaine information mentale relative à l'univers, et ce faisant sa signification ne peut que nous apparaître comme la réduction de toute multiplicité à un magma uniforme, homogène et immuable.
[Selon Hugh de Saint Victor]
La cogitatio, ou simple connaissance empirique, est une recherche des faits relatifs au monde matériel au moyen du seul œil de chair. La meditatio est une recherche des vérités au sein de la psyché elle-même (l'imago de Dieu) à l'aide de l'œil du mental. La contemplatio est la connaissance par laquelle la psyché ou âme est unie de façon instantanée à la Divinité en une intuition transcendante (révélée par l'œil de contemplation).
La participation mystique a bien entendu des aspects transcendants, holistiques, holographiques, ou que sais-je d'autre, mais ceux-ci s'estompent dès qu'on leur prête un peu plus d'attention. Il devient bientôt évident que de tels primitifs n'ont pas transcendé le sujet et l'objet, pour la simple raison qu'il leur était impossible d'établir de distinction entre les deux. La participation mystique n'est pas une capacité, c'est une incapacité. Dire que ces primitifs transcendaient véritablement le sujet et l'objet reviendrait à dire qu'un singe transcende le langage. La participation mystique est en réalité un parallèle phylogénique presque exact de la matrice primaire ontogénique — c'est un état de fusion prépersonnel et prérationnel, duquel finissent par émerger les hommes et les femmes, en tant que moi mentaux.
Encore une chose : Treya était incroyablement belle, et pourtant (comme vous le constaterez dans les pages qui suivent), elle n’avait quasiment aucune vanité, ce qui m’a toujours stupéfait. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un capable d’être soi avec plus d’aise, et moins de prétention, pas même parmi les maîtres hautement réalisés que j’ai eu l’occasion de croiser. Elle était simplement, et directement, là, toute entière. Le fait même qu’elle eut si peu de conscience de soi la rendait encore plus présente. En présence de Treya, le monde devenait immédiat et concentré, clair et accueillant, brillant et honnête, ouvert et vivant.