Il avait été formé pour tout remarquer, tout décrypter, cela faisait même de lui le meilleur dans sa profession de tueur à gages. Rien ne lui échappait, un geste, un mot, une intonation de voix et il savait ce que sa future victime ressentait. C’était cette faculté presque animale qui lui avait toujours permis de s’adapter à toutes les situations et d’anticiper les réactions de ses cibles.
Elle était très belle et son visage n’affichait aucune expression particulière, mais il pressentait une sorte de fêlure en elle. Cette fille n’était pas heureuse ou elle était profondément triste, il en était maintenant convaincu. Il avait toujours été très fort pour détecter ce genre de choses. Elle serait une proie parfaite pour cette nuit, les femmes qui venaient de se faire larguer ou qui éprouvaient de la solitude étaient souvent très vulnérables. Un peu d’humour, une conversation légère et quelques compliments suffisaient pour percer leur carapace, la plupart du temps.
La clientèle des palaces parisiens était si cosmopolite qu’il aurait apprécié de découvrir si cette jeune femme encore plus magnifique de plus près était française ou étrangère.
Smithson était un homme patient. Se précipiter sur une fille seule était l’une des meilleures façons de passer pour un dragueur invétéré. Il fallait savoir observer une possible conquête pour adopter d’emblée la bonne attitude une fois qu’on l’approchait.
Ici, les fauteuils qu’éclairaient des rangées de spots à la lumière tamisée étaient réservés à l’élite sociale. On ne risquait pas d’y croiser des touristes sans le sou avec leurs sales mômes ou d’avoir à la table basse d’à côté une bande de cadres en goguette et braillant plus fort les uns que les autres.
Il faut toujours qu’il y en ait un type qui s’imagine qu’une femme seule recherche forcément de la compagnie.