_Moi j'ai rien entendu, déclara Christopher en s'approchant par derrière.
_Quelqu'un a crié, insistai-je avant de réaliser qu'il avait parfaitement entendu lui aussi. On aurait dit une fille.
_Normal, mec. Ici, il y a quelqu'un qui crie toutes les dix secondes. Et généralement, c'est moi.
- Ouais? Eh bien, tu sais quoi ? Tant pis pour leur sale petit caractère. J'en ai assez. Voilà ce que c'est de se faire baiser les pieds pendant des siècles. Il est temps qu'ils affrontent la réalité, non ?
Je crois qu'à cet instant, nous étions tous les trois très fiers de David.
Et nous avons discrètement commencé à nous écarter de lui.
Je suis allé dans le jardin, derrière la maison, où, comme tous les voisins, nous avions des jeux pour enfants. Je me suis allongé sur le toboggan en plastique. C’était plus calme ici. Je pouvais juste me rendre compte si les cris gagnaient ou perdaient en intensité.
Je voulais aller regarder la télé. C’était tout. Juste regarder cette satanée télé. Un truc drôle et pas prise de tête.
— C’est nul la vie, ai-je dit aux étoiles.
Et je me suis retrouver à voler, suspendu aux tentacules d’un gros oiseau bleu extraterrestre. Je vous jure que, durant quelques secondes, j’ai été content d’être de retour.
J’étais là, au milieu de la forêt tachetée de soleil. J’avais les mains ensanglantées à force d’avoir frappé le tronc d’arbre. On n’entendait rien à part un léger bruissement de feuilles. J’étais seul. […]
J’avais l’impression d’être mort. D’ailleurs mon coeur l’était, non ? Mort tout en continuant de faire semblant de vivre et de jouer les héros alors que tout le monde s’en foutait.
Je crus voir l’ombre d’un sourire passer sur les lèvres de Senna. Mais non, impossible. J’avais dû rêver. Il y avait vraiment des larmes dans ses yeux. Elle était des nôtres malgré tout.
Et pourtant, alors qu’inconsciemment je posai la main sur ma poitrine silencieuse, une petite voix me répétait sans cesse qu’il n’y avait que quatre diamants. Pas cinq.