Avant l'arrivée de ma grand-mère et de sa Cohorte - c'était le nom que j'avais donné à sa horde d'amie - j'associais la vieillesse à une cure de bons sentiments, de tendres paroles loin des fourberies du monde des actifs. Mais pas du tout. C'est pire ! Qu'est-ce qu'elles peuvent articuler comme méchanceté, tout en évitant la formule cruelle. C'est ce qu'elles insinuent qui surprend en perfidie : un raffinement sournois qui blesse plus qu'il ne tue.
Ce n'est pas facile de vieillir. Tu verras. Quand on est jeune, on n'est pas conscient de l'énergie qui court dans nos veines. Ce qui me désole maintenant, c'est que mes pensées vont plus vite que mes gestes. Je n'aime pas cette lenteur qui doucement s'installe en moi. Tu ne peux pas savoir comme nous sommes heureux de te revoir.
Thibaud, c'est parce que je t'aime que je ne peux plus te voir. Fais attention à toi. Merci encore pour ces trop courts moments de bonheur.
Frédéric
J'ai découvert la rancune à son arrivée. ma grand-mère a une mémoire sélective très tenace. Elle n'emmagasine que ce qui lui déplaît et nous le ressort des mois plus tard, ou s'en venge quant tout est oublié.
L'emprise des ragots sur ma grand-mère m’atterrait. Elle craignait tant ceux qu'elle ne colportait pas.