Depuis les expériences du colonel de Rochas, depuis surtout celles toutes récentes de Hector Durville, qui ont montré que la personnalité humaine peut être dissociée avec une facilité relative, un certain nombre de chercheurs ont essayé de s’appliquer à eux-mêmes les conditions nécessitées par le dédoublement personnel.
D’autre part, il est des curieux qui, ayant découvert par hasard qu’ils réalisaient en eux-mêmes les conditions requises, et se dissociant sans trop de peine, ont voulu continuer, par curiosité ou par d’autres motifs, ces essais qui ne sont pas dénués de danger. Personnellement, j’en connais plusieurs dans mon entourage.
Il m’a donc semblé qu’à l’heure actuelle, le mieux était de donner les indications nécessaires à la poursuite de cette expérience d’ordre supérieur, mais à la condition d'appeler particulièrement l’attention des expérimentateurs sur les dangers indéniables inhérents à de tels essais, et de leur fournir par suite toutes les indications relatives aux précautions à prendre pour éviter l’abîme où peuvent tomber l’imprudent, l’étourdi et l’audacieux.
En résumé, malgré la suspension d’activité de certains organes, le sommeil est un état essentiellement actif.
D’autre part, il paraît exister entre les lois qui régissent nos facultés physiques et celles auxquelles sont soumises nos facultés intellectuelles, une certaine analogie, digne d’appeler l’attention. De même qu’il y a, durant le sommeil, redoublement d’activité de forces vitales, internes et passives du corps humain, favorisé par la suspension de forces expansives d’action, de même il y a augmentation de puissance et d’intensité dans ce qu’on peut appeler les forces passives intellectuelles — par exemple la mémoire, l’imagination lorsqu’elle est abandonnée à elle-même tandis que, sensiblement affaiblies, l’attention et la volonté, ces forces expansives de l’âme, ne peuvent plus s’exercer sans effort.