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Citations sur Je ne reverrai plus le monde : Textes de prison (223)

Chaque œil qui lit les phrases que j’écris, chaque voix qui répète mon nom est comme un petit nuage qui me prend par la main et m’emporte dans le ciel pour survoler les plaines, les sources et les forêts, les rues, les fleuves et les mers. Et je m’invite sans un bruit dans les maisons, les chambres, les salons.

Je parcours le monde depuis une cellule de prison.
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Mais il y avait ce "quelqu'un", cet être en moi que j'imaginais tissé des ombres lumineuses que tous ces glorieux morts tissaient dans mon âme, et il avait parlé et cela avait tout changé.
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Chaque nuit, à l'heure de nous endormir, de mystérieux tailleurs de pierre se mettent au travail dans les ténèbres de notre esprit, brisant à grands coups de marteau, ainsi que des blocs de marbre, les idées et les sentiments que notre intelligence a su extraire et sculpter hors de la matière de l'expérience. Le marbre, entre leurs mains puissantes, s'effrite et perd de sa dureté jusqu'à se fondre en une marée d'eaux noires profondes et mouvantes
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Meryem

Nous sommes trois dans une cellule.
Deux hommes pieux et un incroyant.
Enfermés ensemble à chaque minute.
Issu de milieux différents, différant encore par la culture, l'éducation, les mœurs et le genre de plaisirs que nous aimons, notre réunion dans une cellule ressemble à une collision de trains.


( p.135)
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Quand une chaleur torride enflamme les blés, pour limiter les ravages, on met volontairement le feu à un cercle d’épis qui circonscrivent l’incendie. Lorsque celui-ci atteint le bord du cercle, ne trouvant plus rien à brûler, il cesse. Le feu a éteint l’incendie.
Ainsi dans cette cage, la flamme de la mort avait-elle circonscrit, puis éteint, le feu de terreur qui menaçait de me faire rôtir.
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Je pense que pour un écrivain, le courage est une faute.
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Cet instant fut celui d’un renoncement.
L’instant où, se consacrant à lui-même, il renonça à tous les plaisirs, toutes les distractions, aux discussions entre amis, aux flâneries parmi la foule en ville, au plaisir d’acheter une chemise qu’on a d’abord admirée dans une vitrine, et surtout au plus nécessaire d’entre tous, l’amour – à la possibilité de trouver une épouse.
Il avait dédié sa vie à d’autres que lui.
Tel un moine, un veli, un saint, il s’était détourné de lui-même pour servir une cause qui n’était pas la sienne.
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Ma vie serait faite de toutes ces invisibles luttes que livre la conscience entre quatre murs de pierre ; j’allais être contraint de vivre en m’accrochant aux branches de mon propre esprit, les pieds suspendus au-dessus du gouffre, sans pouvoir jamais m’abandonner, ne serait-ce que l’espace d’un instant de faiblesse, à ces douces ivresses qui font dévier les hommes de leur route.
J’étais face au monstre de la réalité. Et il me faudrait désormais vivre au bord du gouffre comme un homme agrippé à sa branche.
Avoir peur, perdre le contrôle, me laisser envahir par l’effroi, m’abandonner au désir d’être libre, devenir fou, prêter le flanc, même une seconde : tout cela m’était interdit.
Un instant de faiblesse et tout ce que j’aurais fait, mon présent, mon futur, mon existence seraient anéantis. Si je lâchais ne fût-ce qu’une seule fois la branche à laquelle je m’accrochais tant bien que mal, c’en serait fini, ce serait le premier et l’ultime décrochage, après quoi on me retrouverait au fond du gouffre, petit tas d’os et de sang.
Mais combien de jours, de semaines, d’années, arriverais-je à tenir agrippé à cette branche sans jamais la lâcher, les pieds balançant au-dessus du vide ?
Si je lâchais la branche et finissais en morceaux au fond du gouffre de l’apathie, il n’y aurait pas que mon passé et mon futur de brisés, aussi ma force d’écrire.
L’éventualité de ne plus pouvoir écrire étant ma plus grande terreur, j’y puiserais une force capable de réprimer cette peur et toutes les autres ; la peur me donnerait du courage.
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Bon je rebondis sur ce titre, mais il est bien évident qu'il est derrière nous maintenant, puisqu'il fut publié fin 2019. Il fut certes pour Ahmet Altan d'un intérêt vital, mais ne saurait nourrir éternellement le besoin de cet artiste de se renouveler, surtout en captivité !

Enfin des nouvelles d'Ahmet Altan dans le journal Le Monde du 11 septembre 2020, depuis des mois de silence. Le Covid a donné de faux espoirs de libération pour les détenus politiques, pire les visites avaient été suspendues. Il me semble que ce point presse relève d'un contact avec l'avocate de Ahmet Altan, celle-ci précise qu'il va plutôt bien, ne s'alarme pas de son état de santé en tout cas. Il lit et prépare un roman, et bouge un peu dans sa courette d'où il voit un peu le jour et entend quelques cris d'oiseau perceptibles ..Il était seul dans sa cellule, un détenu depuis peu est venu le rejoindre. L'avocate lui rend visite à raison d'une heure tous les 15 jours, ça peut paraître bien mince mais ce fil est essentiel. Le chef d'accusation qui semblerait se préciser tourne autour de son soutien objectif en termes de propagande au leader d'opposition en exil Gulun qui selon le pouvoir turc est à l'origine du coup d'état de 2016, alors que l'administration de la preuve n'est pas établie contre l'écrivain turc.

En tout cas, merci Le Monde de se soucier du sort de l'écrivain turc auteur de Je ne reverrai plus ce monde, et heureux d'apprendre qu'il est plongé dans l'écriture d'un nouveau roman, de nature à le sauver véritablement..

Je me demande s'il arrive à cette brute d'Erdogan de lire un livre !..
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Il faut juste imaginer qu'au pire de vos ennuis quotidiens, et bien c'est encore plus dur dans son invariabilité carcérale pour l'écrivain Ahmet Altan. Je rappelle qu'il est incarcéré dans les geôles d'Erdogan, purgeant une peine indéterminée, jugé terroriste en 2016 pour avoir aidé une organisation "terroriste"(*) "en écrivant". .

(*) Terroriste aux yeux d'Erdogan qui relative la qualification, cela va de soi
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