J'ai lu ce petit livre d'Henri Alleg (1921-2013) qui a été comme un énorme pavé dans la mare au moment de sa publication. Directeur du journal communiste "Alger républicain" pendant la guerre d'Algérie, il a été arrêté, torturé et emprisonné, avant de s'évader. Dans ce témoignage, transmis secrètement pendant sa détention, il décrit « la question » extrêmement sévère qu'il a subie pendant un mois; au péril de sa vie, il ne dit rien. Il n'hésite pas à désigner nommément ses tortionnaires. La lecture est très éprouvante; mais les détails ne sont pas le plus important. Ce qui est essentiel, c'est de savoir si la torture a été systématiquement employée par l'armée française pendant la guerre d'Algérie. Certains l'ont niée, ou en tout cas l'ont beaucoup minimisée. Est-ce donc parole contre parole ? En fait, de nombreux indices ont étayé l'existence de cette pratique et, pour ma part, je n'ai pas de doutes. Une fois de plus, les hommes ont considéré dans leur lutte inexpiable que la fin justifiait les moyens. Par ailleurs, il faut noter que le cas Alleg est particulier, car il s'agissait d'une personne alors bien connue. Mais combien de suspects musulmans - anonymes - ont été torturés sans états d'âme ? - et leurs souffrances sont restées ignorées...
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