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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Là-bas, au village d'Okwonko, on sait ce qui est important : le clan, les ignames, la famille et le respect des coutumes... et la terre, cette terre africaine sur laquelle viennent s'installer des missionnaires sortis de nulle part.

Excellent roman qui nous transporte bien loin de notre quotidien et de nos petites préoccupations. Un roman qui remet les idées en place.
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Voici le roman d'un monde éteint, société structurée autour d'institutions et de valeurs telles que l'obi du mari, la richesse calculée en ignames, la préparation du foufou, le vin de palme qui rassemble, le partage des noix de cola, la semaine rythmée par le marché, les saisons influencées par l'harmattan...
Puis tout commence à s'effondrer.
D'abord la vie bien cadrée d'Okonkwo, puis celle du clan d'Umuofia tout entier, qui voit arriver des étrangers fixant de nouvelles règles, racontant de nouvelles histoires et imposant rapidement leur propre modèle, animisme face à christianisme, l'homme d'ébène face à l'homme de craie.
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" Nous sommes en guerre", c'est pour ça que le monde s'effondre, que tout s'effondre. Parce qu'on fait la guerre par le simple fait de dire qu'on fait la guerre. Parce que dire, c'est faire. La fonction performative du langage, c'est une phrase qui exécute l'action qu'elle exprime et l'action exprimée peut être une exécution au sens littéral du terme.

Si Chinua Achebe écrit que le monde s'effondre, le monde s'effondre ou s'effondrera, l'action est enclenchée, le processus est lancé. N'ayez pas peur ... Même si le monde s'effondre, car " Tout va bien se passer".
Si tout se passe bien à la fin ( du monde), allons-y quoi !


Chinua Achebe nous présente dans son roman les rites et les coutumes du clan d'Okonkwo le guerrier, et il nous présente entre autres personnages la prophétesse ... La guerre et les prophéties, prophétiser la guerre, la fin du monde ... Cela ne présage rien de bon ...


Il faut se méfier des mots, car les mots sont puissants. Ils permettent de convaincre, de persuader, d'impressionner, de corrompre, de maudire, de semer la peur ou le doute dans l'esprit ... Heureusement, les mots ne sont pas toujours employés à mauvais escient, car ils peuvent prévenir, avertir, nous dire, justement, de faire attention aux mots ... La magie des mots est une puissante magie et c'est une magie qui est noire et/ou blanche qu'elle soit prononcée à haute voix ou écrite sur une page ...

La prophétesse n'est pas la seule à prophétiser dans le roman car nombreux sont ceux qui pressentent le danger, qui préviennent, qui avertissent les autres, de respecter, les coutumes, les dieux, afin de ne pas offenser les dieux, les anciens, le clan. D'aucuns avertissent et préconisent la guerre, afin de se défendre, et de protéger les traditions ancestrales. D'autres avertissent et découragent la guerre, afin d'éviter le massacre. Comment la fin du monde a-t-elle été enclenchée et par qui ? Il y a plusieurs responsables, il y a des responsables individuels mais la responsabilité est également collective (surtout au sein d'un clan). La fin du monde d'Okonkwo aurait-elle pu être évitée alors même qu'elle a été prophétisée ? Si on s'intéresse au personnage principal, à Okonkwo le guerrier, aurait-il pu s'empêcher d'accomplir l'action qu'on lui a défendue, celle de porter la main sur celui qui l'appelait père ? Alors même qu'en lui défendant ce geste, on appelait, peut-être, paradoxalement, ce geste, comme si l'on savait avant qu'il ait lieu, qu'il aurait lieu ?

La tragédie peut-elle être évitée alors même qu'on écrit une tragédie ?
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Ce livre écrit en 1958, est essentiel quand on se gargarise volontiers de "pensée décoloniale". Il montre de façon précise, presque mécanique et parfois implicitement critique, les ressorts de la société traditionnelle qui ignore encore l'existence du "Blanc", et décrit le chaos puis l'inversion des règles qui ont suivi l'évangélisation.
Malgré son propos clairement orienté, le roman reste nuancé, avec dans tous les "camps" des personnages positifs et des personnages méprisables.
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Un petit bijou mené par une écriture poétique et belle, au sens premier du terme.

Si leçon il y avait à tirer d'un tel ouvrage, grand en seraient les conséquences : métaphore d'une société ultra-consommatrice, perte des valeurs sociales, retour aux origines, altruisme, omniprésence des gros pays, vision élitisme et sclérosée du monde, perte des valeurs...

Et pourquoi pas un retour au simple, au beau...

Bref je serait grandiloquent sur un livre qui restera longtemps dans mon palmarès!
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J'ai adoré ce roman qui est un véritable témoignage ethnologique des Ibo au Nigéria.

Chinua Achebe raconte une société traditionnelle aujourd'hui disparue :
Écrit en anglais en 1958, avant l'indépendance du Nigeria, ce roman a eu pour titre français "Le monde s'effondre".

Effectivement, le monde s'effondre pour Okonkwo. Cet homme, respecté par son clan, vit en adéquation avec les règles et rites de sa tribu, même si les rituels dictés par les oracles sont insoutenables. Tout a une signification même si cette logique est très éloignée de notre pensée occidentale.

Mais, voici que les missionnaires s'invitent dans la région. Leur installation qui semblait provisoire, se développe avec toujours plus d'autorité. C'est un grand bouleversement et les dieux ne protègent plus la tribu.
La fin, nous la connaissons, mais le roman de Chinua Achebe décrit à merveille la croisée de deux mondes, la destruction des valeurs ancestrales et traditionnelles.

Une belle découverte pour qui s'intéresse à l'Afrique !
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Tout s'effondre est un pamphlet puissant contre la colonisation, certes, mais en réalité, il est bien plus que ça.

Déjà parce que l'homme blanc n'arrive qu'à la fin du roman. Avant cela, Chinua Achebe nous raconte la vie d'un village igbo à la fin du XIXe siècle : son système politique, ses croyances, sa vie sociale... La langue est simple mais précise, terriblement suggestive. Derrière les mots, on devine l'hommage à cette culture complexe, mais pas seulement.

Car la culture igbo nous est aussi décrite comme violente, injuste, absurde. le personnage d'Okonkwo est peut-être celui qui l'incarne le mieux : il est digne et courageux, mais il bat ses femmes et ses enfants, il fait preuve d'une brutalité glaçante, jusqu'à tuer de ses propres mains son fils adoptif. En somme, la plume de l'auteur, lui même Igbo de naissance, nous permet de sortir des visions européennes de l'Afrique, complément cloisonnées entre mépris et idéalisme. Et c'est là que le roman prend un tournant génial.

Car au final, ce que Chinua Achebe dénonce, ce n'est pas seulement la colonisation, c'est le pouvoir, c'est la religion, c'est la violence patriarcale dans son ensemble. Ce n'est pas pour rien qu'un des passages les plus poignants du roman est la course effrénée d'Ekwefi, une mère qui veut sauver son enfant de l'oracle du village. Ce n'est pas pour rien qu'Okonkwo admire les qualités "viriles" de sa fille. Ce n'est pas pour rien que son fils montre déjà des signes de révolte. Au fond, la jeunesse igbo n'avait-elle pas tout ce qu'il faut pour initier par elle-même une métamorphose ?

Mais attention : Chinua Achebe ne tombe pas pour autant dans un relativisme historique abject. La fin du roman ne rate pas son coup. À l'arrivée des blancs, le lecteur, tout comme Okonkwo, est pris dans un sentiment d'injustice, d'amertume, de vertige. Autrement dit : tout s'effondre, et le message du roman est bouclé.
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Le titre correspond tout a fait au sujet de ce roman. Son auteur n'a que vingt-huit ans quand il est publié en 1958.
L'histoire se déroule au sein d'un clan, au Nigéria, dans les années cinquante. le clan est composé de villages qui appliquent tous les mêmes règles de vie, depuis des millénaires semble-t-il, où les ancêtres et les dieux ont une place importante. le personnage central est un jeune homme très ambitieux, il veut être riche et puissant. Ayant beaucoup souffert de la réputation de son père, il ne veut en rien ressembler à celui-ci.
Nous assistons à son ascension sociale, occasion de découvrir la société et les coutumes du clan. Par exemple, les gens ne discutent pas les décisions prises par les anciens. Il existe une hiérarchie entre les anciens qui repose sur les mérites de chacun. Tout se déroule sans heurts même si à nos yeux, les règles peuvent s'avérer cruelles. Par exemple, les jumeaux sont abandonnés à leur naissance dans la forêt parce qu'ils portent malheur.
Certains sont moins bien lotis que d'autres, mais l'exemple du héros laisse à penser qu'il est possible d'évoluer.
Dans une seconde partie, l'homme et sa nombreuse famille – il a trois femmes – doivent s'exiler. Aucune discussion n'a eu lieu, c'est l'application de la règle. Grâce à l'entraide familiale et amicale, leur exil de sept années est surmonté.
La troisième partie est celle du retour au village, la reconstruction du domaine et … l'arrivée des blancs.
À vous de découvrir comment les évènements se déroulent. le parti pris des colons anglais de savoir ce qu'il faut, ce qui est, ce qui doit être, est glaçant. Cette assurance démesurée du savoir emporte tout sur son passage telle une vague immense et destructrice.
Ce livre est plus qu'un roman magnifiquement écrit, c'est un document anthropologique sur les conséquences du colonialisme en Afrique. C'est édifiant et instructif.
L'effondrement se déroule en quelques mois, cette vague submerge toutes les croyances, les piliers millénaires sur lesquels la société fonctionnait. Glaçant.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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... J'ai refermé Tout s'éffondre de Chinua Achebe proposé à la lecture par Jérome Charvenet... Ce livre, cette histoire qui m'a prise aux tripes, à peine terminé, j'avais besoin de poser mes premiers mots... Aujourd'hui, quelques jours ont passé et je me rend compte que ce livre continue de m'habiter...

Pourtant sans cette proposition, je ne suis pas sûre que j'aurais pris la peine de découvrir cette histoire. La couverture m'intriguait... Mais pas de quoi me faire sauter le pas avec le 4e de couverture! Or je serai passée à côté d'une oeuvre exceptionnelle!!

J'ai appris depuis qu'elle s'inscrivait dans une trilogie dont les deux titres suivant ne sont plus édités en français.... C'est regrettable quand on sait l'apport multi-dimensionnel que l'auteur nous offre!

C'est un livre et fort probablement une trilogie que j'aurais rendue obligatoire si j'étais devenue prof d'Histoire! L'auteur y abordant les débuts du colonialisme, servi par un style épuré avec un descriptif qu'on croirait rendu par un anthropologue... C'est grâce à cette forme que Chinua Achebe a pu écrire un texte de vie qui m'a tant remuée et dont les dernières pages m'ont donné les larmes aux yeux!

Le fond qui donne la paroles à ceux qui ont subi la colonisation ne cesse au fil de l'histoire de s'intensifier...

Sans crudité et sans enjolivement, mais avec beaucoup d'humanité, on va entrer dans la vie d'Okonkwo. Et quel vie! de celles dont sont issues les légendes... de celles qui marquent de leur empreinte ceux qui l'écoutent, ceux qui la lisent! de celles qui laissent un nom!

Okonkwo, fils d'Unoka le paresseux et l'imprévoyant, a réussi malgré son ancêtre à faire sa place dans l'histoire de son village Umuofia, au Nigeria. Lui l'héritier de ce moins que rien, a réussi à se hisser parmi les hauts dignitaires. A la force de sa volonté, lui qui n'avait rien, est devenu un propriétaire de parcelles de terres où l'ignames qui rythme leurs vies dans sa région, est cultivé; un mari de 3 épouses et père de nombreux enfants.

Son destin, il l'a changé à 18ans en remportant un combat de lutte mémorable! Sa position, il l'a ensuite consolidé par des faits guerriers! Jamais Okonkwo n'aurait imaginé que son destin serait si intimement lié à l'avenir de son peuple! Lui qui pensait son avenir assuré par sa seule volonté, va pourtant connaître sa chute...et en miroir celle de tous les siens...

Avec lui se pose la question de savoir si on peut s'affranchir de sa lignée? Si on peut la rejeter sans que la nouvelle génération ne se construise à son tour en opposition? Une opposition ici née en réaction de la psyché intime d'Okonkwo.

Le prix en effet de son ascension réside dans la perte d'une par de lui-même... L'impossibilité d'être faillible! L'impossibilité d'avoir peur... Ce qui entachera sa relation aux siens par les choix qui en découlent... le rendant aveugle à l'approche "sensible" des siens de leur monde en plein changement!

Chinua Achebe ne fait pas que nous parler du colonialisme comme vous pouvez le lire... Il nous parle aussi de l'humain avec une finesse psychologique où sous couvert de routine, la vie bien plus puissante s'exprime et où chacun à sa part de responsabilité dans ce qui se vit! Où chacun, quand il projette son monde intérieur sur le monde et pense que c'est le monde, devient aveugle à ce qui l'entoure...
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Lu dans la collection Babel d'Actes Sud sous le titre « tout s'effondre » dans une traduction de Pierre Girard.
Une superbe mise en lumière de la façon dont notre culture « universelle », sous couvert de religion, a supplanté celles qui l'ont précédée, en l'espèce celle des Ibo du Nigéria. Ce roman écrit à la façon d'un conte africain, dans un langage simple et chaleureux, mais lucide sur les pratiques ancestrales, est plus démonstratif qu'un essai savant sur l'altérité sociétale. Si vous aimez la lecture pour découvrir d'autres façons de penser, ne le manquez surtout pas. C'est passionnant, émouvant, très agréable à lire et surtout cela interroge sur notre capacité à accepter la différence.
(Merci à Nastasia-B dont la critique enthousiaste m' a fait découvrir ce livre.).
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