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Citations sur L'obsolescence de l'homme (81)

La synchronie est la forme appauvrie du présent.
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Nous vivons dans un monde distancié, mais nous avons le sentiment, en tant que consommateurs de films, de radio ou de télévision (mais pas seulement en tant que tels), de nous trouver avec tout, absolument tout - les hommes, les régions, les situations, les événements, et surtout les étrangers -, sur un même pied d'intimité.
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Nous n’avons plus besoin de traverser un monde qui désormais vient à nous : ce que nous appelions hier encore l’ « expérience » est donc devenu superflu.
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Car ce sont les événements - les événements eux-mêmes, non des informations les concernant -, les matchs de football, les services religieux, les explosions atomiques qui nous rendent visite ; c'est la montagne qui vient au prophète, le monde qui vient à l'homme et non l'homme au monde : telle est, après la fabrication de l'ermite de masse et la transformation de la famille en public miniature, la nouvelle réussite proprement bouleversante de la radio et de la télévision.
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En nous retirant la parole, les postes de radio et de télévision nous traitent comme des enfants et des serfs.
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La famille est désormais structurée comme un public en miniature, le salon familial est devenu une salle de spectacle en miniature, et la salle de cinéma est devenue le modèle du foyer. Il ne reste plus aux membres de la famille qu'une chose à vivre véritablement ensemble, et non pas seulement simultanément ou juxtaposés dans l'espace : c'est l'attente du moment où ils auront terminé de payer l'appareil (et le travail qu'ils fournissent pour y parvenir). Une fois l'appareil payé, c'en sera alors fini une bonne fois pour toutes de leur communauté. L'objectif inconscient de leur ultime projet commun est ainsi l'extinction de leurs communauté.
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La télévision a liquidé le peu de vie communautaire et d'atmosphère familiale qui subsistait dans les pays les plus standardisés. Sans même que cela déclenche un conflit entre le royaume du foyer et celui des fantômes, sans même que ce conflit ait besoin d'éclater, puisque le royaume des fantômes a gagné dès l'instant où l'appareil a fait son entrée dans la maison : il est venu, il a fait voir et il a vaincu. Dès que la pluie des images commence à tomber sur les murailles de cette forteresse qu'est la famille, ses murs deviennent transparents et le ciment qui unit les membres de la famille s'effrite : la vie de famille est détruite.
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Ce mode de consommation permet en réalité de dissoudre complètement la famille tout en sauvegardant l'apparence d'une vie de famille intime, voire en s'adaptant à son rythme. Le fait est qu'elle est bel et bien dissoute : car ce qui désormais règne à la maison grâce à la télévision, c'est le monde extérieur - réel ou fictif - qu'elle y retransmet. Il y règne sans partage, au point d'ôter toute valeur à la réalité et de la rendre fantomatique - non seulement la réalité des quatre murs et du mobilier, mais aussi celle de la vie commune. Quand le lointain se rapproche trop, c'est le proche qui s'éloigne et devient confus. Quand le fantôme devient réel, c'est le réel qui fantomatique. Le vrai foyer s'est maintenant dégradé et a été ravalé au rang de « container » : sa fonction n'est plus que de contenir l'écran du monde extérieur.
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Tout le monde est d'une certaine manière occupé et employé comme travailleur à domicile. Un travailleur à domicile d'un genre pourtant très particulier. Car c'est en consommant la marchandise de masse - c'est-à-dire grâce à ses loisirs - qu'il accomplit sa tâche, qui consiste à se transformer lui-même en homme de masse. Alors que le travailleur à domicile classique fabriquait des produits pour s'assurer un minimum de biens de consommation et de loisirs, celui d'aujourd'hui consomme au cours de ses loisirs un maximum de produits pour, ce faisant, collaborer à la production des hommes de masse. Le processus tourne même résolument au paradoxe puisque le travailleur à domicile, au lieu d'être rémunéré pour sa collaboration, doit au contraire lui-même la payer, c'est-à-dire payer les moyens de production dont l'usage fait de lui un homme de masse (l'appareil et, le cas échéant, dans de nombreux pays, les émissions elles-mêmes). Il paie donc pour se vendre. Sa propre servitude, celle-là même qu'il contribue à produire, il doit l'acquérir en l'achetant puisqu'elle est, elle aussi, devenue une marchandise.
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En nous retirant la parole, les instruments nous privent du langage. Ils nous privent de notre capacité d'expression, de toutes les occasions de parler et de notre désir même de le faire, exactement comme la musique du gramophone et de la radio nous prive de l'occasion de faire de la musique en famille.
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