Citations sur Ma belle, (42)
Les disputes, je les fuis comme la peste. Je n’ai jamais été en conflit avec qui que ce soit – la fille à l’accueil de la préfecture, ça ne compte pas, c’est elle qui avait commencé.
J’aime l’idée que la place auprès de toi se mérite. Je pressens que ça ne va pas être facile. Mais tu vois, ça tombe bien. Parce qu’une gamine qui donne son affection à la première belle-mère venue pour qu’elle lui flatte la chevelure en attendant qu’elle reparte chez sa mère, ça ne m’intéresse pas.
Ce n’est pas une sagesse qui plie ou cède. C’est une sagesse qui se tait et se méfie.
La seule chose qui le retient de crever : ton regard, ton odeur, ta main dans la sienne quand vous partez à l’école, le matin, par le même chemin, comme avant.
À force d’avoir peur de la perdre, il a fini par réussir. Elle voulait juste un homme qui se définisse par autre chose que le besoin d’elle. Elle était sa béquille, et tant qu’elle était là, les besoins d’Erwann étaient comblés. Mais les siens, dans tout ça ? Il ne lui a jamais demandé ce qu’elle voulait, au fond. Elle l’avait pressenti : d’elle, il aimait un reflet. Le charme est rompu, le miroir brisé, il n’y a plus de reflet, la chose se vérifie : il était amoureux d’une image, pas d’une personne.
Vivre sans elle, c’est un cauchemar éveillé.
Et il n’a pas encore envisagé la vie sans toi. Cette pensée lui tombe dessus comme pour l’achever. Ça ne peut pas exister. Il est dans un mauvais film, c’est le genre de choses qui n’arrive qu’aux autres, et à un couple sur deux en région parisienne. Mais pas eux, pitié, pas eux.
Il a l’impression de prendre sur la gueule, une à une, toutes les lettres du mot « séparation ». Il y en a beaucoup.
Entre lui et le rien, elle a choisi le rien.
Il n’a jamais envisagé qu’aucune femme ne puisse, même dans un moment d’égarement, même pour une nuit seulement, l’éloigner de la trajectoire Irène. Voilà qu’elle décide que personne, c’est toujours mieux que lui, et que ça vaut pour toutes les nuits qui restent.
Inconsciemment ou pas, formulé ou non, c’est les femmes qu’ils accusent. Ils les tiennent pour responsables de la pénurie sexuelle. Ils se disent qu’elles n’ont plus de désir. Pas un d’eux, plus brillant que les autres, pour émettre l’hypothèse que peut-être ils n’en suscitent plus. La preuve, elle a quelques aventures avec d’autres hommes.
C’est parfois sympa, sans plus, parfois ennuyeux. Mais c’est tellement facile de juger, de l’extérieur ou a posteriori, la façon dont l’enfance prend le dessus et enveloppe soudain toute la vie.
C’est rare dans la vie, ces périodes où la joie submerge pendant d’aussi longs mois.