Enfin de l'érotique féministe !
Pour la première fois d'une longue vie de lecteur, je suis heureux de découvrir un livre à part. Pourquoi à part ? Tout simplement parce que ce n'est pas le corps féminin que l'auteure met en scène, mais le corps masculin. Celui du jeune homme en l'espèce, dont
Camille Dalleray nous dit qu'il est lui aussi objet de désir - des femmes.
Sans doute pour la première fois en littérature, le corps du jeune homme est objet du désir hétérosexuel et non homosexuel. Jusqu'alors, c'étaient les écrivains gay qui avaient chanté l'éphèbe, non celles à qui il revient de droit.
De là vient toute l'originalité du recueil, au demeurant très américain par ses références : celui d'une femme qui désire le corps de l'éphèbe et le met en scène.
Nous sommes donc à des lieues - et c'est tant mieux - de la littérature érotique ordinaire, souvent violente, toujours misogyne quoi qu'elle dise, dont les auteurs, hommes comme femmes, ne savent que mettre en scène un corps féminin invariablement humilié, rabaissé, déshumanisé, réifié, pornifié.
Ici, rien de tel : Dalleray respecte toujours son objet, le jeune homme, lequel est (devrait être) le comble de l'érotisme au féminin.
Le livre est en outre de belle facture : bravo à l'éditeur.