La littérature nigériane a le vent en poupe ces temps-ci, mais c'est oublier que
Wole Soyinka a été le premier écrivain du continent africain récipiendaire du prix Nobel de littérature en 1986. Plus récemment, l'énorme succès d'
Americanah de
Chimamanda Ngozi Adichie a encore une fois illustré la richesse créative des auteurs nigérians.
Ayobami Adebayo a également séduit un lectorat international avec
Reste avec moi, en étant – selon moi – un peu abusivement placée sous le patronage de
Chimamanda Ngozi Adichie et de
Margaret Atwood.
La romancière refuse d'être lue pour le côté anthropologique de sa fiction, cependant pour nous qui sommes éloignés de sa culture et de son environnement, l'univers dans lequel elle nous introduit nous est peu connu : c'est celui de la polygamie. Yejide a fait un mariage d'amour avec Akin, mais après quatre ans de mariage, le couple n'a pas d'enfant. La stérilité de Yejide est automatiquement mise en avant par les familles des époux et l'obsession de maternité de la jeune femme s'accroît avec la pression sociale qui s'abat sur elle. La belle histoire d'amour va se transformer en un chemin de croix sur une vingtaine d'années.
Le roman se bâtit autour d'un faisceau de faits assez invraisemblables que l'on découvre tardivement et que je ne peux dévoiler ici au risque de vider l'histoire d'une grande partie de sa substance. Il est question d'amour, du grand amour, cependant il n'y a que mascarades de part et d'autre et le lecteur se sent un peu berné en le découvrant.
De surcroît, il me semble que le propos de l'auteure est assez éloigné d'un point de vue féministe. Tout ce qui importe à Yejide est de devenir mère, quitte à renoncer à son mari, quitte à supporter une seconde épouse, quitte à mentir. Car ne pas être mère est ne pas être une véritable femme. L'accomplissement ultime passe donc par la maternité. Voilà qui cautionne l'opinion de toutes les femmes qui la harcèlent. le conflit entre générations n'est pas subverti puisque Yejide rentre dans le rang dès que s'annonce le bébé tant espéré.
Ce premier roman cède sous le poids d'une foison de thèmes et est encore alourdi par une surcharge d'évènements tire-larmes. À mon goût, trop de pathos qui teinte d'exotisme un exercice de rédemption.