Ce qui donne à l’âme sociale sa toute-puissance, c’est la pensée qui est en elle, ou, pour mieux dire, c’est la valeur qualitative acquise par cette pensée. Dans les premiers âges humains, quand celle-ci était toute rudimentaire encore, que les sens artistiques n’étaient point nés, que le sens moral, brutal et grossier, ne recherchait que les jouissances corporelles, incapable encore de ressentir les douces vibrations de l’âme, et que l’intelligence inculte demeurait dans l’ignorance profonde de toutes choses; dans ces premiers âges de l’humanité, la société, à l’état de germe, ne pouvait assurément refléter que cette pensée si incomplète pour en manifester l’état permanent.
Les sociétés coopératives, qui, dans l’avenir, comprendront généralement un très grand nombre de membres et représenteront de vastes établissements de production, ne pourront régulièrement fonctionner qu’autant qu’elles seront réglementées correctement par la direction du travail pratique, chargé de pourvoir à tous les besoins incessants nécessités par cette production, comme d’ailleurs une direction analogue existe déjà dans nos grands centres industriels, mais bien incomplète encore.
Si la vérité, si la justice, si le devoir, pénétraient profondément dans les consciences guidées par l’amour humanitaire, on verrait bientôt des combinaisons intelligentes triompher des conditions les plus douloureuses de la vie sociale, en leur substituant des institutions d’un ordre supérieur appelées non seulement à faire disparaître les abus, mais à jeter les bases de l’ordre harmonieux que nous réserve l’avenir.
L’unification philosophique dérive de l'unité scientifique, qui, elle-même, émane de la synthèse intégrale. Puis, lorsque cette synthèse est connue dans toute sa vérité, elle engendre, par ses divisions sériaires successives, les formules analytiques de toutes les sciences. De telle sorte que la science philosophique intégrale se confond avec l’universalité scientifique.
Ce qui fait aujourd'hui la différence des mœurs, c’est leur grande infériorité ; mais, quand une éducation saine aura transformé les consciences, on verra partout l’unification morale se manifester par la bonté, par l’équité, par le désintéressement, qui sont invariables dans leur manière d’être.