C’est le triste lot de la femme australienne. A quinze ans, elles sont vives, superbes, intelligentes… pour rien, pour personne. Leur charme se heurte à l’indifférence totale des hommes, qui ne prennent pas le temps de s’apercevoir qu’elles existent. On ne joue même pas la franche camaraderie de l’adolescence : les garçons restent entre eux. Ils ne connaissent que le mateship, la solidarité masculine. Alors nos jeunes filles en fleur s’empressent, aussitôt mariées, de devenir des mégères.
Promettre ! Quel mot dérisoire ! Lionel n’avait pas eu besoin de promettre. Son retour était tellement évident… Jamais elle n’avait émis un doute à ce sujet !
Quand il lui avait annoncé son départ, leur déchirement avait été celui d’une absence passagère, mais non d’un adieu définitif.
C’était une sensation totalement nouvelle et pourtant elle eut la conviction que cela émanait du plus profond d’elle-même – et pire : du plus profond des âges. Elle se sentit prise de vertige en osant nommer ce qui lui arrivait : le coup de foudre.
C’était un être droit, franc, loyal, sensible… Elle n’aurait pas tari dans l’énumération de ses qualités. Indécise, au fond, entre la panique et la confiance, elle optait délibérément pour la confiance.
Il s’exprimait dans un anglais très pur, dépourvu de l’accent caractéristique de l’Australien qui s’apparente, comme elle avait pu depuis le constater, au cockney du titi londonien.