Les Éditions Philippe Picquier sont une maison d`édition créée en 1986 et spécialisée dans la publication des livres venant d`Extrême-Orient, c`est-à-dire des livres traduits venant de la Chine, la Corée, le Japon, le Vietnam, l`Inde et le Pakistan.

Ces mémoires sont celles de Kinu Yamaguchi, née en 1892, vendue comme apprentie geisha à 8 ans. L’autrice a recueilli son histoire à la fin des années soixante-dix. Elle nous partage ici la réalité du métier au début du siècle dernier. Dix longues années de formation aux « arts du divertissement », l’initiation sexuelle mais aussi les privations, la soumission aux ordres de la Mère… Une dure vie.
Voilà un récit dense, érudit parfois, fourmillant de détails sur le métier des geishas, de leur vie quotidienne aux arts qu’elles pratiquent, au sexe. Une lecture qui demande de s’investir car beaucoup de mots en japonais jalonnent la découverte de leur monde, décrivent les coutumes, les règles de leur activité. C’est tellement riche que je me suis parfois sentie perdue au sein de tous ces détails, cette surenchère explicative. Une lecture très instructive donc, au rythme plutôt lent. Le ton reste assez froid, il s’agit plus d’une description très documentée que d’un récit romancé. Bref nous sommes bien loin du roman « Geisha » d’Arthur Golden.
Les propos de Kinu sont crus lorsqu’elle décrit ce qu’elle vit et assez pudiques quant à ses sentiments. Pourtant elle aima et se sauva même avec son amoureux ! Deux ans hors du quartier réservé. Mais point d’envolée lyrique ici, juste une parenthèse de vie qui se referma vite puisqu’elle finira sa vie comme patronne d’une okiya dans ce même quartier.
C’est un très beau récit même s’il manque un peu de passion, il est à l’image de Kinu en fait. Les sentiments ne sont pas permis à une geisha. Je me demande d’ailleurs si cette pudeur ne rend pas le récit encore plus bouleversant. Une lecture que je recommande, parce que très touchante, mais aussi pour sortir de la vision édulcorée et hollywoodienne de leur métier.
À noter : dans les années cinquante, le système de vente-formation des apprenties geishas fut interdit au Japon. En effet, soyons honnêtes, ces gamines étaient des esclaves enfermées dans un quartier, des mineures prostituées. Ni plus ni moins.
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Cette lecture m'est arrivée par hasard pendant le mois des fiertés, et c'est une jolie coïncidence !
L'arc-en-ciel est d'abord celui du drapeau qui flotte au-dessus de la maison d'Izumi et Chiyoko, qui sont tombées amoureuses et ont fugué de Tokyo avec Sôsuke, le jeune garçon d'Izumi. Mais c'est aussi ce lien coloré dans le ciel qui indique un trésor et appelle les voeux des hommes et des femmes, et pourquoi pas, celui aussi que l'on peut faire pousser soi-même avec quelques gouttes d'eau.
Retirées dans leur bout du monde, à l'écart d'un petit village au milieu des rizières, Izumi et Chiyoko vivent heureuses comme dans un conte de fées. Quand Chiyoko donne naissance à Takara et c'est la vie banale d'une famille aimante et soudée que nous voyons se dérouler, avec les particularités de chacun de ses membres ; l'arc-en-ciel, réel ou rêvé, formant aussi un lien entre eux, aussi bien qu'une arche qui les relie au monde.
C'est le deuxième roman de cette autrice que je lis et comme dans le précédent, on y retrouve à la fois la simplicité et la sérénité qui émane de ses personnages, le goût aussi pour la nourriture japonaise et la préparation des repas, et l'amour des autres comme socle de toute humanité. Certains passages sont bouleversants de tendresse et de simplicité, une belle vision à mes yeux de la littérature japonaise contemporaine.
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