" Je suis la mere de douze enfants morts . Les noirs meurent facilement dans les endroits comme Rockwell Town , c'est pour ça que j'ai eu beaucoup d'enfants . Pour que certains d'entre eux survivent à la haine et à la pauvreté , pour qu'ils aient une chance de réussir le jour ou les temps seront meilleurs pour les noirs " .
Premieres phrases lachées par une vieille femme noire , Mémé , sous un ciel prenant peu à peu des couleurs d'apocalypse . Forrest Gump a dit : " la vie , c'est comme une boite de chocolats..." , il semblerait , cependant , que certains soient abonnés aux cacaos les plus amers..
Rockwell Town , petite ville de Caroline du Nord ou il y fait bon vivre...pour les blancs . Typique jusque dans la caricature : ses deux shériffs excessifs en tout excepté l'intelligence ; Burns , son poivrot légendaire ; son acceptation de la différence à coups de pendaison , d'assassinats...La femme noire y est tolérée , un ménage harassant et un droit de cuissage récurrent devenant désormais son quotidien .
Ambiance , ambiance...
Travis , blanc , des faux airs de Robert de Niro , refait surface apres dix ans d'absence . Dix ans de taule pour viol sur la personne d'Ammy , petite amie de Bert , le gars craint et respecté de cette bonne ville de Rockwell . Autant vous dire que la fete pour le retour de l'enfant prodigue attendra encore quelques siecles . Une seule idée taraude désormais tous les villageois , le voire filer , déguerpir , décamper , plier bagage , décaniller...ou mourir . Bert ne serait pas contre . Il s'y emploiera corps et ame , redoutant , dans le cas contraire , qu'une vérité bien dérangeante ne vienne à éclater . Travis , lui , ne tend que vers un seul et unique but : la vengeance !
Deuxieme personnage incontournable investissant Rockwell ( c'est la rentrée des classes ou quoi ;) , Ada et son p'tit Little Bill . Ada , superbe femme noire aux faux airs de Robert...de Miss Monde est au bord de la rupture . Son seul espoir , Mémé , afin que cette derniere l'aide à sortir la tete de l'eau et , qui plus est , fasse enfin la connaissance de son petit-fils qu'elle n'a jamais vu...
Deux destins contrariés forcément appelés à se croiser et se trouver sur fonds de quete de vérité et de justice ! Un récit sombre à souhait . Leurs histoires personnelles et les ennuis s'amoncelant au-dessus de leurs tetes ne prédisent rien d'autre...Il est vrai qu'à la vue d'un feu d'artifice , le lecteur aurait été en droit de crier à l'anachronisme ! L'amour ne peut-etre que le socle salvateur s'il n'est pas contrarié plus que de raison ! L'ambiance de complots et d'intrigues de cette bonne petite ville de Rockwell est parfaitement rendue . Les divers personnages sont réellement représentatifs de l'homme dans ce qu'il a de plus dramatique . L'on passe du violeur a l'adultere en passant par l'arsouille et le raciste de base . Magnificence de la nature humaine à tous les étages...
Le temps est à l'orage . le tonnerre gronde . L'on se doute que cette histoire n'est qu'une tragédie de plus en devenir . Tragédie finement amenée au demeurant , véritable ode à la bétise crasse et au pouvoir dévastateur de citoyens manipulés aussi désespérés que désespérants......
Un récit amer porté par un coup de crayon simple mais éfficace . Les couleurs oscillent entre la chaleur des sentiments naissants et la noirceur du récit qui les rattrape. Des héros attachants dans leur indéfectible foi en un avenir meilleur qui toujours se refusera à eux...Un récit au charme aussi prégnant qu'un accord de Blues un soir d'hiver...
Le Paradis Distant , un bonheur de lecture à portée de main...
Commenter  J’apprécie         150
Que dire qui n'a pas déjà été énoncé. Un Paradis distant propose un drame que ne renieraient ni Steinbeck ni Elmore Leonard.
Le drame dans toute sa "splendeur". Travis revient après 10 ans de tôle pour viol. Sauf qu'on apprend que la poulette était plutôt consentante. Et que les méchants ne sont pas aussi pourris qu'on le pensait et pareil pour les gens qui se pensent au-dessus des autres. On suit alors la machination de Travis pour réhabiliter son honneur et les efforts d'Ada, mère noire et célibataire, pour élever son gamin. Ada et Travis se "trouvent" comme on dit. On est dans la romance, façon "Nous deux", pas dans le polar noir... Eh bien si... car la fin est bien celle d'un roman noir d'encre. Trop prévisible à mon goût, mais diablement bien faite.
Mentionnons aussi un titre pas trop heureux à cause de la répétition des "dis"... On aurait pu tout autant avoir "Un abri brisé", "Un enfer fermé", "Un Repos postposé", "Une Cavale valeureuse"... bref, il faut bien trouver quelque chose à dire sur une BD carrée et efficace. Encore un beau pari réussi des Editions Paquet.
Un mot sur la découpe des 3 dernières pages (en 3 tiers), façon cinéma panoramique. C'est super bien pensé. Une BD qui se lit comme on regarde un bon film noir.
Commenter  J’apprécie         40
Une histoire Archi-classique, du retour, de vengeance, sur fond de racisme ordinaire et d'Amérique profonde. Avec en plus un dessin qui ne peut renier ses inspirations mangas qui ne correspond pas vraiment à ce que je préfère, question de génération. Mais aussi une vrai originalité dans le tempo du récit un peu foutraque mais entrecoupé de purs moments d'extase artistique, sans un mot ou presque pour nous laisser songer avec la "mémé" du héros.
Commenter  J’apprécie         40
La crise des années 30 aux USA. Une petite ville où tout le monde se connait, et ou chacun gère ses affaires à sa façon. La vieille noire qui a perdu tous ses enfants d'un côté, les blancs de l'autre.
Et au milieu arrive le gars qu'on a pas vu depuis 10ans parce qu'il était en prison : et qui va faire éclater quelques vérités.
J'ai aimé cette ambiance, dure du fait de la crise économique mais aussi en raison des relations entre les différents personnages : une espèce de jeu de manipulation sordide pour tous.
Et j'aime beaucoup le dessin, surtout ces long paysages d'introduction et de conclusion de l'histoire.
Commenter  J’apprécie         30
Une suite dans la même veine du premier tome, et avec les mêmes qualités/défauts : les dessins sont toujours aussi sympathiques, avec un côté très ambiance américaine. S'ajoutent des personnages bien campés, de bonnes idées dans les personnages et une histoire qui se conclut de façon assez nette.
Mais, là encore, c'est un peu trop convenu dans les attitudes et dans les situations. Et même, le sujet a déjà été traité je ne sais combien de fois, et je n'ai pas eu l'impression de lire quelque chose de neuf à ce propos. C'est pas que c'est mauvais, c'est que j'ai pas eu l'impression d'un immanquable.
Commenter  J’apprécie         10
Qu'il est distant, ce paradis. On espère que les personnages vont réussir à l'atteindre à chaque nouvelle page. Une histoire de racisme qui indigne, sûrement banale à l'époque, contrastée par de magnifiques dessins.
Commenter  J’apprécie         10
Le dessin est très classique, mais aussi de grande qualité : c'est le choix de la collection "Blandice". Si on a affaire à quelques personnages caricaturaux (ça doit être normal dans le contexte), les personnages principaux sont très bien décrits et on s'y attache rapidement. Même s'ils ne sont pas tout blancs. Quant à l'histoire (l'amour d'un blanc accusé injustement d'un viol et d'une noire dans un contexte de ségrégation raciale), elle est tout simplement magnifique et très bien scénarisée. Vraiment une belle BD.
Commenter  J’apprécie         10