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3,51

sur 64 notes
J'avais emprunté il y a quelque temps ce livre à la bibliothèque mais je n'arrivais pas à rentrer dans l'histoire alors je l'avais rendu et il y a quelques jours je l'ai réemprunté pour le finir. Je dois dire que j'avais bien fait de faire une pause dans la lecture de ce livre car il est compliqué, je ne regrette pas ma lecture mais on ne peut pas dire que ce fut une bonne lecture non plus.
Les pensées des différents personnages, les paroles de l'auteure, ainsi que le langage vulgaire ont rendu pour ma part la lecture de ce livre compliqué.
Le livre traite d'un bon sujet mais je n'ai pas apprécié la forme du livre bien que le fond soit intéressant.
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Joanna est une femme des années 80.
Dans le royaume d'Angleterre de cette fin de XIVe siècle ruiné par la grande peste et la Guerre de Cent ans, elle se révolte. Contre Dieu, contre les lois - les lois faites par et pour les riches, l'Eglise, les hommes.
A cette époque où la femme ne compte pas, elle seule suit un groupe d'hommes en rébellion contre les puissants.

L'Histoire se répète, on en est au même point quelque six cents ans plus tard avec le mouvement des Gilets jaunes.
On espère que ça va mieux se terminer, qu'il y aura moins...

J'ai aimé ce premier roman dont le ton très moderne rend la lecture vivante et passionnante. Le regard de cette femme est un plus.
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Nous n'en finissons plus avec ces premiers romans qui habitent la rentrée littéraire session 2018. Après le malheur du bas ou encore Là où les chiens aboient par la queue, c'est au tour de Et j'abattrai l'arrogance des tyrans de Marie-Fleur Albecket de passer sous nos yeux. Ce surprenant roman sorti en août dernier du côté de chez Aux forges de Vulcain nous met aux côtés de paysans anglais en colère, d'une femme qui cherche toute sa place dans une société et une époque et d'un pouvoir plus que jamais aveugle et sourd. le tout, servi dans une langue sous forme de méli-mélo historico-populaire et sur fond de XIVème siècle. Tout un programme !

# La bande-annonce

En 1381, la grande peste et la Guerre de Cent ans ont ruiné le royaume d'Angleterre. Quand le roi décide d'augmenter les impôts, les paysans se rebellent. Parmi les héros de cette première révolte occidentale, on trouve Joanna, une Jeanne d'Arc athée, qui n'a pas sa langue dans la poche et rejoint cette aventure en se disant que, puisque l'on parle d'égalité, il serait temps de parler d'égalité entre les hommes et les femmes.

# L'avis de Lettres it be

Professeur d'Histoire-géographie, Marie-Fleur Albecker arrive en librairie avec toute la fraîcheur d'une inconnue. Et les premières lignes de son roman donne toute l'ampleur de ses intentions : parce que la question de la Femme et du féminisme est au coeur de nos préoccupations notamment médiatiques ces temps derniers, pourquoi ne pas offrir à tous un peu d'air et de frais en romançant ces interrogations ? Et si le roman était l'arme absolue de la réflexion et du recul, juste histoire de penser plus juste ?

D'une révolte de paysans anglais refusant de s'acquitter encore et encore de l'impôt au XIVème siècle, Marie-Fleur Albecker tisse un roman qui dépasse allègrement son cadre d'exercice. Justice, position de la Femme dans une société d'alors, rapport au pouvoir, à la lutte… Toutes ces thématiques, traitées ici dans un cadre spatio-temporel pourtant défini, nous poussent page après page à des voyages incessants entre passé et présent. Ce sont eux qui se révoltent, et ce sont nous qui vivons dans ces pages. Au côté de Joanna, John Ball et consorts, c'est donc tout un pan de l'Histoire anglaise qui prend vie sous nos yeux. Une vie suspendue à la condition de la fiction : Marie-Fleur Albecker met dans la bouche de ses personnages et dans l'encre de sa plume un langage souvent bien contemporain, bien à nous. Et le décalage de nourrir encore plus la vivacité du livre : le mélange est excellent, le livre est terriblement bien ficelé et chacun y trouve son compte.

« Enfin, rétablissons les choses : il va y avoir une guerre, et comme dans toute bonne guerre, en fait, ce sont plutôt les Anglais, de préférence de basse extraction, qui vont au charbon pour des types qui veulent être rois. Cent mille morts après la Grande Noire et la Guerre de Cent Ans, c'était pas rien à demander au bon peuple, alors même qu'il existerait une solution bien plus simple et qui traine dans les tiroirs des hommes de troupe depuis pas mal d'années : balancer les rois, princes, généraux et ministres dans une arène, en slip de bain et armés de bâtons. Et hop ! à qui restera le dernier debout, la victoire. En plus, la vente des billets pourrait rapporter de l'argent, car qui n'a jamais rêvé de voir un prince en slip ? »

Jamais qu'un manifeste idéologique, jamais qu'un roman léger et frivole, Et j'abattrai l'arrogance des tyrans fait se croiser et danser les intentions de son auteur pour un roman qui développe toute sa puissance au gré des quatre parties qui le composent. Une fois encore, la redoutable maison Aux forges de Vulcain propose un texte brillant, original, changeant. Et qu'est-ce que ça fait du bien…

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Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Je n'y connais rien au Moyen Âge, mais rien! Je suis une buse, vraiment. Quand j'ai vu ce livre, je me suis dit d'une, que l'histoire m'interpellait et m'intéressait, et de deux, qu'il allait me permettre d'acquérir quelques notions historiques, ce qui ne me ferait pas de mal. J'ai appris beaucoup durant cette lecture… et j'ai eu quelques fous rires!

Je vous la fait courte, parce que mon but n'est pas de vous faire un cours. Ce livre est l'histoire d'une longue marche (non, pas celle de Marche ou crève de King, quoique cela sera aussi mortel pour certains!) vers Londres. Ils sont nombreux à se révolter contre le roi Richard II, seulement âgé de quatorze ans. À leur tête, John Bal, Wat Tyler, John Wyclif, et Johanna, notre héroine. Les impôts augmentent, le peuple en a ras-le-bol et décide d'aller parler à Richard II.

Jusque là, rien de bien foufou, on sent qu'on est dans une période historique importante. Oui mais voilà, le style de Marie-Fleur Albecker donne un relief incroyable à cette histoire. Elle choisi d'employer un langage moderne pour en parler. Et ça fait toute la différence!

« Alors c'est pas compliqué, quand t'es dos à la cathédrale tu prends la première à droite au rond-point sur Rheims Way, ensuite c'est direction l'A2, il suffit de tourner à droite à la station essence. (…) Fais gaffe à tes horaires, aux heures de pointe c'est complètement bouché, tu feras pas cinq kilomètres en trois heures. »

Mais je dis oui!! C'est formidable de lire quelque chose qui a existé bien sûr, mais c'est encore plus agréable de le lire avec une plume si second degré, et ça permet de mettre en lumière des choses de l'époque vues sous un angle différent. La condition de la femme, la solidarité, la situation en Angleterre au XIVème siècle, c'est extra!

Johanna est un personnage attachant, qui se cherche tout au long de cette marche, qui doute, car elle ne sait pas où devrait être sa place.

Il n'y a quasiment pas de dialogues, tout est raconté par l'auteur, avec souvent, le point de vue de chaque personnage. C'est peut-être un peu plus long du coup qu'un vrai dialogue, j'aurais aimé que ces personnages discutent entre eux. mais c'est un parti pris et cela permet au lecteur de connaître mieux les sentiments des différents protagonistes.

Si l'on connaît cette période de l'histoire, on sait comment cette marche se finit. Pour éviter de vous spoiler, je vous invite donc à lire ce livre pour le découvrir (ou d'aller sur Wikipédia, tout y est expliqué, mais vous n'aurez pas l'humour de l'auteure du coup). Je suis ravie d'avoir découvert ce livre et je serais peut-être passée à côté si Piko n'en avait pas parlé. Et oui, la rentrée littéraire a du bon, mais certains devraient être un peu mieux mis en avant, comme celui-ci!
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*Chronique de Scarlett sur Léa Touch Book*

Décidément la rentrée littéraire me met sur le chemin de l'Histoire et plus particulièrement sur le chemin des Plantagenêt .Dans « Et j'abattrai l'arrogance des tyrans » son premier roman, Marie-Fleur Albecker nous transporte en 1381 en Angleterre, à Fobbing plus précisément où la guerre de cent ans a épuisé les petites gens, et où les taxes qui alourdissent leur misère les rendent enfin vindicatifs et prêts à en découdre. L'auteur nous conte donc une histoire dans la grande, celle de la révolte contre l'injustice des impôts toujours trop élevés, celle d'une révolte qui embrase tout le pays contre les nobles.
Dans ce roman nous cheminons avec Johanna Ferrour, jeune femme vivant à Fobbing. C'est une personne qui aime se promener dans les marais et y réfléchir et penser à tant de choses qu'une femme à cette époque ne doit pas concevoir comme la place de la femme justement dans la société, pourquoi des pauvres et des riches, pourquoi tant de différences existent -elles ? Elle est tellement moderne pour son époque, révoltée par l'injustice, une pionnière féministe et humaniste. La rébellion embarque Johanna en même temps que tous les manants de l'Essex et du Kent, tout y passe la rage de subir en tant que femme, en tant que pauvre, en tant qu'individu.
On croisera aussi la route des meneurs de cette révolte, les Watt Tyler et les Jakke Carter mais aussi John Ball, prêtre et prédicateur zélé contre les puissants qui sait enthousiasmer les foules pour leur expliquer la légitimité de la révolte. le lecteur fera aussi la connaissance de William Ferrour, qui a épousé Johanna pour se racheter et parce qu'il l'admire un peu puis beaucoup, paysan aisé qui suit le gros de la troupe sans grande conviction. Durant ce récit on verra aussi des Monsieur ou Madame « tout le monde » comme Robert Belling, la voix d'une raison qui se justifie d'y aller au conflit mais pas trop quand même (on râle un peu, mais bon rester à la maison à protéger son pré carré c'est bien aussi). Et enfin sur le chemin de la révolte nous rencontrerons Richard II Plantagenêt, ainsi que sa mère, mais aussi les puissants comme Hales , Sudbury, figés dans leurs privilèges , leur lignée , leur argent ; si éloignés des besoins du peuple , dédaigneux ,condescendants et pour le roi si persuadé de son pouvoir divin que le dialogue est impossible.
Le roman de Madame Albecker est court, en quatre parties qui symbolisent les phases d'une révolution. L'écriture de l'auteure est pour moi un petit régal, qui mélange le vocabulaire, le phrasé du 21eme siècle avec l'histoire du 14è pour nous expliquer que finalement, avant, maintenant, même combat… avec une ironie cinglante et joyeuse.
Ce livre nous parle de Londres à cette époque mais aussi de la peste, le fléau noir de ce siècle. On s'instruit aussi, on apprend ce qu'est le « plaid », on parle de la Tamise, de l'influence des religions dans le politique et de l'importance de la foi qu'elle soit divine ou terrestre pour porter les rêves. Et surtout l'auteur nous questionne sur la liberté, l'égalité, les révoltes. C'est d'une intemporalité absolue, frais et vivifiant. C'est un livre de conscience sociale quelque part, de réveil, mais aussi d'une profonde humanité, d'une poésie simple et sincère.
J'ai adoré ce premier roman, merci Madame pour cette excellente lecture qui réveille et questionne en moi la femme, la citoyenne et l'être humain…
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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Une révolte de paysans anglais en 1381, et tout un monde mental contemporain peut vaciller à son tour.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/09/02/note-de-lecture-et-jabattrai-larrogance-des-tyrans-marie-fleur-albecker/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Cette histoire basée sur des faits historiques est retracée dans un langage très contemporain avec de nombreux avis et commentaires en langage parler de l'auteur. Ce style qui rend très dynamique le texte, fait que je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire. J'ai pu le lire qu'en imaginant que c'était un prof qui faisait un cours en commentant les événements. C'est dommage ... d'autant que cela semble très pointu au niveau historique.
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Roman intrigant par son titre et sa couverture, je me suis lancée sans trop savoir.
L'histoire se déroule au Moyen-Age, en Angleterre, il s'agit d'une révolte paysanne qui débute. Johanna, une jeune femme qui se rend compte qu'elle n'est que l'objet du désir des hommes, voit dans cette révolte l'occasion de prendre sa liberté. Rare femme dans cette rébellion, elle cherche à s'affirmer et parvient tant bien que mal à montrer aux hommes qu'elle est aussi forte qu'eux, voire davantage. Cependant, nous sommes au Moyen-Age et évidemment, une femme n'est rien, surtout si elle n'est qu'une paysanne, ses velléités vont donc se confronter à la réalité.
C'est un roman intéressant, d'une part par le côté historique, on apprend de nombreuses choses sur l'histoire d'Angleterre, Londres, la société d'alors. Et c'est un livre profondément féministe, même si l'action est très lointaine, elle trouve écho dans notre monde contemporain, on ne va pas se dire que les choses n'ont pas évolué mais on retrouve des similitudes frappantes. D'ailleurs notre narrateur se fait un malin plaisir à effectuer des comparaisons, des aller-retours entre le passé et le présent pour montrer que certaines choses dans les révoltes n'ont pas changé.
C'est ce que j'ai beaucoup aimé dans ce roman d'ailleurs, cette voix du narrateur, qui conte cette histoire du Moyen-Age à travers les yeux de Johanna mais qui s'adresse aussi directement au lecteur, à son monde à lui. C'est un style très entrecoupé de parenthèses, cela donne un rythme assez enlevé et vif. J'ai trouvé cela très original.
Un livre court et dense, riche d'informations sur le Moyen-âge, qui ouvre une réflexion intéressante sur les femmes, la révolte.
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Tyrannosaurus Rex Anglicana

Comment être dithyrambique sans sonner faux ? sans paraître flagorneur ? C'est tout le challenge de ce billet.

Un point de départ de Marie-Fleur Albecker, dont c'est le premier roman particulièrement maîtrisé, et plusieurs lignes d'arrivée ! A partir de la révolte des paysans anglais de 1381 qui refusent de payer un nouvel impôt levé par le roi, Marie-Fleur Albecker déploie deux trames de lecture.

Une première trame se concentre sur l'Angleterre de cette fin de XIV° siècle, une seconde trame vient se superposer à la première pour offrir au lecteur une vision contemporaine et moderne de ce récit en faisant de nombreux et constants liens entre les deux époques. Tous les thèmes sont donc abordés sous l'angle médiéval et l'angle moderne. Et c'est aussi passionnant que drôle et édifiant. L'esprit moderne fait que des événements forts proches les uns des autres apparaissent naturellement comme logiques aujourd'hui (ou inacceptables) et inacceptables (ou logiques) au Moyen-Âge. le récit de Marie-Fleur Albecker remet tout cela en perspective pour que notre lecture des événements soit la même quel que soit l'époque.

Je ne vais pas vous faire une liste exhaustive de ces liaisons qui sont tout sauf dangereuses entre passé et présent. Mais finalement, la révolte des paysans anglais face à un impôt jugé injuste parce qu'il ne concerne que les paysans et pas les notables de la société anglaise n'est ni plus ni moins que la révolte de n'importe qui face à une injustice fiscale liée aux évasions fiscales dont profitent les grand(e)s patron(e)s d'industrie de nos jours.

Si l'auteur attire plus souvent qu'à notre tour notre attention sur ce qui diffère entre les deux époques selon nos critères modernes d'analyse alors qu'elles restent proches l'un de l'autre, elle souligne aussi parfois ce qui n'a pas changé en presque sept siècles… Son héroïne, Johanna, est une femme « bizarre » pour son époque (elle suit les hommes dans leur marche de protestation sur Londres, elle demande justice suite à son viol par celui que la justice lui attribuera comme sentence en qualité de mari, etc…) : elle est à la limite de se faire qualifier de sorcière… tout comme aujourd'hui une femme qui s'habille « un peu trop légèrement » sera à deux doigts (ceux qui servent à siffler pour certains) de se faire traiter de salope. Ces deux équations se rapprochent par leur simplisme et la similitude des attitudes.

La force du roman de Marie-Fleur Albecker se situe dans ces liens incessants, étonnants parce qu'on n'y a pas soi-même réfléchis alors qu'ils semblent d'une limpidité biblique, entre passé et présent.

Parmi les nombreux thèmes abordés, il en est un qui prend une dimension toute particulière et qui tourne autour du personnage de Johanna et de ce qu'elle représente. La place de la figure féminine au Moyen-Âge et celle qu'elle occupe aujourd'hui n'ont plus grand-chose à voir et pourtant le combat reste toujours autant d'actualité 700 ans, ou presque, plus tard. Johanna est celle qui accepte d'être elle-même et pas ce que les autres veulent qu'elle soit. C'est celle qui porte un regard à la fois tendre et féroce sur les hommes, malgré tout.

L'injustice est aussi un des autres thèmes majeurs qui tient à coeur de l'auteur. La plus grosse injustice est l'injustice de classe, celle liée au statut social des personnes concernées. Ainsi, en parlant de la guerre des Roses, guerre de succession au trône anglais, Marie-Fleur Albecker écrit : « Enfin, rétablissons les choses : il va y avoir une guerre, et comme dans toute bonne guerre, en fait, ce sont plutôt les Anglais, de préférence de basse extraction, qui vont au charbon pour des types qui veulent être rois. CCent mille morts après la Grande Noire et la Guerre de Cent Ans, c'était pas rien à demander au bon peuple, alors même qu'il existerait une solution bien plus simple et qui traine dans les tiroirs des hommes de troupe depuis pas mal d'années : balancer les rois, princes, généraux et ministres dans une arène, en slip de bain et armés de bâtons. Et hop ! à qui restera le dernier debout, la victoire. En plus, la vente des billets pourrait rapporter de l'argent, car qui n'a jamais rêvé de voir un prince en slip ? ».

Cette injustice trouve son prolongement dans le simplisme évoqué plus haut. Cette notion est avancée par les « puissants » face à ceux qui arguent que ce ne sont pas ceux-là qui la font la guerre mais bien eux, les « petites gens ». Ils accusent les paysans d'avoir une vision trop simpliste de la vie en générale et de la guerre en particulier alors que « ce ne sont pas eux qui se cassent le dos à biner dans les champs ou à nettoyer nos chiottes ». Une fois de plus, le débat ne semble toujours pas clos sept siècles plus tard…

L'injustice, Johanna la prend de plein fouet après son viol et pourtant, tout au long du roman, elle n'aura de cesse de penser sa situation au regard de la notion de justice qu'elle pense pouvoir toujours trouver avant de se rendre compte que la justice des hommes à laquelle elle aspire n'est pas la justice des êtres humains mais bien celle d'un sexe face à un autre, pensé plus faible.

Si ce livre est un récit sur l'injustice, il n'en oublie pas moins son pendant la révolte aussi veine semble-t-elle être… car tout le monde connaît l'issue de la marche des paysans anglais au risque de penser qu'aucun succès du pot de terre contre le pot de fer n'est envisageable ! « Marcher sur Londres, marcher sur la capitale, car c'est là que se niche le pouvoir, car c'est ce que font toujours les révoltés quand leur colère ne peut s'éteindre avec deux-trois pillages. Marcher sur Paris, marcher sur Versailles pour aller chercher le boulanger, la boulangère et le petit mitron (et là ce sont les femmes qui ont marché, elles aussi le savent, voyez-vous !), marche du sel, marche pour les droits civiques de Washington, marche des femmes, combien de millions de kilomètres avalés et de chaussures bousillées pour qu'au bout du chemin, toujours, se dresse l'espoir sans cesse déçu, sans cesse trahi, des lendemains qui chantent ? »

Et tout cela est fait avec un brio d'une drôlerie parfaite ! Marie-Fleur Albecker parvient ainsi à lier fond et forme sans jamais ennuyer son lecteur une seule seconde.

Ainsi, Marie-Fleur Albecker évoque le Londres de cette année 1381. L'extrait suivant montre à quel point elle est drôle grâce notamment à la superposition de ses grilles de lectures médiévales et modernes.

« A part ça, pas que Londres soit non plus le centre ultra-branché de l'époque ; c'est même une ville de ploucs. Les métropoles, les lieux en vogue, là où il faut être, les hipsters de l'époque se mettent à porter des costumes courts et des collants (sexy !), les mecs qui tentent la perspective en mode Giotto, rien à voir avec Londres, Londres à l'époque c'est un bon gros bled (relativement quand même, imaginez ces Ecossais, à porter le kilt et se peinturlurer la figure en bleue genre Mel Gibson dans Braveheart). Non, le centre du monde (que Johanna ne connaît pas, mais dont elle a sans doute déjà entendu parler), c'est l'Italie, Milan Venise Naples Gênes, ou encore les Flandres, Gand Anvers Bruges, Flandres d'où vient la grand-mère du Roi Richard et mère de Jean de Gand mais le Roi d'Angleterre vise plus haut : Paris, la plus grande ville d'Europe (même Johanna en a eu vent, Paris c'est une fête). »

Là encore, elle a fait le lien entre passé et présent, elle remet les idées à leur place et les choses en perspective… son style est enlevé, touche juste en mélangeant des références contemporaines sur les événements médiévaux comme pour mieux nous les faire comprendre avec nos conceptions modernes.

« Voici venu le moment crucial qui sépare l'émeute de la révolte : on a cassé deux-trois pots, brisé des vitrines au coin de la rue et laissé quelques cadavres sur le carreau, ça fait la mesure pour un accès de colère comme il y en a d'ailleurs eu les années passées. Ça, c'est business as usual. Encore une manif avec trois-quatre éborgnés par les flics. » On ne sait plus si on est en 1381 ou à la dernière manifestation d'un premier mai un peu agité en France !

Lien : https://wp.me/p2X8E2-Zm
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« Et j'abattrai l'arrogance des tyrans » est un titre qui nous indique clairement de quel côté de la barrière va se trouver notre héroïne. Johanna une femme au moyen âge en Angleterre va se retrouver emportée par sa conscience dans cette révolte des paysans, serfs. La révolte et la soif de justice est déjà en elle.

La narration va de Johanna, donc de l'individu à la collectivité, ce va et vient de particulier au général fait écho au mouvement social et physique. On va suivre cette femme qui se lance dans l'aventure où nul ne se rend vraiment compte de ce qui va advenir, ils vont se laisser déborder par les événements. Cela part d'une injustice qui concerne la liberté d'aller travailler où l'on veut. Au temps du servage c'est inconcevable. Il y a toute une hiérarchie féodale qui gère la vie des hommes et des bêtes. La grogne va toucher aussi les impôts trop importants.

En chemin elle va rencontrer des hommes dont le nom va passer à la postérité comme John Ball. A ce sujet je vous conseille de voir un autre point de vue complémentaire sur cette période dans « John Ball » de William Morris publié aussi aux Forges de Vulcain.

Johanna est un personnage fictif, mais de toute façon aucune femme n'a laissé de trace de cette période là.

Marie-Fleur Albecker ni va pas avec le dos de la cuillère, elle est plutôt du genre incisif, la fourche est plus appropriée pour symboliser la paysannerie et la révolte. le langage est plutôt actuel, elle nous plonge dans ces années là avec la langue d'aujourd'hui pour rendre plus parlant les questionnements des ses hommes et femmes. Elle utilise des images très significatives et des expressions très fleuries. Elle emploi une langue acérée mais très travaillée.

C'est un roman dans la lignée de certains romans de la maison d'édition « Aux Forges de Vulcain ». Des gens à la croisée des chemins qui revendiquent leur façon de voir la société en employant les grands moyens. L'humour provocateur et satyrique renforce le côté iconoclaste.

Je me suis régalée, ce mélange de provocation par la langue et de travail documentaire qui crée les fondations de cette histoire. Elle donne le droit à une femme du « peuple » de penser, sans en faire une copie de Jeanne d'Arc bien au contraire.

Johanna s'inquiète de cette petite voix intérieure qui la pousse à vouloir une meilleure vie. Une femme qui exprime les pensées est vite taxée de sorcière. Ce roman met l'accent sur les barrières mentales qui cloisonnaient les gens.

Il y a le village puis le chemin, l'immobilisme et le mouvement, dans tous les sens physique et moral. On passe de l'isolement et la population maintenue dans l'ignorance et dans un lieu retreint vers la sortie de sa « zone de confort autorisée» pour aller vers l'autre, et vers d'autres façons de penser l'avenir.

Dans la structure de la narration on retrouve ce crescendo de quelque chose de spontané vers quelque chose de plus structuré. J'ai trouvé intéressant que Johanna fasse le distingo entre la révolte et la révolution.

On découvre aussi la géographie de l'Angleterre de l'époque, c'est très visuel, Marie-Fleur Albecker nous remet dans le contexte avec la place de Londres, de la Tamise et des difficultés pour atteindre le but physiquement. Elle sous resitue aussi le contexte politique et la place de chaque personnage politique de l'époque. Où aller et à qui s'adresser…

Ce que j'ai beaucoup aimé ce sont ces digressions qui donnent un plus à la narration .

Je vous laisse découvrir ce roman passionnant et dynamique qui donne envie de bouger et de s'exprimer.

Lien : http://ramettes.canalblog.co..
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