J’ai commencé à morphoser. La première sensation que j’ai éprouvée était une sorte de glissement, de fonte, légèrement écœurante : mes organes internes se réorganisaient. Une secousse un peu effrayante lui a succédé au moment où mes deuxième et troisième cœurs ont cessé de battre. Puis j’ai entendu un grincement qui venait du centre de mon corps, quand ma colonne vertébrale s’est mise à rétrécir.
Marco m'avait bien dit de ne répondre à son père que par oui ou par non.
- Non, ai-je dit au père de Marco.
- Je suis le papa de Marco. Tu es un de ses copains ?
- Oui.
- Comment tu t'appelles ?
- Non.
- Tu t'appelles "Non" ?
- Oui.
- C'est rare, comme prénom, non ?
- Non.
- Non, ce n'est pas rare ?
- Oui.
- Oui, ce n'est pas rare comme prénom ?
- Non.
- Bon, j'ai du mal à te suivre.
Le père de Marco m'a dévisagé. Puis il a crié, d'une voix très forte :
- Hé, Marco ? Marco ? Tu peux ... euh ... Ton copain est là. Ton copain "Non" est là.
- Non, ai-je dit.
- Oui, c'est ce que j'ai dit."