AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 28 notes
5
4 avis
4
1 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Déambulation sur les traces parisiennes de celui qui n'était pas encore Hô Chi Minh. Les indications dénichées sous la plume de différents biographes et historiens, dans la chemise toilée à sangle, conservée aux Archives nationales d'outre-mer à Aix-en-Provence, et dans les rapports de surveillance du militant anticolonialiste, conduisent Joseph Andras d'arrondissement en arrondissement. À la reconstitution approximative de ce parcours, il mêle ses souvenirs, récents ou anciens, personnels, littéraires ou historiques : des barricades de la Commune à celles des Gilets jaunes.
Peu lui importe le chef révéré, le « grand prêtre d'un communisme défunt et partout condamné », « c'est cet homme-ci, dans l'exil et les recoins d'une capitale au sortir de la guerre » qui « dormait dans des gourbis, écrivait des articles dans une langue que sa mère jamais ne lui chanta et parcourait Paris sous l'oeil retors de la flicaille », dont il va rechercher et suivre les traces.

En 1917, 1918 ou 1919, celui qui s'appelle alors (et entre autres) Nguyên Tât Thanh débarque de Londres où il a « appris un mot dont l'absence compromet jusqu'à la vie même : révolution ». Rue de Charonne, rue Marcadet, rue Monsieur-le-Prince, villa (entendre une impasse) des Gobelins, impasse Compoint, Rue Jacques-Callot siège du journal Parias à ses débuts, où il faisait presque tout, avant qu'il ne déménage rue du Marché-des-Patriarches, les « balises » sont précises et floues à la fois.
Il adhère à la SFIO, fait un don de cinq francs à L'Humanité pour élever un monument à la mémoire de Jaurès, fonde un collectif de patriotes annamites, les Cinq Dragons, avec qui, pendant les négociations du Traité de Versailles, il va proposer « aux puissants de l'Entente, et plus particulièrement à l'Hexagone », huit réformes concrètes : amnistie des prisonniers politiques indigènes, fin de la justice d'exception, liberté de la presse d'opinion, liberté d'association et de réunion, liberté d'enseignement, remplacement du régime des décrets par le régime des lois et instauration d'une délégation permanente d'indigènes élus au Parlement français. Revendications fort prudentes qui ne rencontreront pourtant aucun écho. « L'État est ainsi fait : sourd comme un pot. Un gros pot de fer. Formulez deux ou trois requêtes raisonnables, résolument décentes, même un peu prosternées la paupière basse, et voyez-le vous toiser du haut de son gros cul de fer. Jurez lui qu'il en est trop, vraiment trop ; il en appellera à la loi qu'il a, heureux hasard, lui-même conçue. Sur ces entrefaites, enfoncez la porte d'un ministère ou esquissez dans le ciel d'épaisses grappes de la fumée des voitures, des appartements ou des restaurants des plus aisés d'entre ses citoyens ; tout soudain, il vous voit. Pour peu que vous réduisiez en poussière une caserne ou un camions de flics, vous voilà à la table – de torture, d'abord, puis des négociations. C'est chagrin, mais l'État est ainsi fait. »
S'il passait beaucoup de temps dans les bibliothèques, notamment pour écrire son premier livre sur « l'histoire de l'Indochine assujettie jusqu'à sa nécessaire libération », il s'intéressait peu aux écrits politiques. Après avoir lu une brochure sur les thèses de Lénine, il avoue n'avoir pas tout saisi mais retient que les communistes se souciaient des colonies bien autrement que les socialistes. « la théorie le faisait suer, le sexe des anges bâiller. » « Il fréquenta les chapelles qui d'ordinaire se font la grimace, et parfois la guerre. »

Joseph Andras multiplie les digressions sur le pouvoir, l'État, la révolte. Dans une longue envolée qui condense l'histoire de quelques insurrections des plus mémorables, il rappelle comment, derrière les illusions de « la République et les droits de l'homme, autant de plaisantes trouvailles », on a, hier comme aujourd'hui, tenté de contenir les colères populaires : « On finirait bien par les assagir, ceux-là qui n'ont que leurs bras pour vivre, tas de rouges, hardes de noirs, nuques raides de la Nation, on finirait bien par leur proposer, un jour, les bagnoles qu'ils produiraient. On pourrait aussi les convier à tuer leurs semblables aux frontières du pays ou de ce côté du monde où les nez ne pointent pas, où l'iris luit plus sombre : maîtres et marmiteux enfin compères sous l'oriflamme ! La belle idée ! Qui n'y goûterait guère serait jeté au trou ou troué pour de bon : on ne renâcle pas face à la démocratie. »
À propos du nazisme, il propose un point de vue intéressant : « L'empire créa la race pour enseigner à ses fidèles pourquoi il était bon d'entreprendre au loin ce que nul ne saurait entendre en son coeur. Hitler fit la notion sienne puis malmena les distances : ce que l'Europe libérale offrait aux sauvages, le Reich l'offrit aux sous-êtres. (…) L'Allemand fut un élève zélé : il accomplit sous nos yeux l'oeuvre que nous réservions à nos lisières. Son regard nous transit car nous savons sans nous l'avouer tout à fait qu'il est notre miroir. »

Ôde à Paris, aux strates mémorielles qui recouvrent chaque lieu et dont ce promeneur, solidaire « [d]es derniers, [d]es perdants, [d]es foireux, [d]es mal fichus, [d]es ignorés », vient explorer la topologie spacio-temporelle, mobilisant ses souvenirs et ses savoirs dans sa déambulation. « Les morts n'habitent les lieux que dans l'esprit fabulateur des vivants : “ci-gît“obstrue l'imagination, “ici a vécu“la stimule. Des mouches déposent leurs oeufs puis les asticots, bouffant les tissus, cèdent place à tout un fatras d'os – de leur poussière, bientôt, nous esquissons des flèches aux parois du dédale qui nous tient lieu de vie. » Son enquête est une longue adresse à lui même, un prétexte, aussi, à rêverie solitaire et introspective. En évoquant ces années de formation d'un révolutionnaire, c'est au « franc-tireur », à l' « éternel insurgé » qui l'habitent, que Joseph Andras s'adresse avant tout. Happé par le pouvoir, il cesse d'ailleurs de l'intéresser. La révolte et le chemin qu'elle emprunte, sont, en vérité, ses vrais sujets.

Article à retrouver sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
Commenter  J’apprécie          300
Hồ Chí Minh avant Hồ Chí Minh. Joseph Andras, dans un bref récit, suit les traces, dans les années 1920, de celui qui se nommait alors Nguyễn Ái Quốc, qui vivait à Paris, et qui n'était pas encore le grand leader communiste vietnamien qui deviendrait en 1954 le premier président de la République démocratique du Viêt Nam.

Entre pérégrinations dans les rues parisiennes pour retrouver les lieux, qui ont parfois disparu, dans lesquels il a vécu, travaillé..., comme occasions également d'évoquer les luttes sociales présentes, entre recherches diverses et variées, entre plongée imaginaire dans le passé pour mieux tenter de retranscrire le parcours de Nguyễn pendant son passage dans la capitale française, l'auteur nous conte la progression politique d'un jeune homme idéaliste.

Même si je suis toujours aussi convaincue par la plume de Joseph Andras, j'ai été, pour la première fois, moins entraînée avec elle dans les thèmes proposés.
Commenter  J’apprécie          120
A la manière d'une mosaïque éclatée, Joseph Andras rassemble et recoupe différents témoignages, d'extraits d'archives ou de photographiques pour retracer les années de formation d'un jeune homme venu d'Indochine dans un Paris bouillonnant.
Ainsi Hô Chi Minh s'initie aux luttes politiques, au militantisme. Il se frotte aux forces policières et découvre la clandestinité des sans-papiers.
A cette trajectoire individuelle, Joseph Andras associe les échos plus contemporains d'autres drames et d'autres luttes sociales.
J'ai trouvé en tout point passionnant la partie biographique et a conception formelle du récit à la fois nerveuse et ramassée, en revanche le parallèle avec les Gilets jaunes ou la Commune m'a paru artificiel pour ne pas dire tartignole. Sur ce sujet, il existe heureusement bien d'autres documentaires plus pertinents.
Commenter  J’apprécie          50
La première page est un ancrage passionnée dans cette volonté de faire découvrir cet homme qui, connu sous la joute de son éclat, de sa destinée finale, de cette forme de piédestal communautaire, de cette force volontaire de son rôle, de son nom, de sa stature, de sa représentation, Joseph Andras entremêle une passion dévorante, voir subliminale, comme si, il devenait à travers sa prose, cette personne qu'il façonne dans ce roman, à travers son parcourt Parisien, déambulant dans ces rues où il fut présent à cette époque des années folles, à la sortie de la Grande Guerre, dans une France vainqueur, une France en reconstruction , une France colonisatrice, elle est cette puissance arrogante, amnésique de la détresse des peuples qu'elle asservit, Joseph Andras vous propulse dans un roman aux couleurs multiples, une trinité schizophrénique colore le style, celle du narrateur, du personnage et de la fusion des deux, le temps est déchiré entre ce présent des années 1918 et notre époque, une juxtaposition de ces deux époques et des lieux fusionnent un roman riche de références intimes de la mémoire de l'auteur et celles glanées au fil des recherches sur Hô Chi Minh, plutôt sur Nguyen Ai Quôc, ce prête nom, Joseph Andras c'est donné cette ligne de conduite de ce militant Parisien.
J'ai lu son premier roman de nos frères blessés édité en 2016, ce témoignage sur Fernand Iveton, jeune européen communiste, ouvrier indépendantisme prenant fait et cause pour les Algériens face au despotisme colonialisme Français, dénonçant les inégalités, l'injustice, le racisme lâche de la colonisation de l'Algérie, une lecture forte, une ressemblance avec ce jeune Nguyen, faisant parti du Groupe des patriotes annamites surnommé les cinq Dragons, ce militant des revendications du peuple Annamite, venant à Versailles pour les présenter aux représentants des pays réunis pour le Traité, relayés dans le journal l'Humanité, présentant ces huit réformes, puis ensuite adressées à la presse française, et douze mille exemplaires donnés à des militants divers comme la CGT, la SFIO, en Irlande accouche ce mot, inconnu et obscur à ces yeux, Révolution, dans ce pays où il apprend que les blancs tués des blancs. A travers ces deux personnes, Joseph Andras exprime la révolte qui l'anime à travers eux. Nous allons suivre dans Paris, la route de notre personnage à travers le narrateur, comme un pèlerinage, cette déambulation Parisienne retrace le parcours assez peu facile à retrouver de Hô Chi Minh sous le nom de Nguyen, laissant Joseph Andras jalonner des faits marquants inscrits dans sa mémoire qu'il distille au fil de sa balade à travers les lieux, Paris révèle ces faits divers, ces anecdotes, ces vies qui l'ont traversées et ces fantômes du passé. Il y a comme une quête d'un Paris fantôme, celui caché où le regard est aveugle, le narrateur de son oeil affuté, caresse les passants, les aspirant à son émotion, tous ses sens affutent sa vision, Paris n'oublie pas ses origines, le monstre vampirise cette ville monarchique des arts, souvenirs Haussmanniens dans son architecture.
Au début du roman, une carte de Paris simple, laissant apparaitre tous les arrondissements et la seine qui découpe la ville en deux, puis en pointillé le parcours de Nguyen dans ces années 20, celui qu'emprunte Joseph Andras dans sa flânerie. La tâche pour découvrir les lieux d'habitations, les dates et cette intimité qui l'anime fut assez rude mais aidé par les services secrets Français le surveillant, les archives nationales d'outre-mer ont conservé un dossier au nom de « Nguyen Ai Quoc », avec beaucoup d'humour, Joseph Andras loue la Police de prêter mainforte aux historiens, déjà l'ambassade Française avait prié les autorités Britanniques de le surveiller dès juin 1915, Raymond Poincaré « se souciait en personne du trouble-fête », « agitateur révolutionnaire » le désignait sur les rapports de police. Joseph Andras s'aida de certaines biographies d' Hô Chi Minh, de certains témoignages, qu'ils citent à la fin de son livre, nous apprenons l'origine du titre du roman Au loin le ciel du sud, tiré d'un poème d' Hô Chi Minh, écrit en Chine dans les années 1940, il dévoile une partie de ce poème qui englobe le vers du titre.
Beaucoup de références s'échappent de certains lieux qu'a côtoyé Nguyen sous les pas de Joseph Andras dans cet itinéraire en mémoire à ce jeune homme de 29 ans, son âge est un chiffre variable d'une naissance dictée par le Parti, des discordes existent, ainsi sur sa taille, il y a beaucoup de zones d'ombres qui accompagnent la vie de Nguyen, cet homme aux multiples noms qu'il porta dans sa vie, plus de cent soixante-quinze répertoriés par la Presse du Parti en 2015. le jeu de piste débute dans la rue Charonne, au détour d'un article paru en 1970, dans l'Humanité, sous la plume de Michèle Zecchini, responsable de la SFIO, les dates sont incertaines, c'est un vacillement, ces recherches sont presque une cause perdue comme le dit le narrateur à la fin de sa première page « tu n'y trouveras rien. », au fil du roman ce pèlerinage devient plutôt comme un herbier, « trouver, prélever, nommer. », puis Joseph Andras découvre une plaque au 9 de la rue Villa Compoint, témoignant d'avoir vécu pendant deux ans à cette adresse, enfin cet « homme insaisissable », devient réel par cette marque gravée au mur par cette plaque libérant les fantômes, validant cette démarche presque folle de réveiller ce spectre évanescent, « Tu n'as donc pas totalement perdu la raison : ton fantôme fut. ». Au cours de ce roman Joseph Andras hésite, balbutie, découvre, dévie de sa ligne de conduite, déçu des mots violents prononcés par Nguyen sous le nom Hô Chi Minh, vingt ans plus tard, devenu dépositaire du parti de son pays, lors d'un entretient, ce mot « briser » ce verbe n'oublie pas le quatrième point, et ce sang fratricide qui nomme ainsi pour ces mots prononcés, « exterminer politiquement ». Dans la douleur du sang, Joseph Andras laisse ses émotions le gagner, la dualité de son personnage brise en quelque sorte cette ligne qu'il ne voulait pas franchir, visiter le côté obscur de cet anonyme Parisien, Boris Souvarine le décrit comme « insignifiant », voir « pas le moindre intérêt », il a eu de nombreux surnoms lors de son périple Parisien, « l'homme aux sandales de caoutchouc », « l'homme de l'ombre et de la grève », « le balayeur et le stratège », « le paria au front si haut », le rebelle et le révolutionnaire l'habite « clopin-clopant » , Joseph Andras se nourrit de ce militant, celui qui cherche à sauver son Indochine au prise à la colonie Française, son peuple est sous l'emprise de l'alcool et l'opiacé, la guillotine est l'acte finale de cette répression, demandant au congrès de Tours en 1920 cette aide pour son pays, « Camarades, sauvez-nous ! »
Dans les dédales de ce parcours, les gilets jaunes embrasent les rues, le massacre de Charonne murmure son horreur, de ces neufs morts, puis les attentats du 13 novembre 2015 pleurent ces 19 morts au nom d'un Dieu et d'un pays la Syrie, s'ensuit le sang des barricades de cette troisième république, le sang coule la misère de l'humanité qui se brise en elle, rode au 129, l'hommage d'Alain Geismar au militant Maoïste, Pierre Overnay tué par un vigile Renault en 1972, ce tourbillon envahit Joseph Andras vers ce suicide à la roulette russe de Vladimir Maïakovski et de sa muse Lili Brik, Louise Michel s'invite dans une conférence, une lecture qui remue le passé, Ulysse , le poème de benjamin Fondane s'éveille pendant ce parcours, c'est une mélodie qui sommeille dans les souvenirs de ce voyage où Joseph laisse sortir ses émotions littéraires face à cette quête introspective.
J'ai beaucoup aimé me perdre dans ce roman, riche en références, il y a comme des rhizomes qui viennent germer de toutes parts, j'ai arpenté ce livre comme si c'était une montagne, j'étais de première corvée, à pouvoir parcourir cette prose intime, brutale, poétique, polyphonique et mystérieuse, j'ai suivi les sentiers ouverts par l'auteur, mais ses chemins de traverses, je me suis balader dans ces rues Parisiennes comme un aveugle qui découvre à travers les yeux de Joseph Andras, l'histoire qu'elle recèle. Une fraicheur clos ce roman, une légèreté de la nature qui entoure Joseph Andras, ce paysage lui inspirant un dernier vers pour l'homme aux sandales de caoutchouc, cette rose qui fera gueuler l'arbitraire d'un prisonnier.
Commenter  J’apprécie          20
Au loin le ciel du Sud est un récit étonnant, une déambulation dans Paris, pendant laquelle l'auteur part à la recherche de l'insaisissable passage d'Hô Chi Minh à Paris, dans les années 1920. L'homme, qui se faisait alors appeler Nguyên Ai Quôc, a vécu quelques années dans la capitale, mais il reste peu de traces de son passage. Joseph Adras chemine, évoquant pêle-mêle le futur dictateur, la Révolution Française, les attentats des années 2010 ou encore les premières années du communisme. Je pense qu'il me manque quelques références historiques, mais aussi une bonne connaissance de Paris, pour vraiment apprécier. L'auteur se parle à lui-même, utilisant le "tu" pour montrer sa pensée, ce qui m'a beaucoup déroutée, voire gênée. Cependant, la langue employée est très belle et agréable, en témoigne le titre, particulièrement poétique. Ce style de récit ne m'est pas habituel, mais c'était un cadeau et je suis contente de l'avoir lu pour sortir de ma zone de confort, et je serais curieuse de lire un roman du même auteur.
Commenter  J’apprécie          10
Rien de tel dans une lecture que de côtoyer la petite histoire reliée à la grande Histoire.
Joseph Andras excelle dans ce genre de récit-roman et nous offre avec son dernier écrit : "Au loin le ciel du Sud" un poétique et cruel exemple sous la forme d'une promenade pédestre dans les rues de Paris.
Nous sommes à la fin de la première guerre mondiale.
Hô Chi Minh (1890-1969), futur maître de la République Démocratique du Vietnam y séjournera après de nombreux voyages de par le monde.
En 1919 dans la ville lumière, il est un farouche défenseur de la lutte contre le colonialisme et à juste raison, son pays appelé Indochine est sous le joug des français depuis 1887 avec l'oppression qui va avec.
Cet annamite connu des services de sécurité nationale française sous le nom de Nguyên Ai Quôc se considère comme un opprimé du capitalisme.
Il va s'engager avec ferveur dans ses idéaux, ses revendications légitimes, à l'époque contre l'exploitation de son pays et de ses habitants .
L'Histoire du Vietnam va bousculer ses idées et faire de ce combattant d'une certaine liberté, un oppresseur communiste , un personnage ambigu,
terre à terre et responsable du massacre de nombreux compatriotes, c'est la grande Histoire.
La petite histoire nous emmène de fil en aiguille dans le Paris d'aujourd'hui
sur les traces de ce jeune révolutionnaire ancré dans sa foi.
Joseph Andras dans ses déambulations relie les enchevêtrements de la lutte des peuples comme la "Commune" et les gilets jaunes.
Diagonales entre méditation et réalité, son livre nous traverse tant bien que mal vers une réflexion universelle mélancolique, une évocation de notre monde d'aujourd'hui.

Commenter  J’apprécie          10
Ici l'auteur s'intéresse tout particulièrement à un homme : HÔ CHI MINH. Enfin, pas exactement, il pointe son prisme vers ce jeune homme militant avant qu'il ne s'appelle ainsi, alors qu'il habite chichement à Paris et que les services français d'espionnage le pistent déjà dans cette période à cheval entre les décennies dix et vingt du siècle numéro vingt, en pleine métamorphose du pouvoir, celui des Soviets en Russie, où le jeune Indochinois ira prendre des leçons de lutte.

Avant de poser ses valises à Paris le futur HÔ CHI MINH a bourlingué et usé ses semelles en divers coins de la planète. Mais ANDRAS focalise sur la période parisienne, l'occasion pour lui d'arpenter les rues de la capitale au XXIe siècle afin de voir surgir l'ombre de son personnage peint. Et bien sûr la tentation de parler de lieux chargés d'histoire, celle qui écrasent les miséreux, les révoltés, les contestataires.

Pour ce qui est de la biographie de HÔ CHI MINH, ANDRAS se base sur celle qu'a jadis rédigé un typographe communiste. Et l'on en apprend de belles. Notamment que le futur premier Président de la république démocratique du Viêtnam est passé par 175 pseudonymes pour brouiller les pistes. Qu'il fut membre actif de la SFIO en France, attiré par LENINE et le bolchevisme, mais aussi par les milieux plus libertaires, dans un élan humaniste et unificateur. « Un buveur d'eau qui avait foi en la révolution ». Un poète aussi, ce que l'histoire n'a pas retenu.

Joseph s'y prend avec un immense talent. S'il poursuit les traces d'HÔ CHI MINH, c'est pour mieux exposer l'autre histoire, celle des révoltes du XXe qui se trament, celle des mouvements contestataires, en France notamment. Brillant exercice, toujours sur la corde raide, mais jamais l'auteur ne bascule, il tient le cap avec force, dans une langue agressive et poétique, caustique aussi, « Les martyrs ont l'amer privilège de ne pas décevoir ».

L'exercice est bref, moins de 110 pages, mais « Les citations ont au complet la vocation disons-le emmerdante ». Alors ANDRAS a épuré, essoré, jusqu'à ne laisser que l'essentiel, et c'est une réussite totale.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

Lien : https://deslivresrances.blog..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (74) Voir plus




{* *}