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sur 228 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alors que chaque concert lui vaut un triomphe et qu'il se trouve au sommet de sa gloire, le chef d'orchestre Alexis Kandilis commet une indélicatesse dont les conséquences pourraient être irrémédiables. Sa réputation est ébranlée. Aux déceptions et revers qui s'ensuivent, il oppose la certitude de son destin d'exception. Mais les blessures les plus anciennes se rappellent à son souvenir. L'insidieux leitmotiv des Kindertotenlieder – Les chants des enfants morts – de Gustav Mahler lui chuchote sans répit le secret qu'il voudrait oublier. La chute est inexorable. Seules l'amitié ou la confiance de quelques proches semblent l'ouvrir à une autre approche de son talent, susciter en lui un homme nouveau, dont la personnalité glisserait de la toute puissance à la compassion, de l'arrogance à l'empathie profonde. Se dessine peut-être une métamorphose…

Mon avis :

Cette lecture m'a troublée.
D'abord, j'avais tellement aimé « le Turquetto » que j'espérais me replonger dans une atmosphère similaire. Ce ne fut pas le cas. La Suisse du vingt et unième siècle ne ressemble en rien à la Venise de la Renaissance, et le microcosme des orchestres philarmoniques d'aujourd'hui est très différent des ateliers de peinture d'alors.
Ensuite, très vite le personnage principal m'a indisposée. En quelques traits finement acérés, Arditi le rend prétentieux et suffisant d'emblée. Et cela ne s'améliorera pas au fil des pages. Là où le Turquetto prenait son destin en main, Alexis Kandilis est balloté au gré des événements, accusant la terre entière de ses malheurs sans jamais se remettre en question.
Et puis, il y a la musique. La vraie maîtresse de Kandilis, celle à qui il a tout sacrifié. Et ce « Chant des enfants morts », obsédant, qui le poursuit et que je me devais de découvrir pour comprendre le propos. A la première écoute, je l'avais déjà dans l'oreille et sa mélancolie est venue me hanter tout au long du livre.
Mais malgré l'antipathie profonde que j'ai ressentie pour cet homme, je n'ai pu m'empêcher d'espérer qu'il reprenne le dessus sur sa vie et ses pensées sombres et même de le plaindre parfois. Lui qui avait construit sa vie et sa réputation à force de volonté, de privation et d'orgueil, quasiment seul contre tous, comment avait-il pu faire un faux pas tel qu'il risquait de ruiner sa vie ?

Fierté, orgueil, égoïsme cynique, assurance et abus de position dominante sont ici des actes vils nécessitant une punition. Kandilis est un héros tragique à la fois coupable et innocent. Coupable car aveuglé par ses passions et innocent car il est le jouet du destin. S'enfermant dans sa chambre d'hôtel puis dans l'appartement, le destin le condamne à rester enfermé, comme dans les tragédies antiques. Plusieurs fois, il aura l'occasion de réaliser une introspection mais jamais il ne réfléchira à ses actes. Il tentera vainement de lutter mais restera jusqu'au bout enfermé dans son aveuglement. Ses rares amis espéreront bien le ramener à la raison, parfaitement lucides quant à la situation mais là aussi ce sera l'échec. La lutte entre le maestro et son destin sera vaine.

Ce roman palpitant, à l'écriture envoutante, est aussi une réflexion sur la fragilité de la vie où rien n'est jamais gagné d'avance. Où les bleus au coeur, les plaies à l'âme que l'on tente de cacher, risque de nous rattraper un jour sans crier gare. Une réflexion sur la force du hasard aussi et la violence destructrice des passions. Un autre coup de coeur pour cet auteur !





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Il a tout pour réussir dans la vie : une épouse toute entière dévouée à sa carrière, une mère qui l'adule et le regarde avec une admiration sans borne, une vie de luxe, la reconnaissance de ses pairs, un art qu'il maîtrise à la perfection, un public à son pupitre, des musiciens suspendus à sa baguette….et pourtant, la chute ne fait que commencer, et c'est à se demander jusqu'où elle va le mener.

Kandilis cache avec un l'orgueil démesuré, et des manières cassantes, et destructrices ses blessures profondes qui le conduiront aux abîmes.

Metin Arditi connait la musique, et surtout son milieu ; Pour diriger à la destinée d'un orchestre de grande renommée, il sait les petites et les grandes faiblesses des artistes. En fin connaisseur, il déchiffre avec minutie et rigueur l'âme de cet homme infect et si terriblement humain.
En dépit de son antipathie notoire, et de la terreur qu'il aurait pu m'inspirer si je l'avais eu face à moi, Metin Arditi est parvenu à me rendre ce chef aimable d'une certaine façon, et attachant dans sa laideur. Comment ne pas souffrir avec lui lors de l'exécution de la 9ème de Beethoven ?
Il signe, ici, un roman bien noir, en choisissant de montrer les aspects peu glorieux du milieu. Mais comment lui en vouloir, lui qui sait si bien évoquer, les compositions qui jalonne le parcours de Kandilis, et qui m'ont accompagnées tout au long de ma lecture.

La musique est une maîtresse exigeante ; elle demande travail, humilité, et respect. le musicien n'est là que pour la servir.

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Il semblerait que les lois de la gravitation ne n'appliquent pas seulement aux objets, mais aussi aux hommes. Ainsi pour Alexis Kandilis, chef d'orchestre mondialement connu, qui est au sommet de sa gloire et va bientôt se mettre à chuter…

Il faut dire qu'Alexis, bien qu'extrêmement talentueux, est aussi d'un caractère difficile. Certes, son métier lui demande un travail constant et une concentration bien particulière (de même que du talent) et il se doit d'être irréprochable pour arriver à recréer par sa relation avec les musiciens la magie de la musique, mais il est aussi d'une fierté repoussante, véritablement imbu de lui-même et de son art, prétentieux, arrogant...

Il estime être le meilleur de sa profession et dénigre ses collègues. Les musiciens ne sont pour lui que des exécutants, même s'ils font partie des plus grands ensembles du monde. La musique même est à son service et lui seul est capable de la transcender et de la transmettre au public. Qui doit le vénérer, l'aduler… D'ailleurs ne va-t-il pas enregistrer bientôt le B16, 16 pièces de Beethoven qui seront parfaites, comme si le musicien les avait écrites pour lui et qui éclipseront à jamais l'interprétation des autres chefs d'orchestre ?

Pourtant, depuis quelques temps, Alexis ressent comme un léger vacillement face à toute sa vie. Les Kindertotenlieder (chants des enfants morts) qu'il a interprétés récemment lui reviennent souvent en mémoire, les notes courent dans son oreille, résonnent dans son crane et il se sent étrangement déstabilisé. Des flashs du passé l'inquiètent sans raison, il ne veut pas, ne veut plus penser à son enfance, à son adolescence en pensionnat, à ses anciens camarades et à la vie d'autrefois. Il veut être Alexis Kandilis, le plus grand chef d'orchestre du monde. Alors parfois, pour qu'on l'écoute, pour qu'on lui rende les honneurs qui lui sont dus et qu'on lui marque du respect, il doit s'emporter, piquer des colères, crier sur ses collaborateurs. Il semble que personne ne le comprenne et que tous veuillent lui mettre des bâtons dans les roues, ralentir sa carrière ! Ils sont surement jaloux, c'est cela, parce qu'ils ne sont pas aussi doués, parce que jamais ils n'arriveront à égaler ton talent et sa gloire… Alexis est un prince.

Sa mère heureusement l'admire et est aux petits soins pour lui. Tous devraient agir de la sorte et il ressent comme une trahison les phrases acerbes de Charlotte, son épouse, et l'indifférence de son fils. Quant à ses agents, sensés être là pour promouvoir sa carrière, pour le porter au firmament, il a l'impression que parfois, ils l'observent bizarrement, peut-être même complotent-ils contre lui ?

Au fil des jours, malgré les tournées dans les plus grandes salles de concert du monde, les salves d'applaudissement d'un public conquis, l'univers D Alexis va doucement, imperceptiblement mais irrémédiablement basculer. L'homme va être pris d'une sorte de frénésie de vie et n'arrivera bientôt plus à stopper cette spirale de folie qui se noue autour de lui, l'enveloppe, l'étouffe. Il va devenir violent, agressif, complètement paranoïaque. Sa fierté et sa haute opinion de lui-même lui joueront des tours, de même que certaines personnes qu'il rencontrera et qui l'humilieront, le ridiculiseront – ou tout du moins c'est ainsi qu'il le ressentira.

Seules ou presque, ses deux amies, l'ex-chanteuse et la costumière l'aideront, le soutiendront même en dépit du bon sens. Et ni le vieil homme qui passe ses journées au chevet de son fils malade, mais comprend et ressent tant de choses (quel magnifique personnage !), ni l'amour des deux femmes ne parviendront à sauver le musicien.

Une histoire dure, donc, qui nous détaille d'une manière passionnante cette lente chute, cette dégradation imperceptible qui va s'amplifier, cette glissade d'un homme qui a tout vers la déchéance. Et pour accompagner cette chute, pour l'adoucir, la musique. La musique que joue Alexis et qui ravit les coeurs, qui courre tout au long des pages du roman, et celle des mots de Metin Arditi, délicieuse à lire.

J'ai énormément aimé ce roman, bien que le personnage principal en soit si détestable. Les mécanismes psychologiques de cette folie qui va s'emparer de l'homme sont passionnants et même si parfois on se prend à espérer un rebond, une guérison miracle, le lecteur sait bien que l'issue ne pourra être que fatale. Et pourtant on dévore les pages, on espère encore sauver Alexis, et surtout, surtout, on se laisse bercer par les notes qui elles, continuent à s'élever, pures et belles. Et c'est cela qui est vraiment magnifique, ce parallèle entre la chute du musicien, sa descente aux enfers et la musique qui elle ne continue d'éclater en bulles sonores de bonheur, qui illumine, rassure, console.

Mon seul petit bémol apparait vers la fin du roman, pour lequel j'ai trouvé les relations de deux femmes avec Alexis peu crédibles et très malsaines. Certes elles veulent l'aider, mais ces « je t'aime » toutes les trois minutes m'ont parus non seulement hypocrites, mais faux… (mais elles sont peur, je les comprends aussi). Mais c'est un tout petit point négatif sur l'ensemble d'un roman qui m'a énormément plu.

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En 2011, j'avais vraiment beaucoup aimé « le Turquetto », mais là, avec « Prince d'orchestre », c'est véritablement un coup de coeur ! Comment ne pas vibrer, frissonner, tressaillir… à la lecture de ce roman qui relate le destin tragique d'Alexis Kandilis, chef d'orchestre de renommée internationale, adulé de tous … et puis un « couac » à la 661ème mesure de la 9ème, et du pinacle, le génie tombe dans l'abîme. le roman d'Arditi est réglé comme du papier à musique, orchestré de main de maître, à la baguette, au tempo respecté et sans fausse note. « le maestro n'était pas fait pour la musique, c'est la musique qui était faite pour lui. » Septième ciel, extase et nirvana.


Lien : http://leoalu2.blogspot.com
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En refermant le livre, on est un peu désespéré d'avoir vécu la chute d'un artiste, trop sensible au final pour résister à la pression de son beau métier. Pourtant tout commence de manière étincelante, le premier chapitre est une symphonie que même un non mélomane comme moi ne laisse pas indifférent, pire, elle nous transporte haut, très haut. Vers le milieu, le vertige nous prend... non le héros ne va se prendre les pied dans le tapis (Arditi est bienveillant en général avec ses personnages). Non seulement, les pieds mais tout le reste va suivre et nous sommes entrainés dans son maelstrom, dans sa chute. L'auteur réussit aussi bien dans le drame et même mieux que bien.
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C'est avec une courte «note d'intention» que Metin Arditi ouvre son roman.
Une introduction qui déjà renvoie le lecteur à sa propre vie et à ces racines de l'enfance, partie prenante de notre passé, qui influencent le présent.
Cet opus nous relate la lente descente aux enfers d'un chef d'orchestre connu, adulé, admiré, célébré, encensé, un de ces hommes dont on dit «il a tout pour être heureux»….
Tout? Mais qu'en est-il des blessures de l'âme? de ces plaies plus ou moins vives que nous portons en nous?….
«Capricieux exigeant comme un homme amoureux qui exploite l'amour d'une femme en pensant qu'elle lui sera toujours soumise au point de tout accepter quoiqu'il fasse. »
Il la domine, il pense qu'elle lui est soumise mais la musique est exigeante, elle demande beaucoup, elle est une maîtresse difficile.
Pendants des années, elle lui apporte le bonheur, celui qu'on savoure les yeux fermés, celui dont on se délecte, celui qu'on garde au creux de soi…..
Et puis, un jour, le grain de sable ….
«Il avait été aimé de la musique qui lui avait tout donné, jusqu'à son intimité mais il n'avait pas imaginé qu'elle pouvait attendre quelque chose en retour…. »
Tout s'enraie, l'homme est déstabilisé, perdu; ébranlé… La musique va-t-elle le trahir, l'entraîner plus bas que terre? le réveil de son passé, qu'il croyait avoir enfoui, oublié est douloureux …..
L'écriture de Metin Arditi est délicieuse, remplie de délicatesse, fouillant l'homme (au sens large) jusqu'aux tréfonds de l'âme…..
On ne lit pas une étude psychologique, on accompagne un être humain dans ses tourments, ses regrets, ses errances …. Jusqu'à avoir mal avec lui, pour lui, essayant d'imaginer comment lui tendre la main, tant il est présent en nous, tant il nous semble vivant ….
Si ce personnage est un virtuose de la musique, Monsieur Arditi est celui de l'écriture ….

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J'ai été littéralement prise dans le tourbillon . Je n'arrivais presque plus à lâcher le livre tant le récit est poignant. Derrière un homme trop sûr de lui, imbu de sa personne voire odieux, il y des blessures profondes que sa mère et lui ont voulu enfouir au plus profond de leur mémoire. Mais , la roue tourne et ces blessures vont ressurgir plus violentes encore et vont conduire cet homme à sa déchéance.
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la fatuité punie, j'adore.C'est parfaitement écrit et rythmé. Un chef d'oeuvre par an, bravo Metin;
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Faut-il être absolument désagréable avec les musiciens pour être chef d'orchestre ?
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Metin Arditi est un génie ! Hop, ça c'est dit ! Après ma merveilleuse découverte de sa plume, en lisant "Le Turquetto", je me suis jetée sur son dernier roman sortie, et une nouvelle fois, je découvre un récit enthousiasmant, incroyablement bien écrit, qui nous happe jusqu'à ce qu'on en finisse de ce livre, impossible de le déposer tranquillement en se disant "Je le reprendrais plus tard". C'est un crève-coeur de devoir le quitter, même si son personnage principal est un homme exécrable !
Chef d'orchestre à la renommée internationale, Alexis Kandilis ruine sa carrière par son indélicatesse, et son caractère arrogant, qui renvoie de lui une très mauvaise image dans les orchestres, et au-delà...
c'est le récit d'une chute, mais aussi une ode à la musique classique ! bref c'est un roman à lire de toute urgence, avec quelques morceaux de musique classique en fond sonore...bien sûr !
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