Citations sur Ma belle, (42)
Et ces hommes dont il surprend le regard sur elle. Qu’ils aillent bien se faire foutre, tous ces minables qu’elle n’a pas choisis.
Il se sent élu. Chanceux.
L’intransigeance d’Irène est un parfum. Il le respire dans son cou quand elle dort la nuit. Il se promet d’être un meilleur mec, demain.
Irène lui a appris ça.
L’amour est meilleur après l’effort.
Ils obligent les femmes à porter le fardeau de leur vie, et un beau jour leur reprochent de les infantiliser.
Ils les contraignent à développer toute leur détermination, jusqu’à l’épuisement, et en guise de remerciement les condamnent au bûcher.
Toutes les femmes puissantes sont des sorcières. Leurs bourreaux se prétendent victimes.
Elle voulait un mec, un vrai. Un qui soit capable de lui résister sans avoir peur de la perdre, qui prenne des décisions et qui la prenne tout court, trop vite, quand ce n’est pas le moment. Un mec avec des couilles qui lui donnerait du fil à retordre, et l’envie de le mériter, et la peur de ne pas y arriver. Un qui ne la laisse pas tout choisir, tout faire, pour un jour finir par le lui reprocher. C’est raté.
Elle est sidérée par la lâcheté des hommes. Leur sacro-sainte virilité dont ils ne savent pas quoi faire. Ils violent et battent, ou ramollissent comme des poupées de chiffon. C’est la peste ou le choléra.
Leur pseudo-puissance, en présence de femmes, s’exerce par la violence ou meurt par paresse. Le repos qu’ils trouvent, grâce à elles. Ça doit être si confortable de pouvoir compter sur quelqu’un. De laisser la vie couler comme un robinet qui fuit jusqu’à ce qu’une femme prenne leur destin en main.
Et dire qu’on lui avait caché qu’elle était si jolie. Sa beauté l’a délivrée de ses parents, leur rigueur militaire, leur puritanisme. Elle est changée, physiquement. Plus sûre d’elle, juchée sur des talons hauts. Elle paraît plus élancée. Elle est grandie d’une certitude : elle n’a pas à rougir d’être une femme, encore moins d’en être une désirable.
Ses réponses sont propres et concises. La fin de ses phrases reste souvent en suspens. On en attend plus. Erwann intervient alors, il balance quelques anecdotes dans l’espoir qu’elle rebondisse. Mais elle se contente d’acquiescer d’un mouvement de tête. Elle ne retourne pas les questions, n’en pose jamais. La discussion s’éteint aussi vite qu’elle est née. Ça ressemble toujours à une soirée qui ne prend pas.
Elle s’était pomponnée avant, avait soigneusement choisi sa tenue – ce n’est pas tous les jours que son fils lui présente enfin quelqu’un –, mais elle n’avait pas voulu en faire trop. Or, cette Irène maquillée, avec sa coiffure sophistiquée et juchée sur des talons très hauts, c’est le genre de femme auprès de qui elle a envie de se montrer sous son meilleur jour.
C’est un réflexe naturel que de vouloir plaire aux plus jolies que soi. On a l’impression d’être tirée vers le haut. Pour cela, on se montre sympa, souriante, gaie et volubile, et puis on se surprend aussi à se remaquiller un peu. Voilà qu’on essaye de jouer dans la même cour.
On passe plus de temps dans la salle de bains, on met du rouge à lèvres, on achète un vêtement trop cher. Les hommes s’imaginent que ces efforts leur sont destinés. Ça les flatte, ça les rassure, mais ils se plantent. On se fait jolie pour les autres filles, les plus jolies que soi.