Citations sur Quand le requin dort (74)
« Jour après jour maman a essayé de lui donner une dignité. Les objets mis au rebut ont pris de nouvelles couleurs et de nouvelles fonctions. Des années et des années avant de comprendre que là-haut, où le siroco souffle trop fort, peuvent pousser le myrte et le lentisque, que sous le banc même les violettes résistent et que les roses qui ont l’air fragile défient le soleil brûlant et le mistral, pour peu qu’elles aient un mur derrière elle. Des années et des années à respecter les heures et à tenir compte des lunes. Toute la douceur et la patience de Maman, et le dépotoir là-haut est devenu un paradis de délices.»
Et je compris que c'était le moment de m'échapper, parce que j'étais heureuse non pas de ce qui arrivait mais du simple fait d'exister, et je sentais que cette idée était juste, et qu'en ce moment le requin dormait.
"L'acte sexuel, a-t-il dit, est une sorte d'apothéose de la rencontre. C'est l'accueil total. Et ce commandement est extrêmement poétique. Il te dit que la sexualité ouvre la porte au moment magique. Ce que Dieu te déconseille, c'est de le faire sans amour. C'est comme s'il te disait : "Souviens-toi que tu es un aigle, pourquoi devrais-tu picorer comme une poule ? Pourquoi te contenter de peu ?"
Puisqu’il ne peut pas aller se promener avec moi à cause de sa femme, nous sortons en imagination. Les vêtements sont magiques, parce qu’ils n’ont pas de rapport avec les vraies saisons mais avec ce que tu as dans la tête ce jour-là. La sonnette, le code. Il entre, il me lance un regard qui semble vouloir dire « tu es jolie », il suit les deux couloirs qui mènent à ma chambre, il prend la fille couchée sur le lit et l’emmène dans un autre monde.
Le juge lui fit éprouver ce qu'elle n'avait jamais éprouvé, des choses absolument normales pour des tas de gens mais qui pour elle, habituée aux miettes, étaient comme ces tables dressées qu'on voit de l'autre côté de la vitre, quand la faim est immense.
" Je regrette que l'amour ne soit pas seulement une question de phéromones, parce que alors je pourrais simplement prendre une douche et tu partirais".
Et moi j'écris des histoires, parce que quand le monde ne me plaît pas, je me transporte dans le mien et je suis bien.
Chez nous,chacun court après quelque chose:maman la beauté,papa l'Amérique du sud,mon frêre la perfection,ma tante un fiancé.Et moi,j'écris des histoires parce que quand le monde ne me plait pas, je me transporte dans le mien et je suis bien.
Tous les deux sont beaux, mais ça ne se voit pas, parce qu'ils sont gauches et empêtrés et ils marchent tellement courbés qu'on ne s'aperçoit même pas qu'ils sont grands.
J'aime bien la façon dont, à l'automne ou au printemps, le soleil éclaire la collection de cartes postales de maman. J'aime sa lumière sur les vagues écumantes, ou le sable blanc, ou l'azur de la carte qui brille.