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Oliva Denaro est une petitoune qui vit à Martorana en Sicile dans les années 1960. Elle a grandi dans les conventions sociales italiennes : la femme épouse l'homme que sa famille lui aura trouvé, la question du coeur ne se pose pas. Ou pire, elle peut subir un mariage réparateur : se marier avec celui qui l'aura agressé sexuellement.
Pourtant Oliva fait partie d'une génération qui est à la lisière et aux prémices des voix féministes qui se libèrent. le roseau cesse de plier sous le poids qu'on lui impose…

Oliva rêve de liberté mais un jour elle devra dire non. Quel est le prix à payer pour ce « non »? Certains non coûtent une vie d'autres mettent fin aux choix du coeur. le choix c'est justement le sujet de ce merveilleux roman aux personnages piquants et pleins de vie. Leurs phrasés et leur aplomb conquièrent nos coeurs de lecteurs.

Le féminin singulier et le féminin pluriel sont pleinement exploités par la plume pétillante de Viola Ardone. Elle nous embarque dans une Sicile d'hier à la réalité affligeante, où les femmes sont laissés pour compte, tributaires des choix et des désirs d'autrui. Je vous recommande chaudement cette lecture instructive et féministe ancrée dans l'Histoire.

« J'aimais aller à l'école parce que je connaissais toutes les réponses. Maintenant je ne sais plus rien plus rien. »
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Difficile de ne pas voir à travers l'histoire d'Oliva Denaro - l'héroïne du nouveau livre de l'auteure - celle de Franca Viola, la figure emblématique du féminisme en Italie. Comme Oliva, elle est connue pour avoir été la première à avoir le courage de dire non à l'homme qui voulait l'épouser contre sa volonté, en Sicile, dans les années 60.

Même recette que pour le précédent livre de l'auteure : elle réhabilite un pan de l'histoire de l'Italie trop vite oublié, elle adopte le point de vue d'un(e) enfant pour traiter de la perte de l'innocence, et découpe consciencieusement son récit en 4 parties différentes - la dernière partie étant celle des bilans, qui projette le lecteur quelques décennies plus tard dans la vie des différents personnages, via des raccourcis parfois frustrants.

A sa décharge, ce n'est pas chose facile que de tenter de romancer une histoire vraie, du vivant des protagonistes qui plus est. Elle prend des risques en travaillant dans son roman à combler les trous d'une histoire passée à la postérité. Mais elle veille néanmoins à nous livrer un récit exempt de tout jugement et porté par une écriture plaisante (à quelques tics de langage près). Et nous laisse le soin de décider si les femmes s'avèrent ici victimes de leur genre, des hommes, d'une époque, d'une classe sociale ou d'une éducation.
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« Tout n'est que sujet de douleur pour elle: la lumière du matin qui entre à travers les persiennes mis-clos, le corps de mon père qui ronfle allongé à côté d'elle, ma maigreur informe, le travail aux champs, la sécheresse…. »,
Dans les années 60, Oliva une jeune fille de quinze grandit dans la campagne sicilienne entre une mère malheureuse qui le projette expressément sur sa fille, et un père silencieux, mais bienveillant et doté de bon sens. À une époque où les femmes vivent et sont forcées de vivre encore comme des poules en cage, et ne servent qu'à faire la domestique, assouvir les désirs sexuels des mâles et engendrer des enfants, Oliva, elle, rêve de liberté….

Ce second livre non encore traduit de Viola Ardone, écrivaine napolitaine , connue et très appréciée sur Babelio pour son premier livre « Le train des enfants », traite ici un sujet déjà maintes fois utilisée par les écrivains d'Italie du Sud : la condition de la femme
au siècle dernier dans leurs contrées. « La femme au singulier n'existe pas », on marie les filles à quinze ans avec des complèts inconnus et si elles sont violées les marier avec le violeur est la seule solution pour sauver leurs honneurs. Alors qu'aujourd'hui en lisant dans les journaux, une situation similaire en Afghanistan ou au Pakistan on est sidéré. Malgré le “déjà lu” du sujet, la version d' Ardone lui donne un nouveau souffle. Sa prose simple mais riche en un vocabulaire d'une grande précision reflètent superbement le désarroi d'Oliva, la sagesse du père, le conformisme malsain de la mère, le venin des mauvaises langues du village……Une construction habile alterne dans les trois premières parties, passé et présent, l'apparence ou l'imaginaire avec la réalité, comme Oliva en narratrice, et dans la dernière et quatrième partie donne la parole aussi au père silencieux qui fait écho à sa fille. S'y ajoute un rythme réglé au métronome qui renforcé par un incident vers la fin de la deuxième partie, accentue l'ampleur de la tragédie. Ardone touche à des points importants. Rien de nouveau mais bon à se remémorer: c'est la femme en général qui éduque les enfants, fille ou garçon, et c'est à elle de faire l'effort nécessaire pour que le garçon respecte les filles et vice versa et encourager les filles pour leur indépendance / On ne peut contrôler la vie de ses propres enfants au nom de sauver les apparences et respecter les règles sociales souvent archaïques / « Aucune femme n'est fragile: est fragile uniquement qui est exposé à l'injustice »…..
Un roman poignant, superbement écrit, et à l'heure que le taux de féminicide augmente en Italie, un rappel à toutes les femmes qu'il faut savoir dire NON ! Une lecture que je conseille vivement, et dont la traduction je pense ne tardera pas vu le succès de son premier livre en France.

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