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EAN : 9781560976516
56 pages
Fantagraphics (06/01/2005)
4/5   1 notes
Résumé :
Scream Queen is the first book by Ho Che Anderson since his landmark graphic novel, King, a biography of Martin Luther King Jr. A woman driving through the desert picks up a younger woman whose car has broken down. They get chatting and reveal bits and pieces of their lives. After this meeting, the older woman leaves for an appointment with a man. When she arrives at his apartment, he's having sex with a woman. The woman confronts him and it turns out she's the livi... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome comprend une histoire complète indépendante de toute autre. Cet album est initialement paru en 2005. Il est écrit, dessiné et encré par Ho Che Anderson qui également réalisé la mise en couleurs sur les 2 pages qui en comportent, le reste étant en noir & blanc. L'auteur a réalisé une deuxième histoire avec le même personnage principal : Sand & Fury (2010). Il est également l'auteur d'une biographie de Martin Luther King junior sobrement intitulée King.

L'ouvrage se présente sous format carré, avec un côté de la dimension d'une hauteur de comics. Il comprend 50 pages de bandes dessinées, avec une mise en page de 2 cases de la largeur de la page, l'une au-dessus de l'autre, avec des dessins en pleine page intercalés. L'intrigue est linéaire et simple. Une femme conduit une voiture, en fumant une cigarette. Elle progresse le long d'une autoroute qui traverse une zone semi désertique. Elle s'arrête à hauteur d'une voiture arrêtée sur le bas-côté. Une jeune femme blonde est en rade, sa voiture étant en panne. Elle la prend à bord et l'emmène jusqu'à sa ville de destination, appelée Prexel (400 habitants).

Dans la voiture, les 2 femmes échangent quelques paroles, roulant de nuit. La blonde explique à l'autre (Scream Queen) quand la panne est arrivée et que son père va s'inquiéter si elle ne rentre pas chez elle. Elle tient une station-service qui est propriété de son père. Il n'y a pas beaucoup de clients, mais ça lui permet de mettre un peu d'argent de côté en vue de se payer ses études l'année prochaine. Elle souhaite aller à New York pour étudier.

50 pages, à raison d'au maximum 2 cases par page, il s'agit d'une bande dessinée qui se lit très vite, d'autant que les dessins sont réalisés à gros traits. L'intrigue a une importance toute relative, avec 2 parties bien distinctes. La première montre Scream Queen déposant la blonde chez elle et restant pour papoter quelques instants. Elle apprend que cette dernière fait 2 boulots pour pouvoir mettre de côté. le deuxième boulot semble être celui de danseuse-effeuilleuse, une idée qu'elle a eu à force de voir les couvertures de charme des magazines de son père. La deuxième partie montre le but du voyage de Scream Queen, la mission qu'elle s'est imposée, impliquant un homme qui a une relation sexuelle avec une femme, et de liens utilisés dans le cadre de pratique sadomasochiste. L'histoire se lit rapidement, sans difficulté. le lecteur se rend compte qu'il assimile un bon volume d'informations au travers des dessins et des dialogues qui se complètent, sans redondance.

Le comportement de Scream Queen est franc et direct. Ses échanges avec la blonde font ressortir l'objectif de la blonde : réaliser des études, et vivre dans un environnement mois étriqué que celui d'une ville de 400 habitants. Dans sa réponse, Scream Queen fait comprendre qu'elle est elle aussi habitée par une seule idée, un seul objectif, et le lecteur comprend à demi-mots qu'il s'agit de se préoccuper d'elle-même. Néanmoins cette affirmation égoïste ne trouve pas de correspondance dans la deuxième partie du récit.

La deuxième partie du récit tient la promesse sous-entendue du titre : de la violence. Il y a donc une scène de rapport sexuel occupant 4 pages, avec des partenaires tout nus. le récit se termine avec un acte de violence caractérisé, justifié par un comportement criminel qui est évoqué lors du dialogue entre Scream Queen et l'homme prénommé Raymond. Il y a donc une intrigue, avec une fin qui apporte une résolution. Malgré la faible pagination, et le volume restreint de phylactères, l'auteur réussit à raconter une histoire en bonne et due forme. Il utilise des ellipses et des sous-entendus mais sans en abuser, présumant de l'intelligence et de la participation du lecteur, à un niveau raisonnable. Ce dernier peut éprouver un plaisir ludique à essayer de creuser un peu plus, pour trouver d'autres niveaux de lecture. Il peut constater qu'aucune de 3 femmes n'apparaissant dans le cours du récit n'a droit à un prénom, alors que ceux des 2 hommes sont cités : Ronny, puis Raymond par ordre d'apparition. Il peut voir en Raymond un prédateur sexuel, et en Scream Queen une prédatrice de prédateurs. le deuxième boulot de la blonde repose sur la tension sexuelle entre mâle et femelle, la transformant en objet sexuel, mais elle reste dans le domaine de l'allumage et profite des bas instincts des hommes pour leur soutirer leur argent, sans aller jusqu'à la prostitution.

Le premier contact avec cet ouvrage se fait par le biais de l'illustration de couverture, à la fois descriptive (la bouche d'une personne en train de hurler, le lecteur suppose qu'il s'agit de la Scream Queen du titre) et également expressionniste par les bustes placés en arrière-plan. le couteau ensanglanté qui souligne le nom de l'auteur fait la promesse d'une histoire avec blessure par arme blanche. En découvrant les premières pages, le lecteur découvre un récit en noir & blanc avec de copieux aplats de noir. Il est surpris par le choix effectué par l'artiste en ce qui concerne les traits servant à détourer les formes. Ils sont irréguliers dans leur propre contour, avec des petites pointes irrégulières. En fait ils donnent l'impression que les dessins ont été réalisés à une taille beaucoup plus petite, et que le dessinateur les a ensuite agrandis avec une photocopieuse, grossissant ainsi les défauts de tracé. Ces traits ne sont pas tremblés, mais grossiers.

Étonnamment, ce rendu laisse place à un autre une fois arrivé à la station-service. Les traits de contour perdent leur irrégularité et deviennent net et sans bavure. Mais les dessins perdent leurs courbes, au profit de tracés plus anguleux. La deuxième partie du récit présente cette même dichotomie, avec des traits de contours pas propres au début, et des contours anguleux dans les 2 derniers tiers. En réfléchissant aux séquences concernées, le lecteur peut supposer que les traits de contours irréguliers correspondent aux moments où Scream Queen se laisse porter par les événements, et ceux plus réguliers aux moments où elle prend l'initiative. Mais l'auteur n'explicite jamais ce parti pris graphique et son sens ne relève pas de l'évidence.

Les dessins d'Ho Che Anderson semblent un peu taillés au burin, avec précision, mais en laissant encore une part de matière brute. Il ne dessine pas pour faire joli, mais les dessins décrivent les personnages et les lieux de manière concrète. le lecteur reconnait le modèle de voiture conduit par Scream Queen. Il peut détailler les objets sur le bureau de travail de la blonde, dans la station-service. Il voit la télécommande de l'oeuf vibrant utilisée par la femme dans la deuxième partie. Sans en avoir l'air, les dessins peuvent contenir des détails concrets et nombreux.

Le recours à de gros aplats de noir et le choix des cadrages transmettent des impressions au lecteur. Pour commencer, il ressent les ténèbres de la nuit sur cette route déserte au milieu de la nature. Il ressent l'isolement du véhicule, la solitude de la blonde assise sur son capot, sans grand espoir de voir quelqu'un passer, vaguement inquiète de qui pourrait s'arrêter. Il ressent la tension de Scream Queen et Raymond alors qu'ils s'affrontent oralement dans la deuxième partie. La narration visuelle passe régulièrement dans le registre expressionniste également. En particulier, toujours lors de ce dialogue, l'artiste ne représente plus de manière littérale les visages et les corps. Il tire les contours vers des formes plus abstraites et plus géométriques (sans aller jusqu'au cubisme). À plusieurs reprises, le lecteur peut également constater que s'il détache une case de sa séquence, il est en train de regarder un dessin qui est devenu abstrait, sans forme reconnaissable. Ce n'est que la case du dessus (ou du dessous) ou la place dans la séquence qui donne un sens concret aux formes présentes dans la case.

Ce court récit tient bien sa promesse d'une forme de thriller, avec meurtre et violence, dans un coin paumé des États-Unis. Ce n'est pas un concept de thriller puisqu'il reste quelques éléments concrets. L'auteur ne va pas jusqu'à l'abstraction ou le métacommentaire sur le genre. Il utilise une poignée de convention du genre, au premier degré. Les images montrent des éléments concrets et réalistes. En même temps l'intérêt de la lecture ne réside pas dans l'intrigue (assez mince), ni dans une étude de caractère (peu de paroles, peu d'actes). L'auteur a déplacé sa narration vers l'abstraction, sans totalement quitter le domaine du concret. Il n'est pas en train d'effectuer des recherches dans le cadre d'un récit expérimental, car il utilise les techniques à bon escient, dans le cadre d'une rigueur narrative. Il raconte un récit en bonne et due forme. du coup l'appréciation et le plaisir du lecteur dépend fortement de ce qu'il est venu chercher. S'il veut un roman noir bien tordu, il reste un peu sur sa faim. S'il est venu chercher une narration graphique échevelée et se coupant du registre concret, il reste aussi sur sa faim. S'il s'attache aux sensations et aux états d'esprit, il apprécie ce mode narratif comme un juste milieu.
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