« La DUREE s'engouffre dans une spirale, se délite. Je m'arc-boute. Je me mets à haïr le temps perdu, les réunions de travail, les transports, les heures gâchées. J'ai envie de rupture, de quitter Pierre, le temps qui patine spolie le temps de vie, pourquoi ne le comprend-il pas ? Je sais que j'ai tort au fond, que ce n'est pas ma vie ; surtout que la vie ne se laisse pas arrêter quand on veut, qu'elle dirige par son absence de concessions, de compromis, que nous ne faisons que la subir. »
« Aimer sans que cela soit réciproque, c'est dur. Aimer en sachant que l'autre n'aura pas longtemps le choix de ne pas vous aimer, c'est terrifiant, destructeur, insurmontable. Je dois accepter, vivre, aller bien à tes côtés, pas trop près, pas t'étouffer. Il faudra bien que je l'admette : je ne peux pas te porter. Je ne peux rien, sauf accepter la mort de cette part de moi qui vit de toi ou lutter pour elle à ta façon : jusqu'à la fin, au maximum, sans autre espoir que celui d'une rémission. »
« Aimer, cela se conjugue avec avenir, avec projets ? Mon verbe est donc irrégulier, il n'en demeure pas moins vrai. Je t'oublierai sans doute plus vite, il y aura moins de traces, moins de vestiges, moins d'éclats de vies disséminés. Ca n'en aura pas moins été. »
« Je pense à l'absence des hommes, cette manière d'être là puis de s'envoler, cette beauté de la paume ouverte, crispée sur un ailleurs imprévu, sur leur désir assouvi quand celui des femmes se redéploie, chatoie d'un appel. »
« Peut-être suis-je folle. Je suis en tout cas frappée de cet amour mort-né, dont on ne sait pas s'il aurait pu grandir. »