Matthieu : Le manque de cohérence est souvent lié au sentiment exacerbé de l'importance de soi. Celui qui veut absolument afficher une image flatteuse ou trompeuse de lui-même a du mal à admettre ses fautes et à se montrer tel qu'il est. Il a tendance à tricher quand ses paroles et ses actes ne sont pas à la hauteur de l'apparence qu'il veut donner.
Quand nous ressentons de la joie, l'ego s'éclipse. Il n' a plus besoin de prouver quoi que ce soit. Voilà pourquoi nous accabler de reproches ne sert à rien. Au contraire, cela aurait plutôt tendance à exacerber le petit moi. Le chemin de la libération ne passe donc pas par une mortification mais bel et bien par le don de soi, la joie et le partage. Et des petits exercices réitérés au quotidien nous y conduisent.
Matthieu : Nous avons tous en nous un mélange d'ombre et de lumière, mais cela ne veut pas dire que nous sommes condamnés à rester ainsi pour toujours. Nos habitudes ne restent les mêmes que tant qu'on ne fait rien pour les changer. Se dire qu'on est comme ça, que c'est à prendre ou à laisser, et abandonner la course avant d'avoir franchi la ligne de départ, tout cela revient à sous-estimer considérablement le pouvoir de transformation de notre esprit. Notre possibilité de contrôler le monde extérieur est bien sûr très limitée, mais ce n'est pas du tout la même chose avec notre monde intérieur.
Alexandre Jollien :
Il est vain de condamner le monde, d'accuser la terre entière. Pose des actes, aider, soutenir pour de vrai, voilà ce qui compte.
Le vrai pratiquant n'a aucun mal à renoncer aux choses futiles, car il éprouve à leur égard aussi peu d'intérêt qu'un tigre pour un tas de paille.
[Matthieu]
Alexandre : [...] Ne plus se contenter d'une générosité en vrac, désincarnée, voilà le défi. Parfois il est plus facile d"e témoigner une infinie patience au premier venu que de ne pas envoyer balader sa femme à la moindre dispute.
Christophe : D'ailleurs, des études sur le discours des patients montrent que, lorsque les gens progressent en thérapie, ils ont alors tendance à utiliser beaucoup plus le "nous" que le "je".
Christophe André
Nous vivons dans une société extrêmement toxique et d'une malignité absolue, puisqu'elle nous incite à acheter, à posséder, à accumuler, et puis au bout d'un moment elle nous pousse à jeter pour acheter autre chose.
Et là, tout de suite, virons les accessoires inutiles, tout ce qui nous empêche de progresser dans la joie, la paix et l'amour! (Alexandre Jollien)
Alexandre : Il faut bien distinguer deux choses. La vocation du maître spirituel est de nous arracher à la prison de l'ego en nous rapprochant de l'Eveil ou de l'union à Dieu ; la mission du thérapeute consiste à nous aider à traverser des épreuves, à trouver des outils pour assumer les grandes souffrances. Si un psychiatre veut jouer au maître spirituel et pratiquer les électrochocs que l'on trouve dans le zen, il peut envoyer un patient droit au cimetière.