L'enfant de Nagasaki. le titre est assez surprenant puisque le protagoniste de ce récit, Sumiteru Taniguchi, né vers 1929-1930, est un adolescent en août 1945 ; il travaille même puisqu'il est facteur, soit avec tous les guillemets qui s'imposent, pas encore un homme mais plus vraiment un enfant !
Précisons en préambule qu'à plusieurs moments
Peter Townsend insiste sur les crimes de guerre de l'armée japonaise (pages 26, 41, et 54).
Le livre est néanmoins une violente charge contre les armes nucléaires, les militaires (japonais et américains), et notamment contre le président – de l'époque – Harry Truman.
Livre à charge qu'il conviendrait peut-être de nuancer à travers d'autres lectures ? Il faut lire avec quelle inconséquence, les autorités américaines déclarent ne vouloir toucher que des cibles « militaires ou industrielles » pendant les bombardements « conventionnelles », ou plus tard les deux bombardements atomiques.
On ne parlait pas à l'époque de frappes chirurgicales, mais c'est tout comme…
« Cette guerre avait débuté sous la forme d'un conflit entre deux gouvernements et leurs forces armées. Les deux camps l'avaient laissée se transformer en un massacre de civils. [...] D'un point de vue strictement militaire, l'argument des américains était tout à fait valide : la bombe A allait permettre d'épargner la vie des soldats. D'un point de vue moral, il est difficile de croire à la démonstration d'un pays civilisé qui affirme mener une guerre juste alors qu'il cherche à obtenir une victoire en exterminant les ennemis civils à l'aire d'une arme "inhumaine" ». (p. 177)
Le livre est le fruit d'une enquête et de nombreuses rencontres avec des survivants et des soignants de Nagasaki, que l'auteur a effectuées à partir de 1978, et surtout en 1982.
Peter Townsend raconte l'histoire de Sumiteru, son enfance, puis la guerre et la bombe atomique lâchée le 9 août 1945, les années passés à être soigné. Puis le retour à une vie « normale » (les séquelles restent) et son investissement dans une association d'Hibakusha (victimes de la bombe A) dont le but est le désarmement nucléaire.
Sumiteru ne se voyait nullement en martyr, mais en témoin dont la souffrance à un sens.
« Sumiteru était totalement et passionnément dévoué à cette cause. Il comprenait, à présent, la signification de toutes ses années de souffrance et n'éprouvait pas de regrets… Il était convaincu d'avoir échappé à la mort pour une raison précise, écrite à l'avance : participer sans faiblir à la lutte contre la guerre nucléaire – et même contre toute forme d'agression armée. » (p. 186)
La vie « normale » retrouvée ce sera aussi la joie de se marier et d'avoir deux enfants nés « sans les séquelles de la bombe ».
Peter Townsend fait en parallèle le récit de la capitulation japonaise (l'absurde jusqu'au boutisme des généraux japonais), et les préparations des bombardements d'HIroshima et Nagasaki.