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La vie devant soi

1er roman découvert de Romain Gary et j’ai apprécié sa modernité et l’originalité du style de “La Vie devant soi” qui m’a surpris car il donne l’impression d’une œuvre rédigée au XXIe siècle. Son langage intemporel et ses thèmes toujours actuels font très contemporain. Ce roman, couronné du Prix Goncourt, est un incontournable pour son humanité et sa fraîcheur persistantes je regrette de ne pas l’avoir découvert plus tôt .
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John l'enfer

Quoi de mieux pour faire son petit effet que placer un Goncourt ? Le menton redressé pour me donner une contenance moins conne, pas gagné, j'ai hérité d'un lot merdique de ce côté-là, je vends ma salade dans des discours ronflants, je piapiate... Goncourt 1977... du sérieux... La grosse combine.



C'est tout dire que mon narcissisme est fragile, des chiures noires envahissent ma vue dès que je sors le nez d'un bouquin, alors quand il s'agit de quitter les marges désastreuses de mon existence, cette usine à gaz, j'essaie de m'appliquer comme Picsou qui lustre son sou fétiche.



Dans les allées des lauréats Goncourt, certaines lectures sont des promenades de santé, ça va tout seul, comme siffler une petite mousse un jour où ça caillasse. Pourtant, croyez-moi, j'ai vivement senti que ce John l'Enfer n'allait pas être de la rigolade, qu'il allait falloir se mettre sérieusement au travail, farfouiller dans mes neurones constipés. Car ce bouquin vous sourit sans se presser, pistonnant les bons boutons de votre cerveau. Le machin vous emboucane et j'avoue avoir plus d'une fois louché sur la tranche du livre pour voir si j'étais prête de conclure.



Où donc Decoin veut-il nous embarquer ? Ça sent le boucan, les rebondissements nous renardent, leurs substances huileuses pissent dans tous les sens, imprévisibles. Tel un plan drague louche, le livre vient gambiller sans façon sur mes séances de lecture en manœuvrant sa moelle, du jus de navet aphrodisiaque, droit dans mon clapoir.



Et je renifle ce John l'Enfer avec la solennité propre à l'exercice d'une lecture d'un Goncourt, 1977. Mes pinces s'affalent agréablement sur mon clic-clac pas huppé, je bouscule la trivialité de ma vie qui m'agace, pour aussitôt me laisser pénétrer par ce Goncourt, du sérieux, faut-il encore le préciser. Tel est le charme hypnotique calibré par ce John l'Enfer. Des cascades de caresses qui vous tripotent ça et là en se payant la peau de mes chiures noires.



En vérité, on se laisse conquérir par ce New-York démâté complet, se poivrotant dans une déliquescence de soulard, la langue épaisse, tel un roi cacochyme tirant son dernier coup. Car cet empire magnifique fascine, l'auteur nous faisande une ville au charme irrésistible qui se déhanche telle une péripatéticienne de fin de carrière, exquise dans son arrogance, chaloupant ses ruines dégommées dans une atmosphère de veille de catastrophe.



Ma tête s'est remplie de ces gratte-ciel, constellations scintillantes s'évadant vers le ciel, du glissement oblique des jets de lumière peinant à pommader le macadam. Car New-York est belle, pernicieusement enchanteresse, la trogne lavée par ses indiens, ces fantassins du danger prêts à caner pour que les nappes dorées des rayons poursuivent leurs glissades. Ces falaises démesurées palpitent en nous refourguant ce John l'Enfer, cet indien perché à la jonction d'un pays de colonisateurs, plus que jamais englué dans sa destinée de dépossédé.



Il faudra m'expliquer comment mais son air grave, frappé dans cette silhouette adroite comme un joueur de bonneteau, son intensité et la cérémonie qu'il place dans ses mouvements dignes d'un culturiste en goguette, ont crocheté mon cerveau, et pour tout à fait vider mon sac, j'ai lamentablement fétichisé cet autochtone bien monté. L'impassibilité mystifiante de ce gonze aux épaules larges et sa spiritualité des grandes plaines ont manié mon intérêt comme il faut.



La seule ombre au tableau et sur laquelle je ferai preuve de bonté car le bouquin ne date pas d'hier, est cette gêne que j'ai pu ressentir dans les liaisons entre les personnages. Ça cafouille, y'a pas photo, l'imaginaire est très masculin, il y a ce truc indéfinissable du "male gaze".



L'auteur flirte sur l'ambiguïté du consentement avec des scènes qui frôlent le viol. Les types sont tentés par le diable et s'ils ne passent pas à l'acte (quand ils y passent tout simplement), c'est qu'ils y réfléchissent à deux fois.



Pour sûr que le personnage de Dorothy Kayne n'est pas fait pour les chiens. Attachante poupée, cette petite chose joue de ses sérénades dans des attitudes d'adolescente puérile. Une fragilité faussement naïve qui, pour moi, fleure surtout bon le cul avec une évidente disponibilité sexuelle. Elle semble être un levier pour entretenir cette culture du rapport sexuel dans une résignation presque lascive. On baise pour se payer la tranquillité ou parce que, dans le fond, l'homme sait ce dont la femme a besoin. C'est dommage.

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Le testament français

Pour un petit garçon russe né en Sibérie orientale guère après la mort de Staline, avoir une grand-mère française qui lui a appris la France et le français à travers ses souvenirs corroborés par de vieilles photos et des coupures de journaux jaunies, lui avait ouvert une fenêtre vers un pays de rêve dont il connaissait les personnages éminents et les faits marquants du début du siècle. Pour lui c’était la France, la seule qu’il connaissait et qui lui semblait enviable.



Irréfragablement russe, né au plus profond de ce pays aux frontières fermées, ce façonnement involontaire à une double culture a fait de lui un bilingue à l’identité ambigüe, si bien que les divers groupes que le déroulement de sa vie l’a amené à fréquenter l’ont immanquablement appelé « le Français ». Il faisait peut-être involontairement un peu trop allusion à la France et à son histoire.



Andreï Makine raconte, comme un long conte russe mais dans un français à faire pâlir de honte nos étudiants actuels, le repliement progressif de celui qui est « différent », pas qu’il soit rejeté, mais dont les intérêts discordent.



Ce langage est une friandise dont on ne saurait se passer quand on y a goûté.

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