LA MÈRE : Julia ! Nous réussirons peut-être tout de même à faire un déjeuner convenable. J'ai trouvé un poulet dans le jardin, je l'ai saigné.
Un instant de stupeur chez le père et Lucien. Lucien glapit soudain, se dressant :
LUCIEN : Léon ! Elle a tué Léon !
LA MÈRE, regarde son poulet : Léon ? Qui ça, Léon ?
LE PÈRE, s'est dressé aussi, épouvanté : Saperlipopette ! Ça va nous faire toute une histoire...
LUCIEN crie comme un fou : Léon assassiné ! Léon occis par la belle-famille ! L'instant est prodigieux ! La minute est unique !
LA MÈRE : Mais enfin un poulet, c'est un poulet ! Demain je vous en enverrai une paire et des plus gros.
LUCIEN : Elle dit qu'un poulet c'est un poulet ! Elle dit que Léon n'est qu'un poulet !... Elle ne se rend absolument pas compte de ce qu'elle vient de faire !
JULIA : Je t'assure, Lucien, que tes plaisanteries ne font rire personne.
LUCIEN : Il ne s'agit pas de rire ! Personne n'a envie de rire ici ! Regarde papa.
LE PÈRE qui semble avoir perdu le sien : Du sang-froid ! Beaucoup de sang-froid. Est-ce qu'on ne peut pas le ranimer ? Lui faire la respiration artificielle ?
LUCIEN : Trop tard, il saigne ! Je vois le sang de Léon couler ! Léon périt entre des mains indignes. Et nous sommes là comme le chœur antique, impuissants, livides, muets...
(Roméo et Jeannette)
Mourir, ce n'est rien. Commence donc par vivre. C'est moins drôle et c'est plus long
Ah ! l'incertain, le troublant premier jour. On se cherche, on se sent, on se devine, on ne se connaît pas encore et on sait pourtant déjà que cela durera toute la vie...
C'est si simple de dire la vérité, mais on n'y pense pas.
ORPHÉE : Vous croyez qu'il va nous arriver beaucoup de choses ?
EURYDICE, gravement : Mais toutes les choses. Toutes les choses qui arrivent à un homme et une femme sur la terre, une par une...
ORPHÉE : Les amusantes, les douces, les terribles ?
EURYDICE, doucement : Les honteuses, les sales aussi... Nous allons être très malheureux.
ORPHÉE, la prend dans ses bras : Quel bonheur !...
On n'a plus le droit d'être malheureux, maintenant ? C'est le bonheur obligatoire ? C'est gai !
Je serai seul. Cela évoque tout de suite une ombre, une fraîcheur, un repos. Quelle erreur grossière ! Tu ne seras pas seul, on n’est jamais seul. On est avec soi, c’est autre chose, tu le sais bien…
Ta vie est pourtant là qui t'attend comme une vieille veste qu'il faut remettre le matin.
La mort est belle. Elle seule donne à l'amour son vrai climat.
Il ne faut pas croire exagérément au bonheur.