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Mère et fille

Richard rentre chez lui après avoir été radié de Cambridge, et autant dire que l’accueil qu’il reçoit n’est pas des plus chaleureux. Immédiatement, sa mère et sa sœur Euphémia veulent se débarrasser de lui et n’ont qu’une envie : qu’il reparte. Richard va pourtant rester, lui et ses secrets, sans savoir qu’il n’est pas le seul du village à cacher des trucs, loin de là.



L’ambiance du livre devient de plus en plus pesante au fur et à mesure des pages, glauques aussi. Le village et ses histoires, ses commères, les vexations stupides des gens, les petits groupes qui se forment plein de mesquineries. Richard va s’y perdre. Mais comme Richard n’est pas un personnage attachant, je me fichais qu’il soit bien ou mal vu. Ce jeune homme ne pense qu’à baiser, se disant amoureux d’une puis d’une autre, jouant avec les filles comme des objets, les croyant éprise de lui alors que non. Devenait méchant quand il se rendait compte que ce n’était pas le cas, comme si c’était elles qui l’avaient trompé. Il décrit dans son journal ses fantasmes et je m’en serais bien passé, vraiment.



Donc le personnage est insupportable et en plus assez stupide, il s’embourbe lui-même dans les histoires, et ne voit pas venir ce qui est en train de se passer. Moi je l’ai senti, quelque chose n’allait pas, que ce soit chez les villageois ou bien la famille de Richard. Il y avait des secrets, des trucs glauques, comme la mort mystérieuse du père de Richard. Le livre est assez sombre, il parle de sujet difficile, notamment le viol et l’inceste. Et c’est fait de façon abject car Richard (mais pas que lui) est un personnage abject. Et que l’histoire est racontée à une époque où l’on condamnait plus facilement les victimes que les coupables (même si je dois dire que cela arrive encore de nos jours malheureusement).



J’avoue avoir eu un petit coup de mou à un moment du livre, on voit bien que quelque chose ne tourne pas rond mais c’était fatigant de voir Richard faire n’importe quoi et « tomber amoureux » de toutes les femmes qui l’entourent. (Et avoir le culot de traiter de débauchée les femmes qui feraient pareil). La fin est bien, sombre comme le reste de l’histoire, et assez ironique.



En bref, c’était une bonne lecture si on aime les atmosphères glauque et noire. J’ai détesté les personnages, mais l’histoire m’a plu, et j’étais curieuse de voir comment tout allait se terminer.
Lien : https://jetulis.wordpress.co..
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Ada ou l'ardeur : Chronique familiale

Même si j’ai lu et beaucoup aimé Lolita, Ada ou l’ardeur me faisait peur. C’est vrai que ce roman est exigeant, d’abord par son nombre de pages (plus de 750), mais surtout par son style baroque, dense et foisonnant, qui intègre des références et des jeux langagiers quasiment dans toutes les phrases, comme autant d’énigmes à résoudre. Pour dire vrai, je n’ai pratiquement rien compris aux 50 premières pages et tout le long du bouquin j’avais conscience de passer à côté de beaucoup de choses.



En ce qui concerne les références, je recommande d’ailleurs l’écoute d’un épisode radiophonique de France Culture, Nuits magnétiques - Ada, le roman des manuscrits (1990). Avec quelques exemples qui ne sont que la pointe de l’iceberg, le présentateur montre bien le génie de Nabokov, la complexité de cette entreprise romanesque et le vertige qu’elle appelle. 



Malgré l’aspect labyrinthique et crypté de l’œuvre, la trame centrale reste assez facile à suivre (heureusement, vous me direz !). Il s’agit de l’histoire des amours interdites d’Ada et Van, du début de leur adolescence à leurs vieux jours, une histoire émaillée d’érotisme, de botanique et d’art, dans un contexte géographique et temporel fantasmagorique.



Bref, la lecture d’Ada ou l’ardeur est ardue (n’est pas Nabokov qui veut quand vient le temps de faire des jeux de mots), mais l’engagement en vaut vraiment la peine !
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Ada ou l'ardeur : Chronique familiale

Lecteur averti en vaut-il deux ? Car j’ai aimé plus qu’à mon tour cet incroyable pavé dépravé, bien qu’il soit déconseillé ou abandonné autour de moi. Ada ou l’Ardeur… ça, c’est un sacré morceau de littérature !



Il happe, il fascine. L’écriture foisonnante de Nabokov joue avec son innocent lecteur jusqu’au point final. Références, jeux de mots, inventions et anachronismes, malice en veux-tu en voilà, tenez-vous bien, car c’est la déroute totale. Il faut accepter de pleinement s’abandonner à l’auteur qui nous mène avec sa barque par le bout du nez (et je peux vous dire que la croisière s’amuse), comme s’abandonnent Ada et Van à leur amour interdit.



« Je n’ai pas dormi depuis deux nuits. J’ai passé la première à imaginer la seconde, et la seconde me réservait encore plus que je n’avais imaginé. »



Quelle puissance sensuelle ont leurs amours aussi incestueuses que flamboyantes ! Les passages érotiques entre nos deux amants sont juste sublimes. Même les mots sont charnels, ils se bousculent et se consument de désir. La pureté de leur passion, intacte malgré les ans et les vicissitudes, nous en fait oublier son caractère licencieux, voire subversif…



« Pour une dernière minute éternelle, ils demeurèrent enlacés dans l’allée muette, se délectant comme jamais encore de la petite formule « heureux pour toujours » par quoi finissent les contes de fées qui n’ont jamais de fin. »



Leur jeu dangereux est pimenté par un autre personnage que j’ai adoré : Lucette, sœur cadette d’Ada, nymphette aux cheveux de feu et folle amoureuse de Van…



« Elle s’approcha enveloppée dans le vertige d’une extase naissante, le dévoilement d’une caresse - l’aurore, qui sait (elle savait), d’une existence nouvelle pour elle et pour lui… »



Je referme ce roman bluffée par son style, d’une grande exigence (et puritains s’abstenir), mais quel cadeau ! Et je salue le travail phénoménal pour retranscrire l’inventivité de cette œuvre qui s’affranchit de toutes les barrières : temporelle, géographique, réelle et morale.
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