Prenez un poète audacieux, spontané et orgueilleux de la vie, mettez-le face à une femme langoureuse et mutique, qui se donnera peu mais intensément. Il en ressort un échange épistolaire à sens unique,
Guillaume Apollinaire, qui se dessine en "Gui", assoiffé de Lou,
Louise de Coligny-Chatillon. Lou occupe son esprit, et transforme la vision de ce soldat exceptionnel et éternel optimiste en peintre génial du front de la Première guerre mondiale dans laquelle il s'est engagé.
"Les moutons noirs des nuits d'hiver
Samenent en longs troupeaux tristes
Les étoiles parsèment l'air
Comme des éclats d'améthystes
Là-bas tu vois les projecteurs
Jouer l'aurore boréale
C'est une bataille de fleurs
Ou lotus est une fleur mâle
Les canons membres génitaux
Englobent l'amoureuse terre
Le temps est aux instincts brutaux
Pareille à l'amour est la guerre."
En ce début d'année 1915, son amour est l'essence de vers d'une rare intensité, d'un érotisme flamboyant, et d'un regard sur le monde digne d'une étoile, et son dévouement à sens unique renforce sa verve.
Sa disparition à 38 ans en 1918 nous aura assurément privés d'un auteur unique qui dessinait ses
poèmes à main levée, avec la légèreté d'une patte de colombe.
"Le petit Lou s'ébattait dans un joli parterre
Où poussait la fleur rare et d'autres fleurs itou
Et Lou cueillait les fleurs qui se laissaient bien faire
Mais distraite pourtant elle en serait partout
Et perdait ce qu'elle aime
Morale
On est bête quand on sème."