Ce récit est le parcours de vie d'un jeune villageois juif de 14 ans né à St Jean d'Acre au 11éme siècle.
Découvrant une icône dans un monastère, il va tout mettre en oeuvre, même les dissimulations, même les mensonges, même la séparation avec les siens pour en apprendre la technique et peindre à son tour.
Pourtant, le supérieur du monastère le met tout de suite en garde :
« L'écriture d'une icône n'est pas un travail d'artiste. C'est une représentation du divin, celle d'un croyant qui a une foi profonde et possède la connaissance des textes. ».
Il se fait baptiser, démontre les signes extérieurs d'une foi absente, s'initie aux techniques de l'icône et part dans un voyage initiatique de 10 ans, avec Mansour, un marchand nomade et musulman. Il va parcourir Israël et la Palestine.
Il est reconnu comme le meilleur.
Mais ses portraits sont trop empreints d'humanité, et pas assez de rigueur religieuse : « Je prends des libertés vis-à-vis des canons de l'Eglise. Mais les canons sont l'oeuvre des hommes. M'autoriser ces libertés, est-ce blasphémer ? (…) Les canons actuels ne nous offrent pas ce merveilleux sentiment qui nous emporte lorsque nous observons la nature et ses merveilles. A qui devons-nous le bonheur d'observer l'envol d'un papillon ? Au Seigneur ! Serait-ce péché de le représenter ? »
Il est chassé, et ses oeuvres sont brûlées….
Ce magnifique récit distingue deux paradigmes spirituels essentiels :
- La rigueur et les règles de chaque Religion, de chaque Chapelle. Chacune bien étanche face aux autres, voire opposée.
- Et celle de l'homme qui voit dans chaque être vivant, dans la nature qui l'environne, la présence de Dieu. Sans avoir besoin d'un cadre rigide.
« La vie du Christ m'enseigne la charité, et l'Islam me rappelle l'importance de l'humilité et de la soumission. Pourquoi devrais-je refuser l'hospitalité de l'une ces Maisons (Religions) en faveur d'une autre ? Ce serait dédaigner chaque fois une grande richesse. Là, serait la vraie folie. »
On reconnait aussi
Metin Arditi et sa passion pour la peinture avec deux représentations de la peinture religieuse :
« Plutôt que de représenter la part d'humain dans le Christ et ses saints, Avner inversait la démarche, faisait surgir la part de divin enfouie en chacun »
Une démarche dangereuse pour les Eglises : Avner trouvait dans chaque homme, sa part d'humanité, rendait heureux celui qui avait voyagé pour se faire peindre. Les hommes n'avaient plus besoin des religions.
« En rendant les hommes heureux, Avner les soustrayait à la domination des grands prêtres. Des foyers entiers se détachaient des rites religieux. Ce n'était pas le seigneur qu'il offensait. C'était ceux qui s'arrogeaient le droit de parler en son nom. »
Une fable efficace qui suscite les réflexions. Une vraie réussite.