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3,96

sur 555 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Mon seul but était d'avoir la chance d'être un homme : pour cela, un seul crime suffisait ». Cette phrase, tirée du livre, résume à elle seule le personnage central du roman.
Balram Halwai écrit des lettres au premier ministre chinois, bientôt en visite dans son pays, l'Inde. Il dénonce les inégalités sociales, la corruption politique, la violence, l'importance des pressions familiales et les conditions de vie exécrables des classes inférieures. Il lui raconte également, comment, pour devenir libre, il a commis l'irréparable.
Issu d'une caste pas très élevée, travaillant comme chauffeur/serviteur pour une famille riche, il compare sa situation et celle de ses pairs à des cages à poules. Chacun est encaqué dans un système étroit, fruit de plusieurs générations, qui a pour conséquence que la servitude fait partie d'eux et que personne ne pense à se révolter.
La vie des castes inférieures est, pour beaucoup, une existence au service des plus riches. Esclaves de leur maître et de leur famille, il ne leur reste que la fatalité pour s'en sortir. Une fatalité que refuse le héros du livre. Balram sent que son destin est ailleurs et qu'il peut sortir de sa « cage à poule » même si le prix de sa liberté sera très cher. Dès le début, nous savons que la police le recherche comme criminel et la lettre qu'il adresse au ministre chinois est un plaidoyer pour prouver que son crime était nécessaire. Balram ne dégage aucune sympathie mais j'ai suivi avec empressement son parcours. J'avais besoin de connaître ses raisons, de savoir pourquoi il en était arrivé là. Son immoralité touche et sans l'excuser, j'ai eu du mal à le juger.
Nous découvrons un pays loin des stéréotypes et de l'image mystérieuse qui l'entourent. Rien n'est enjolivé, c'est la réalité crue et sans complaisance. Ce roman magistral est, je pense, incontournable pour comprendre l'Inde d'aujourd'hui.
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Excellent excellent excellent!
Je m'étais dit, en refermant le livre sur cette pensée, non, je ne peux pas dire ça quand même, c'est exagéré, tempère!... mais si, c'est excellent (ex-ce-llent! ), on est presque dans la perfection, autant dans l'histoire en elle-même, que dans la façon dont elle est construite, que dans les personnages, que dans le style narratif, que dans l'atmosphère du récit...
Bon ok, cette lecture a été un tel moment de plaisir pour moi que j'ai du mal à prendre du recul, mais j'ai beau retourner cette histoire dans tous les sens en en cherchant les défauts, un seul mot me vient => excellent!

En s'adressant par écrit au Premier ministre chinois pour le préparer à sa visite en Inde et lui expliquer, en passant, les clés de la réussite de l'entrepreneur, le narrateur, à travers le récit de sa vie, dresse un portrait vif et sans concession de l'Inde d'aujourd'hui. Les relations entre les membres des différentes couches sociales y sont dépeintes avec sagacité, avec en premier plan, les pauvres, condamnés à une misère sans fin et à un asservissement aux riches et puissants dont ils n'obtiennent que mépris et irrespect. L'éducation quasi inexistante, le poids de la famille, la corruption, contribuent à cette situation. Les pauvres s'y résignent sans trop broncher, cautionnant même ce système aberrant.

Ce type de tableau ouvrant les yeux sur la réalité sociale et les conditions de vie dans ce pays n'est peut-être pas une nouveauté en soi, mais la plume de l'auteur les éclaire encore sous un angle inédit, avec un humour cynique proche de l'irrévérence et une intelligence aiguisée par l'esprit de facétie.

Je ne développerai pas plus sur la vie du narrateur car je me suis plongée dans ce roman avec une confiance aveugle après l'avoir repéré dans la liste de ces "romans qui en disent long sur la marche du monde" (formule que j'aime beaucoup et tirée du Financial Times - article repéré chez Zarline). Je ne savais même pas de quoi traitait ce livre, et j'ai donc découvert son histoire au fur et à mesure qu'elle se déroulait. Et j'ai adoré! J'ai adoré suivre son développement petit à petit, aussi ce serait criminel de ma part de priver un futur lecteur de ce plaisir!

Tout au plus ajouterais-je que j'ai vraiment aimé ce narrateur à travers lequel l'auteur fait preuve d'un réel génie narratif. Il raconte, avec une naïveté et une innocence feintes, une histoire qu'on pourrait trouver simplement amusante et divertissante, mais à travers son récit qui résonne comme une lutte pour la survie et un enseignement de la vie, perce quelque chose de profond, qui secoue, révolte, et fait rêver.
Lien : http://lecture-sans-frontier..
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Premier chapitre : le narrateur écrit à Mr Wen Jiabao, le premier ministre chinois, l'action se passe en 2008, en Inde.
En effet Munna, alias le tigre blanc du titre, vient d'apprendre que Mr Jiabao va venir à Bangalore.
Pourquoi lui écrit-il ? Ce n'est pas très clair au début mais ce mail donne au narrateur l'occasion de raconter son enfance (la mort de sa mère quand il a 7 ans , ses premières années d'école, le mariage de sa cousine qui lui vaut d'être retiré de l'école pour prendre son premier travail - casser du charbon- il faut bien payer le mariage de sa cousine…
Munna est donc né dans une famille très pauvre dont la seule richesse est une bufflonne qui donne un peu de lait.
A la fin de ce chapitre, Balram-Munna avoue avoir tué un homme et annonce qu'il va raconter toute l'histoire à son interlocuteur.

Deuxième chapitre : la « confession » du jeune homme continue, on apprend qu'il a tué son patron. Retour en arrière ensuite sur son apprentissage de la conduite, il devient chauffeur ….à force de ruse ou d'ingéniosité…

Il s'agit ici d'un roman choc sur la pauvreté en Inde (sur la corruption, le déterminisme social) ….et sur un jeune homme prêt à tout pour s'en sortir; même si pour cela toute sa famille doit mourrir.
C'est cynique, effrayant…mais très bien écrit… une réussite …
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Apprenant par la radio que le Premier Ministre Chinois va venir en Inde pour y étudier le phénomène des entrepreneurs, absents en Chine mais pullulant en Inde, Balram Halwai considère qu'il est le mieux placé dans le pays pour lui expliquer comment il est devenu lui-même entrepreneur. Chaque nuit, sept fois de suite, il lui adresse un mail dans lequel il raconte sa vie : celle d'un enfant terriblement pauvre qui est devenu riche, celle d'un enfant dont le ventre vide est devenu un ventre plein; celle d'un enfant des ténèbres qui est passé dans la lumière; celle d'un enfant-serviteur qui est aujourd'hui un maître… Et en parlant de sa vie, c'est aussi de l'Inde qu'il dresse le portrait. Non pas l'Inde que l'on montrera au Premier Ministre, l'Inde des touristes mais celle qu'il ne verra pas (et qu'il devrait cependant demander à voir) : une Inde où la corruption règne dans tous les milieux, où tout se paye, où le chantage devient un moyen de communication normale; où le fleuve sacré ne charrie que de la misère écoeurante et sale …
Et tout cela dans un style incisif, savoureux, plein d'humour.
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Nous voici plongés dans « l'Inde des Ténèbres ». le personnage principal, Balram, nous livre à travers une longue lettre destinée au Premier ministre chinois tous les paradoxes de l'Inde, pays démocratique et esclavagiste. Deux Indes se côtoient. Deux classes se côtoient : les Gros ventres et les Ventres creux. Balram est un ventre creux. A l'heure où l'Inde s'éveille aux nouvelles technologies des pays capitalistes, une autre Inde demeure viscéralement ancrée dans ses traditions familiales et ses relations maître-esclave. « L'Inde des Ténèbres » est enchaînée à des croyances millénaires, à l'image de beaucoup de pays occidentaux baignant dans leurs croyances judéo-chrétiennes. Dans l'Inde des Ténèbres, on naît pauvre et on meurt pauvre. Balram casse ces chaînes et nous fait plonger avec lui dans la fange de cette Inde qui oblige les pauvres à ramper comme des animaux. C'est en commettant le pire qu'il tue en lui ce qu'il est depuis sa naissance : un homme soumis qu'il exècre. Il devient alors un entrepreneur et rejoint ce qu'il appelle « l'Inde de la Lumière ». Ce roman sous forme de récit est une lettre pour le Premier ministre chinois. le choix du destinataire n'est bien sûr pas anodin : autre pays émergeant, où les droits de l'homme sont bafoués, possédant une démographie galopante bien qu'endiguée partiellement, la Chine aussi a ses propres paradoxes.
Ce roman est la confession terrible, teintée d'un humour cynique, d'un homme qui veut vivre.
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Balram, le narrateur, alias le tigre blanc, raconte sa success story au président chinois par le biais d'une longue lettre. de l'enfant des Ténèbres au lanceur de start-up à Bangalore en passant par le métier de chauffeur à Delhi pour un maître finalement un peu trop dupe, Balram décrit ce qui semblent être les passages obligés pour se sortir de la misère en Inde.

On se laisse prendre très vite par le récit, une critique cinglante de la société indienne divisée par le Gange. D'un côté, les Ténèbres où résident les valeurs traditionnelles, le tout pour la bufflonne, la famille et les 36 millions de dieux; et de l'autre, la Lumière, l'Inde moderne, l'Inde du business international et de la corruption nationalisée.

Le cynisme vous happe de plein fouet dès les premières pages et sous la plume de l'auteur toutes valeurs indiennes y passent: éducation, traditions, religion, famille, etc. Et bien sûr, l'auteur ne fera qu'une bouchée du touriste occidental venu en Inde dans le but de trouver l'illumination. J'ai particulièrement aimé le passage où l'auteur décrit la société soumise comme étant la "Cage à poules".

Il y aurait un excellent sujet d'étude dans ce livre pour qui souhaiterait étudier le rôle de la femme. Vous devinez sans doute que ce n'est pas ce qu'il y a de plus reluisant.
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le tigre blanc est un vrai coup de coeur. Ce livre nous raconte la vie de Balram Halwai, enfant de basse caste, chauffeur qui s'est finalement élevé au statut d'entrepreneur dans la société indienne. Bien loin des clichés et des brochures touristiques pour faire rêver les occidentaux, Aravind Adiga nous livre ici une vision très sombre de l'Inde, mais tristement juste. On distingue l'Inde des ténèbres (celle des pauvres) et l'Inde de la lumière (celle des riches), séparées par un immense fossé d'injustice.

Par l'intermédiaire de lettres adressées au premier ministre chinois, Balram alias "Le tigre blanc" nous raconte son histoire, de son petit village dans les ténèbres à son bureau d'entrepreneur à Bangalore. Il nous parle avec humour et cynisme de son enfance qui a fait de lui un homme à demi-cuit, conditionné à une existence de servitude. La "chance" lui sourit lorsqu'il entre au service de Mr Ashok en tant que second chauffeur de la famille, une certaine élévation sociale dans ce système cruel des castes, qui le destinait à travailler toute sa vie dans un tea-shop. Pour arriver à son statut d'entrepreneur et sortir de ce qu'il appelle la cage aux poules, il lui a fallu en payer le prix. Dans une société où la corruption est presque un mode de vie, il est difficile de rester irréprochable toute sa vie.

Aravind Adiga décrit un portrait juste de la société indienne avec ses défauts et ses qualités, gangrénée par la corruption et l'injustice, sans jamais exagérer ou minimiser. Cette histoire aurait pu être réelle, la fin est amorale mais si vraie. Adiga ne dresse pas seulement une critique de la société indienne, mais de toutes les sociétés occidentales et fait preuve d'humour et d'auto-dérision.

Je ne peux m'empêcher de comparer ce livre aux Fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire de Vikas Swarup, qui m'avait beaucoup plu. Il donne une vision de l'Inde dure mais romancée, tandis que le tigre blanc prend l'allure d'un vrai témoignage. Ces deux livres ne traitent pas exactement des mêmes aspects de l'Inde et sont donc plutôt complémentaires. Dans un cas comme dans l'autre, si le sujet vous tente, foncez !

Pour conclure :
Le tigre blanc d'Aravind Adiga m'a profondément marquée et j'espère pouvoir lire bientôt son second roman, Les ombres de Kittur, qui est paru le 25 août.
Lien : http://a-demi-mot.blogspot.b..
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Le tigre blanc c'est l'histoire d'un indien de basse caste qui devient chauffeur de maître puis entrepreneur dans l'Inde d'aujourd'hui. On suit le personnage grandissant où l'on découvre par ses yeux la campagne, New Delhi, la pauvreté du pays, les inégalités, la corruption, l'avidité, les castes. Un livre dérangeant où l'on se prend d'empathie pour cet homme mais jusqu'où ?
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Construction impeccable, atmosphere authentique, personnages consistants et crédibles, écriture nerveuse et fluide, ce petit roman très maîtrisé, entre conte et polar social, sort du lot des livres exotiques et se lit d'une traite sans une once d'ennui pour un voyage en eaux troubles et croupies dans le sud de l'Inde.
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Balram est né près des rives du Gange, dans un village misérable, dans ce qu'il appelle l'Inde des « Ténèbres », où les pauvres sont toujours perdants et où les riches propriétaires locaux font la pluie et le beau temps, y compris par temps d'élections. Orphelin, il est retiré de l'école, où l'inspecteur avait remarqué son intelligence, pour travailler et subvenir aux besoins de la tribu familiale… Mais la chance lui sourit, car il est embauché comme chauffeur d'un des fils du potentat local, et il va connaître les humiliations mais aussi la débrouillardise de la vie de serviteur dévoué à son maître… Toutefois nous savons dès le début qu'il va assassiner ce maître, tout compte fait assez humain, et qu'il affectionnait, s'enfuir avec le magot, et réussir cyniquement dans les affaires… L'évolution psychologique du narrateur restera donc une énigme, qui ne sera révélée qu'in fine.
Plein d'humour noir et de dérision grinçante, le roman dénonce la profonde iniquité de la société indienne actuelle, où la plupart des citoyens vivent toujours dans les « Ténébres » de la misère, tandis qu'à l'autre bout de l'échelle sociale, les riches, évoluant dans le monde frénétique et avide de plaisirs et de consommation de la capitale, peuvent tout se permettre, achètent les hommes politiques, la police, écrasent des miséreux au propre et au figuré… Souffrance de la servilité, corruption d'un système politique gangrené et inique, étalage indécent de la richesse, fuite en avant d'une société ayant choisi un développement économique débridé, sont présentés dans cette fable sombre et amère, mais qui tient le lecteur en haleine.
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