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Citations sur Le tour du doigt (49)

D'accord m'expliquait-il quelques temps après nos noces, tu as épousé ta femme pour son profil, j'ai pris la mienne pour ses hectares de terre et ses vertus paysannes. Toi par amour, moi par amitié. Mais tu verras que d'ici un certain nombre d'années, vingt ou trente peut-être, la différence n'y paraîtra point. Les sentiments rancissent comme le beurre et le saindoux et un beurre très vieux et très rances, tu ne peux plus les distinguer l'un de l'autre.
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Vendredi (le chien)m'apporta ce sentiment précieux entre tous et que je n'avais jusque-là éprouvé qu'à Vollore-Montagne, de me sentir nécessaire au bonheur de quelqu'un.
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J'étais pourtant bien reçu chez ces gens, je trouvais ma chaise au coin du feu, nous mangions ensemble des châtaignes en buvant du vin nouveau, la chienne qui m'avait pris en amitié sincère se couchait près de moi et posait sa tête sur mon soulier. Néanmoins, trop de regards m'enveloppaient, si la lumière s'était tout à coup éteinte, je suis sûr que je les aurais vus luire dans l'ombre comme ceux des loups.
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Les permissions, c'est comme toutes les inventions humaines, cela présente un bon et un mauvais côté.
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Et me voici devant eux, les mains vides et les poches crevées. Sans matériel, sans principes, sans expérience. Je dois leur donner ma première leçon. Pour en retarder l'instant, je les apprivoise, je leur parle gentiment,votre papa n'est pas à la maison en ce moment, il est parti faire un voyage,quand il reviendra il sera bien content de constater que vous avez appris à lire durant son absence.

"D'accord? Tu veux bien, Claude?"

Leurs yeux s'élargissent davantage encore s'il est possible. Personne ne répond. J'insiste: dis-moi quelque chose, Claude. Il pousse un soupir, secoue la tête, et finit par lâcher, s'adressant plutôt à son frère aîné qu'à moi-même:

"Comprègne re do to."

Il ne comprend rien du tout! Plusieurs ne connaissent pas un mot de la langue officielle et seule autorisée. J'ai prêché pour les merles. Voilà qui va simplifier ma tâche! Je devrai m'exprimer avec les mains, avec la figure, avec la craie. Et si nous ne nous entendons pas complètement, je recourrai de temps en temps, en dépit des prohibitions, au patois auvergnat, à mon véritable parler maternel. Pour l'instant, mes ambitions sont modestes.
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C'est ce qu'il ya de terrible avec la guerre. Qu'elle t'apprenne à tuer, passe encore; mais elle étoufe en toi tout sentiment humain. Même celui de la peur.De la peur animale qui devrait te retenir, par exemple, au moment de sauter la tranchée, t'empêcher de courir à la rencontre des balles. Eh bien non ! Tu es tellement abruti que tu sautes quand même.
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N'empêche que le vendredi matin, je me sens terriblement ému. Ma première classse ! J'ai quarante-huit élèves, vingt-six garçons et vingt-deux filles, y compris trois réfugiés venant des régions envahies.
Tous en tablier noir, la plupart en sabots, les gars coiffés de larges bérêts alpins, avec des braies mi-longues qui leur couvrent les genoux; les filles en tresse double ou simple, parfois un châle sur les épaules.
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Pendant quatre ans, des hommes avaient souffert et espéré entre ces murs, percés, amputés, émasculés, la figure ravagée par les lance-flammes, les poumons brûlés par l'ypérite. Cela me rappelait mon séjour à Dinan. Un brouillard dont j'avais mis longtemps à émerger. L'immense salle commune, puante de chloroforme et d'éther, pleine de gémissements, de délires, de râles, de fureurs. Les vieux médecins barbus et hautement galonnés, indifférents et sourds. Mais je n'ai que vingt ans ! Comment avez-vous pu me couper la jambe pour une simple rotule qui manquait ? L'urgence mon ami, l'urgence. Tu es vivant, pour toi la guerre est finie, de quoi te plains-tu, biquet ? On te fera cadeau d'une médaille en bronze. Et aussi d'une superbe prothèse toute neuve, en bois de châtaignier, celui qui résiste le mieux aux vermoulures, avec rondelle en caoutchouc et changement de vitesse. Comme tu seras admiré, quand tu circuleras dans les rues de Clermont, exhibant cette preuve de ton héroïsme !
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N'empêche que le Vendredi matin, je me sens terriblement ému. Ma première classe! j'ai quarante-huit élèves, vingt-six garçons et vingt-deux filles, y compris trois réfugiés venant des régions envahies.
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Il est des gestes qui valent mieux qu'un long discours.
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