AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Editions Nova [corriger]


Livres populaires voir plus


Dernières critiques
Ultime : Alain Bashung

Alain Bashung, enfant de nulle part, sans véritable talent, - comme quoi qu'est-ce ça peut vouloir dire quand on est jeune ? - avec des airs qui lui trottent dans la tête, un peu country, un peu philharmoniques , comme de vraies obsessions mais qu'il n'arrive pas de sa francité trop endogène, à traduire ou à convertir en art. Alors quand ça ne veut pas venir mais qu'on en a envie, on rase les murs sans trop de boussole, on s'oublie dans un tas de machins hallucinogènes.



À trente ans, il se cherche encore, et c'est pour moi là qu'est l'espoir pour les gros bataillons d'artistes en herbe qui croient qu'à un âge puisque rien ne sourit il faille aller voir ailleurs (*) et à se soumettre peut-être à une vie ordinaire plus sécure. Mais Alain ce n'est pas ça qu'il veut, il s'entête comme un enragé. Et tous les trésors enfouis à l'intérieur de soi comme des sacs humides et confus vont enfin se révéler et toucher un public enfin considérable. Il va réussir la passe de ceux qui n'ont jamais réussi à accorder des rythmes venus d'ailleurs sur des textes venus d'ci. C'est un peu du Christophe qu'il remerciera bien de « ses mots bleus » tout aussi touchants que l'original. La chanson insipide, à contre-emploi, nanar de chez nanar, c'est derrière, n'en parlons plus de ces zéros au compteur ! Après tout le métier d'artiste, même quand on fait parler de soi, ce n'est pas encore ça, il faut bien souvent attendre longtemps pour que vienne le répertoire profond, la vraie veine et la maturité absolue. Quand on regarde de plus près l'oeuvre de l'artiste en général, sans évacuer l'idée que le prodige existe, il arrive que l'oeuvre de jeunesse rayonne en premier éclairée par une maturité plus profonde qui est souvent plus tardive qu'on ne le pense. Je pense à Monet, par exemple, dont le talent n'est pas dans ses premiers pas de l'impressionnisme, même s'il fait illusion, mais 20 ans, 30 ans après, et combien d'autres comme cela !



Le tragique de la fin de Bashung ne fut pas tant qu'il était malade, mais qu'il fut à son meilleur avec : «  La nuit je mens ». On se prend à penser ce qu'il nous aurait encore donné comme talent si la mort ne l'avait pas « accaparé ». Lui qui voulait tant revoir son fils Arthur qui l'aura vu sur les derniers jours, mais.. C'est le désarroi de l'artiste qui aurait bien aimé montrer à son fils l'aspect virtuose qui était en lui, mais le partager avec lui. Mais pourquoi ne lui a-t-on pas donné un peu de répit pour qu'ils en profitent tous deux, autrement que par ces pas glacials dans l'église pour Arthur qui résonnaient comme ceux d'un étranger devant l'assistance. Quand son père était mort…



(*) Ça me fait penser au peintre affichiste tchèque Mucha à qui les Beaux-Arts de Prague lui ont dit un jour de devoir songer à faire autre chose, ce n'est pas pour lui.
Commenter  J’apprécie          1610

{* *}