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Penguin [corriger]

Penguin Books est une maison d`édition fondée en Grande Bretagne en 1935 par Allen Lane. Elle publie à ses débuts les oeuvres de Forster, Faulkner et Stella Gibbons. La maison publie essentiellement des oeuvres de fiction, littérature, des biographies, et des livres historiques. Elle connaît une réputation de qualité dans les années 1950, avant d`être rachetée en 1969 par le groupe Pearson Longmann.

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Ivanhoé

Voici un roman que j'ai eu plaisir à découvrir. Ecrit par Walter Scott que je ne connais guère pour ne pas dire, pas. De ce que j'ai lu ici et là, Walter Scott a commencé par écrire des romans régionalistes écossais, son pays natal, avant de se lancer vers 1819 dans un roman qui se passe au Moyen Age et en Angleterre, qui lui assura un durable succès.



Moi qui connais très bien les films d'aventures de cette période historique (Thorpe, …) à travers "Ivanhoé" ou "Robin des Bois", j'ai été surpris par l'ampleur de ce roman – épais de 850 pages en Folio avec les annexes et les notes - que je qualifierais bien "à tiroirs". En effet, on peut le lire à plusieurs niveaux.



Le premier niveau, le plus simple consiste à lire les aventures mouvementées des différents héros, le chevalier noir, le chevalier déshérité, Cédric le Saxon, Locksley, la belle Rowenna et la merveilleuse Rebecca pour ne citer que les "bons" personnages avec leurs surnoms initiaux pour garder un peu de mystère et réduire les risques de spoilage (ou "divulgation intempestive" ???) … Et déjà on se fait bien plaisir car les personnages prennent un peu plus d'ampleur que dans les films.



Le deuxième niveau permet de pénétrer cette histoire de l'Angleterre saxonne et normande suite à la conquête de Guillaume (le Normand) en en donnant de nombreuses clés. Notamment, l'opinion très intéressante longuement développée par Walter Scott sur les templiers qui revenus des croisades avaient tenté d'imposer sinon un pouvoir politique, au moins un esprit à la société d'alors. Pour continuer sur ce "segment", Walter Scott déplore l'hypocrisie de ces chevaliers dont les mœurs réelles n'étaient pas forcément ceux qu'ils laissaient paraître de rigueur et d'abstinence. En particulier, leur "foi" cachait une intolérance radicale et haineuse face aux juifs dont c'est un important sujet dans le livre (nettement adoucie dans les films…). Honnêtement, d'ailleurs, pour ce qui me concerne, c'est un discours assez nouveau car en France je gardais plutôt l'impression de templiers auréolés à la fois de gloire, de mystère et de respect. J'en veux pour preuve que les nombreuses "maisons des templiers" qu'on trouvent en France sont plutôt bien considérées comme source d'intérêt historique. Bien sûr, il y a les nombreuses histoires qui tiennent du fantasme concernant le fameux trésor des templiers…



En guise de troisième niveau de lecture, le roman permet aussi d'accéder (dans sa version "folio") à une grande quantité de détails, précisions, discussions historiques fort intéressantes, développement de notions héraldiques, etc. etc.



Bref, la lecture du roman est une aventure en soi …



Le style est agréable et, Walter Scott, n'hésite pas à faire des retours pour compléter certains personnages ou certaines actions. Je citerais en particulier l'histoire du "chevalier déshérité" qui est blessé lors d'un tournoi et dont je ne parvenais pas à savoir ce qu'il était devenu. J'avais beau relire, revenir en arrière, impossible de savoir. Quelle énigme dont je pensais bien pourtant qu'elle avait son importance ! Evidemment le rusé Walter Scott avait omis d'en parler pour mieux justifier un chapitre en aval où toutes les explications étaient enfin données. Et mon Walter Scott de commencer son chapitre XVI par "Le lecteur peut avoir oublié tout ce que l'issue du tournoi devaient aux prouesses d'un chevalier inconnu etc…" !



Au final, roman très intéressant qui donne un éclairage "façon XIXème" à cette partie de l'Histoire de l'Angleterre.



Nul doute que je vais essayer autre chose de Walter Scott et en particulier ces romans régionalistes écossais. Peut-être Rob Roy …
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Anna Karénine

La recherche du bonheur

Influencé par les adaptations au cinéma, j'ai très longtemps dédaigné le roman "Anna Karenine" de Tolstoï alors que j'aimais bien "Guerre et Paix" que j'avais lu dès l'adolescence.





C'est principalement dû au fait que le cinéma faisait toujours la part belle au personnage un peu sulfureux, très romanesque d'Anna Karenine, auquel je n'adhérais pas plus que ça. Evidemment, pour rentrer dans des longueurs raisonnables de film, le reste du roman était au mieux résumé, au pire ignoré.





Puis, il y a deux ou trois ans, pas plus, on m'a offert le roman. Pour conclure cette longue introduction, je dois avouer que je n'ai pas aimé le roman. Non, je l'ai simplement adoré.

J'en suis à ma deuxième relecture complète sans compter quelques relectures partielles (pour le plaisir).





D'abord, pour en rester à des généralités, Tolstoï a bien plus équilibré le poids du personnage d'Anna Karenine en lui opposant d'autres personnages très différents.



Un point important, et qui me semble être une clé de ce roman, c'est que Tolstoï parle d'un milieu qu'il connait parfaitement parce que c'est le sien : il est russe, il est un aristocrate, il est un gros propriétaire terrien et l'agriculture est une de ses passions. Il exècre les milieux citadins de Saint-Pétersbourg qu'il considère comme artificiels et se complait dans ses terres, en famille, dans une vie calme. J'ai lu que le personnage de Kitty était un mélange de sa femme Sonia et de sa belle-sœur.

Le héros principal du roman a pour nom Levine qui est un dérivé de son propre prénom Léon ou Lev.

La construction du roman interpelle quant à l'importance relative des couples "Kitty/Levine et Anna/VronskI dans l'esprit de Tolstoï

Le roman commence et finit par évoquer Levine et Kitty.

Dans la première moitié, ils sont des entités qui sont "indépendantes", dans la deuxième moitié, ils sont mariés.

A l'exacte moitié du livre, il y a la grande scène que j'appelle la "réconciliation de Kitty et de Levine". C'est le point d'orgue du roman, le sommet. C'est un passage que je lis lentement tellement il me comble.

Anna Karenine n'apparait qu'au bout d'une petite centaine de pages et disparait une petite centaine de pages avant la fin.





Encore une généralité, on retrouve les caractères des plus beaux héros de "Guerre et Paix", le prince André et le comte Pierre Bezoukhov dans le personnage de Levine. De même, on retrouve avec un immense plaisir Natacha Rostov en Kitty. On peut aussi dire que Hélène Bezoukhov (la première femme de Pierre) porte les prémices d'Anna Karenine, ce qui n'est pas vraiment flatteur pour cette dernière.

C'est dire à quel point les cinéastes, en faisant la part belle à Anna Karenine, ont faussé l'idée de base de Tolstoï. J'ai lu dans la préface du roman écrite par André Maurois, qu'on avait reproché à Tolstoï la place plus importante laissée au couple Kitty/Levine alors qu'on considérait que le sujet central était le drame d'Anna. En fait, pour Tolstoï, le sujet central est le contraste entre le "bonheur familial" et les "entrainements de la passion".





Mais revenons au personnage d'Anna Karenine. On pourrait en parler des heures de cette femme belle et brillante, épouse d'un haut fonctionnaire, mère d'un fils qui va être séduite par un officier russe beau, riche, ayant beaucoup d'entregent mais frivole, arrogant, joueur, immature. Au départ c'est un jeu, à la fin, un drame. Compte tenu de l'époque très corsetée de la société russe, elle est tombée dans un piège infernal où sa fierté (slave) lui empêche le retour en arrière qui, pourtant, est toujours resté possible. C'est en quelque sorte, une âme slave qui va vivre sa passion jusqu'au bout. Mais au bout de quoi ? A la fin, elle ne sait même plus si Vronski l'aime encore et se heurte aux regrets de ce dernier d'avoir laissé sa carrière militaire.





Le mari, Alexis Karenine, est un des beaux personnages du roman. On comprend qu'il est beaucoup plus âgé qu'Anna. Il est pétri de respectabilité mais il est touchant dans sa souffrance. C'est un homme cher à Tolstoï dans la mesure où c'est un homme d'action et de décision dans sa vie professionnelle et capable de pardon dans sa vie privée. C'est quelqu'un de profondément sincère.

On a déjà parlé de Levine qui est une copie conforme de Tolstoï. Comme Alexis Karenine, c'est un homme d'action, impliqué dans la vie avec ses paysans, capable de mettre la main à la patte et avec un objectif d'amélioration de la condition ouvrière. Il est en prise avec l'actualité et il est réjouissant de lire ses émois et débats sur les moyens de sortir de la féodalité. Mais c'est un grand timide et un grand tourmenté qui doute de lui-même et qui prend en pleine face un échec amoureux. C'est l'âme slave par excellence. Il est, lui aussi, fondamentalement sincère.





Finissons par Kitty, la citadine, jeune écervelée qui va regretter une décision qu'elle prend sans en mesurer l'enjeu. C'est une femme simple et douce qui brûle ses ailes par naïveté. Elle suivra un chemin initiatique lors de son séjour dans une station thermale et découvrira l'abnégation et la bonté. La conjonction des astres Kitty et Levine finira par avoir lieu apportant la construction d'un bonheur finalement pas très compliqué à trouver dans une vie de famille à la campagne. Kitty est aussi une personne d'une grande sincérité.





Bien d'autres personnages apportent leur pierre à l'avancement du roman et font l'objet de scènes d'émotion pure comme, par exemple, l'agonie du frère de Levine.





Pour conclure, Anna Karenine est un très grand et très puissant roman où les inoubliables personnages sont tous passionnants à suivre avec des moments extrêmement forts.

Le roman est une quête du bonheur. En juxtaposant différentes situations susceptibles d'y mener, Tolstoï nous propose une réponse possible sur les moyens d'y accéder.
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Crime et Châtiment

Il y a dans l'univers littéraire que je me suis construit pendant des décennies, des écrivains, essentiellement des romanciers avec qui j'ai entretenu des relations (virtuelles) particulières. En général, c'est dû à un roman qui m'a particulièrement accroché parce que l'alchimie (ou l'équation) "histoire"+ "style "+"beauté d'un ou plusieurs personnages" + "idées socio-politiques" + "gestion de l'action" + "durabilité de mon opinion" est à son maximum.

Je suis entré chez Dostoïevski par le roman "Crime et Châtiment" alors que j'étais adolescent et pleins de questions. Et ce roman, ses personnages, ne m'ont jamais plus quitté. J'ai lu la plupart des autres romans de cet auteur mais, bien qu'ils soient passionnants à bien des égards, aucun n'a atteint la plénitude de ce que m'a apporté et m'apporte encore "Crime et Châtiment".

Par ailleurs, c'est aussi le roman dont la lecture est la plus accessible et la plus aisée.





Le personnage de Raskolnikov, central dans le roman puisqu'on suit son itinéraire, est au départ un étudiant désargenté obligé d'abandonner ses études et de mettre en gage des objets personnels pour s'assurer le minimum vital. Il passe son temps à réfléchir sur le sens de la vie, sur l'injustice de la société et se révolte contre des situations humiliantes. Il en vient même à élaborer une théorie où l'humanité se divise en hommes qui ont plus le droit de vivre que d'autres dans un objectif de bien-être social. De là à justifier des actes comme l'assassinat contre les personnes nuisibles, il n'y a plus qu'un pas.

Acte qu'il va commettre sur la personne d'une vieille usurière (riche) avec comme victime collatérale, sa sœur malheureusement présente.

Cet acte provoque ou plutôt aggrave une espèce d'angoisse maladive où le personnage de Roskolnikov (son âme ?) doit gérer le fait d'avoir commis une action ignoble dont la justification théorique s'efface peu à peu à cause de la victime collatérale innocente. Le roman va décrire le cheminement intellectuel de Raskolnikov du crime vers le châtiment qui n'est pas que la condamnation par la Justice des Hommes mais aussi et surtout le sentiment de culpabilité qui le ronge, lui montrant qu'il n'est pas le surhomme qu'il croyait être.





Rodion Raskolnikov est un personnage fondamentalement beau, malgré son crime odieux, car il possède un haut standard moral (par exemple, il n'accepte pas que sa sœur se sacrifie en se mariant à un riche moujik, ce qui pourtant lui redonnerait une aisance lui permettant, par exemple, de reprendre ses études ou de mettre à l'abri du besoin sa mère), il fait preuve d'une grande générosité (par exemple, il aide une famille dans une misère encore plus noire liée à l'alcool et à la prostitution) et ne déroge pas d'une grande honnêteté intellectuelle (par exemple, il n'admettra pas que quelqu'un soit condamné à sa place, justifiant ainsi son propre acte).

Autour de lui, gravitent plusieurs personnages. Certains sont méprisables et vils mettant ainsi en relief d'autres personnages qui sont "beaux".

En effet, les personnages de Svidrigaïlov et surtout de Loujine qui est fiancé à Dounia, la sœur de Raskolnikov sont des personnages peu recommandables qui profitent des bonnes occasions et notamment de la précarité de certains.

Face à eux, Razoumikhine , l'ami dévoué de Raskolnikov, prend la défense de Dounia en l'absence de Raskolnikov. Sa grande générosité développe une attitude rassurante, stable et positive. Il sera l'alternative moralement acceptable pour Dounia.





Les autres personnages importants du roman sont la famille Marmeladov où le père de famille, ancien fonctionnaire viré de son emploi et tombé dans l'alcoolisme entraîne inexorablement sa famille vers la misère la plus noire puisque la fille ainée Sonia en est réduite à se prostituer.

Justement, un moment essentiel du roman sera la rencontre de Raskolnikov avec cette famille pour apporter son soutien et surtout l'amour qu'il se découvre pour Sonia, ange de pureté, qui est certainement un des plus beaux personnages du roman.

Dostoïevsky, qui est croyant veut d'ailleurs transformer cet amour naissant entre Raskolnikov et Sonia en amour rédempteur. Mais d'abord, il faut passer par l'étape "châtiment" que ce soit à travers une peine infligée par la Justice ou que ce soit la conscience intime de sa culpabilité avant de pouvoir espérer purifier l'âme par l'amour rédempteur.





Ce sera dans l'épilogue, morceau d'une douce beauté et d'une infinie émotion, que Sonia pourra être l'artisan de la mise en place de cet amour.

Crime et Châtiment est un livre profondément optimiste et positif.
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