Einar Schleef, disparu à 57 ans en 2001, était un artiste culte en Allemagne : ses talents d'auteur, de peintre, de metteur en scène, de scénographe, voire de photographe, ont marqué tant la scène théâtrale que la littérature allemandes. Homme de théâtre avant tout, mais également auteur, peintre et photographe, ce créateur – figure majeure et déjà mythique de la scène artistique allemande au cours de ces trente dernières années – reste encore à découvrir en France.
Ce premier tome de récits publié par la jeune maison d'édition le Ver à Soie - Virginie Symaniec éditrice nous permet de faire un voyage dans le temps, à la (re-)découverte d'une Allemagne et surtout d'un Berlin aujourd'hui disparus. Schleef, lui-même né dans la province thuringienne d'Allemagne de l'Est, s'est expatrié de la RDA durant les années 70. Il nous décrit, dans l'un des récits, l'odyssée kafkaïenne du réfugié d'Allemagne de l'Est qui intègre son nouveau pays, la RFA. Lorsqu'il s'installe à Berlin (Ouest), il n'a de cesse de retourner à ce Mur qui sépare les deux parties de Berlin, qui déchire cette ville tout comme ses habitants. Dans plusieurs récits, il nous conte la solitude des hommes et femmes en détresse qui échouent dans cette drôle de métropole. Schleef nous emmène également au fin fond de la RDA - là où il a laissé sa mère, seule après la mort du père, abandonnée par ses deux fils - pour nous décrire sa vie difficile, sa vieillesse et ses révoltes, ses sorties burlesques avec les copines...
Une plongée étonnante, un voyage pluriel en compagnie d'un véritable écrivain, écorché vif, plein d'humour aussi et qui nous entraîne au travers d'une langue étonnante et un style qui varie d'un récit à l'autre.
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