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Citations sur Le tour du doigt (49)

Pendant quatre ans, des hommes avaient souffert et espéré entre ces murs, percés, amputés, émasculés, la figure ravagée par les lance-flammes, les poumons brûlés par l'ypérite. Cela me rappelait mon séjour à Dinan. Un brouillard dont j'avais mis longtemps à émerger. L'immense salle commune, puante de chloroforme et d'éther, pleine de gémissements, de délires, de râles, de fureurs. Les vieux médecins barbus et hautement galonnés, indifférents et sourds. Mais je n'ai que vingt ans ! Comment avez-vous pu me couper la jambe pour une simple rotule qui manquait ? L'urgence mon ami, l'urgence. Tu es vivant, pour toi la guerre est finie, de quoi te plains-tu, biquet ? On te fera cadeau d'une médaille en bronze. Et aussi d'une superbe prothèse toute neuve, en bois de châtaignier, celui qui résiste le mieux aux vermoulures, avec rondelle en caoutchouc et changement de vitesse. Comme tu seras admiré, quand tu circuleras dans les rues de Clermont, exhibant cette preuve de ton héroïsme !
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C'est ce qu'il ya de terrible avec la guerre. Qu'elle t'apprenne à tuer, passe encore; mais elle étoufe en toi tout sentiment humain. Même celui de la peur.De la peur animale qui devrait te retenir, par exemple, au moment de sauter la tranchée, t'empêcher de courir à la rencontre des balles. Eh bien non ! Tu es tellement abruti que tu sautes quand même.
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Chez les plantes, il y a un temps pour la graine, un temps pour la fleur, un temps pour le fruit, et si un pêcher voit ses fleurs s’épanouir trop tôt, avant les dernières gelées, tu peux être sûr qu'il ne produira quasiment aucun fruit. Il ne faut pas traiter les enfants comme des hommes, ni les hommes comme des enfants.
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N'empêche que le Vendredi matin, je me sens terriblement ému. Ma première classe! j'ai quarante-huit élèves, vingt-six garçons et vingt-deux filles, y compris trois réfugiés venant des régions envahies.
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page 78 [...] "M. Pamaret, dit le Zig [...] a un défaut de prononciation. Des anecdotes courent sur son compte. On raconte qu'un jour il a interrogé une jeune candidate au concours d'entrée à l'Ecole normale ; sa question portait sur la baleine. Il demande à la demoiselle à quoi servent les fanons. Elle, intimidée, ne sait que répondre. Il essaye de la guider :
- T'est-ce te vous avez dans votre torset ?
Elle croit avoir mal entendu, le prie de répéter.
- Dans votre torset, t'est-ce te vous avez ?
Comme il a promené ses mains sur son propre buste par raison démonstrative, cette fois elle est bien obligée de comprendre. En cas temps-là, les jeunes filles, même avant d'être en âge, s'efforçaient de suivre la mode vulgarisée par les cartes postales. Ce que j'appelle la mode-sablier : volumineuses par le haut et par le bas, étranglées par le milieu. Quand elles manquaient un peu de subsistance, elles y remédiaient au moyen de rembourrages. Voici donc la jeune candidate qui rougit jusqu'aux cheveux, et avoue en baissant les paupières :
- Du coton.
Lui, au lieu de rire du quiproquo, comme aurait fait tout homme d'une taille et d'une importance ordinaires, s'en irrite :
- Du toton ! Du toton ! Je ne vous parle pas du tontenu mais du tontenant !
La malheureuse ne savait pas qu'à cet endroit-là elle avait des fanons de baleine."
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Les seules chansons que M. Chevalerias nous enseignait étaient des chants patriotiques : le Chœur des girondins, le Chant du départ, la Marseillaise. Sans oublier un seul couplet. Celui des enfants me remplissait d'orgueil : il avait de toute évidence été composé pour le fils d'un carrier, rare privilège, puisque l'auteur n'avait rien prévu pour les autres corporations.

Nous entrerons dans la carrière
Quand nos aînés n'y seront plus.
Nous y trouverons leur poussière,
et la trace de leur vertu...

Cette trace de leur "vertu" me laissait perplexe. S'il m'arrivait, le Dimanche après -midi de rendre visite à la carrière au repos, j'y trouvais certes, une poussière abondante; mais la trace de leur vertu ne m'apparaissait pas clairement.
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Comme dit le plus grand philosophe limousin, Isidore Chapuzade, l’homme éprouve plus d’appétit pour le pain refusé que pour le pain offert.
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J'ai été amené à l'enseignement par une circonstance particulière qui a fait de moi longtemps la honte de ma famille et le déshonneur de l'Auvergne : je n'aimais pas le fromage. [...]

" Vous savez bien! ... Jules, c'est celui qui n'aime pas le fromage !" [...]

" Ne dis pas, protestait-elle (sa mère), que mes fromages puent !
- Non, non, ils puent pas. Mais ils sentent.
- Qu'est-ce qu'ils sentent ?
- Le fromage.
- Et ma main sur ta figure, est-ce qu'elle sentirait le fromage ?
- Oui, elle le sentirait aussi."
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Il est des gestes qui valent mieux qu'un long discours.
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Qu'est-ce au fond que la pédagogie? Deux ou trois principes généraux, complétés par un attirail de trucs, de ruses, de ficelles, de bricolages.
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