Le protestantisme est un mouvement chrétien qui s'est formé en réaction aux abus de la tradition catholique, qui avait pratiquement remplacé les enseignements du Christ par l'établissement d'un système hiérarchique et d'une panoplie d'activités rituelles. En forçant le trait, on peut dire que la religion céleste était alors mise de côté aux profits d'une religion temporelle qui menaçait les populations et dirigeants sous son emprise de toutes les horreurs de l'enfer en cas d'insoumission.
Avec l'avènement de la réforme, c'est désormais la Bible qui servira d'autorité aux protestants, au lieu des traditions et de la hiérarchie chez les catholiques.
Mais, très vite, les développement de la science qui ont accompagnés la plus grande liberté d'esprit rendue possible par la réforme (aussi bien en territoire protestant que catholique (car il a bien fallu procéder à quelques ajustements)) et l'interprétation littérale de la Bible, qui imposait un joug encore plus sévère sur le quotidien que ne le faisait le catholicisme ont entraîné plusieurs à remettre en question la légitimité absolue de l'autorité spirituelle du livre sacré des chrétiens. le protestantisme s'est ainsi développé vers une application toujours plus conséquente de ses principes.
Et si la Bible était elle-même le fruit d'une tradition et non pas la parole directement issue de la bouche du Christ? Ne doit-on pas écouter uniquement la voix de l'Esprit Saint et non celle des traditions et des hiérarchies? Jusqu'à quel point trouve-t-on le Jésus historique dans les Évangiles? Voilà le genre questions qu'on s'est alors posées.
Et Schweitzer fait ici, la synthèse des recherches les plus importantes qui ont été faites sur le sujet jusqu'en 1906, date de publication de ce classique incontournable pour quiconque prétend étudier sérieusement la Bible. Bien que les cent-six années de recherches bibliques qui se sont déroulées depuis constituent un trou important à combler, on ne peut trouver mieux comme point de départ.
Selon Schweitzer, les doctrines ecclésiastiques voilent bien l'histoire authentique de Jésus, mais les investigations historiques en font le prêcheur d'un royaume éthique terrestre qui n'a pas plus d'authenticité. le seul moyen, selon Schweitzer, d'arriver à une conception juste du Christ consiste à croire en la possibilité de participer de manière spirituelle à l'essentiel de son message : « La personnalité historique concrète de Jésus demeure une inconnue pour notre époque, mais Son esprit, qui demeure caché derrière Sa parole, est compris dans la simplicité, et son influence est directe. »(399(ma trad.)) Il arrive ainsi bien près d'une herméneutique divinatrice à la Schleiermacher.
Pour ma part, il me semble que ce n'est donc ni la tradition, ni la hiérarchie, ni la lettre littérale, ni la critique historique qui compte vraiment pour Schweitzer, mais la participation vivante à la foi qui ressort de tout cela, peu importe la forme que cela doit prendre chez diverses individualités. Après tout, pour tout croyant véritable, n'est-ce pas à Dieu seul qu'il revient d'en juger?
Commenter  J’apprécie         290
La personnalité historique concrète de Jésus demeure une inconnue pour notre époque, mais Son esprit, qui demeure caché derrière Sa parole, est comprise dans la simplicité, et son influence est directe.
(Jesus as a concrete historical personality remains a stranger to our time, but His spirit, which lies hidden in His words, is known in simplicity, and its influence is direct.)