Ce tome fait suite à Wolverine Weapon X: Adamantium Men ; il comprend les épisodes 6 à 10 de la série mensuelle. Il comporte 2 histoires distinctes.
La première partie se déroule sur les numéros 6 à 9. Logan est interné dans un asile qui n'est pas entretenu (sols défoncés, capitonnage des cellules perdant son rembourrage, etc) mais qui comporte de nombreux internés. À l'évidence le docteur Rottwell (responsable de l'établissement) dispose de moyens mystérieux pour soumettre Wolverine à sa volonté. Il apparaît rapidement que ce brave docteur se livre à des expériences peu ragoutantes sur certains de ses patients. À la surprise des uns et des autres, cet asile entretenait autrefois des liens avec la pègre et ses représentants ne semblent pas avoir été avertis du changement récent de propriétaire. Melita Garner (la journaliste apparut pour la première fois dans le tome précédent) finit par être également entraînée dans cette histoire, ainsi que Nightcrawler et Psylocke.
Par rapport au tome précédent, il y a une bonne surprise :
Yanick Paquette. Autant les dessins de
Ron Garney ne me plaisaient pas, autant ce dessinateur possède une approche qui me parle beaucoup plus. Ce monsieur a un souci des détails qui lui permet de planter un décor des plus crédibles. Au fur et à mesure que Logan traîne sa carcasse dans les couloirs de l'asile, le lecteur peut constater l'état des sols et des peintures, l'état des parois des cellules, l'absence de service de ménage, les taches de rouille sur les appareillages utilisés par le docteur et la saleté des ustensiles de cuisine. de la même manière Paquette sait donner une identité visuelle forte aux personnages par le biais de plis travaillés des étoffes et avec un encrage assez appuyé sur les visages, ce qui permet de faire ressortir les expressions et de doter chaque individu d'une vraie gueule. Ce dernier point trouve ses limites sur les visages féminins où l'encreur s'applique à lisser les traits et gommer les aspérités (dommage). En ce qui concerne les nombreux passages horrifiques, le résultat est convainquant 1 fois sur 2. Quand Logan se fait poignarder les yeux par des seringues, l'image dérange fortement. Quand le docteur et un patient ont leurs vêtements imbibés de sang, c'est risible parce que c'est comme ci les habits avaient été trempés dans une bassine de sang plutôt que d'avoir été aspergés.
Par contre, coté scénario, je n'arrive toujours pas à accrocher.
Jason Aaron oscille entre le terriblement sérieux et horrifique (lecture au premier degré) et le grand guignol mâtiné de grand n'importe quoi. D'un coté, il a réussi à créer un nouvel opposant à Logan qui est crédible dans la menace qu'il représente, intéressant de par les pouvoirs dont il dispose et à la hauteur pour faire face à Logan. de l'autre, il insère des scènes tellement outrées qu'elles en deviennent risibles et complètement déphasées avec le reste du récit. Je pense en particulier au docteur Rottwell qui se sert de ses propres intestins (après une éviscération par des griffes) pour étrangler Logan et qui 2 pages après se promène avec un bandage, sans être plus affecté que ça.
Heureusement le dernier épisode relève fortement le niveau. Logan s'interroge pour savoir dans quelle mesure sa relation avec Melita Garner peut être viable. C'est l'occasion d'approfondir de manière intéressante la vie romantique du héros et de revoir Yukio, Ororo, Rogue (dans une scène au trouble sensuel assumé), Natasha Romanoff, Tabitha Smith (Boom Boom) et Jessica Jones (passage désopilant et touchant où Logan prend en charge son enfant). En adoptant un ton plus intimiste, Aaron trouve enfin le bon angle pour nous parler de Logan en introduisant des nuances inattendues. Et les illustrations de C.P. Smith constituent un mélange équilibré de photoréalisme et d'épures tirant vers l'abstraction très adaptées au scénario et établissant une ambiance envoutante.