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Intriguée sur les réseaux sociaux, je me suis plongée dans la lecture de ce roman, une très belle surprise. une touche très personnelle de l'auteur stéphane arfi permet d'entrer dans la France de la guerre mondial avec ses horreurs et ses êtres qui tout de même s'entraident. c'est un livre assez difficile à résumé mais il fait un effet très fort, je suis en train de le terminer et j'avoue rester sur ma surprise, l'écriture est superbe et ça vous serre les tripes. On comprend vers la fin pour le titre est La vie magnifique de Frank Dragon.
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Un roman magnifique mais très bizarre et déstabilisant, nous voici plongé dans les pensées imagées et magiques d'un petit enfant juif dès années 30 en France, à Paris. L'enfant, Franck Dragon traverse les horreurs de l'occupation et voit ses parents raflés puis il est caché par sa voisine puis par une mémé provinciale haute en couleur qui lui donne peu d'affection mais le protège. Il survit au massacre du village par les nazis (qu'il appelle Boches), porté par l'amour qui a pour la jeune Béatrice pour laquelle il semble vouloir vivre. A la fin de la guerre, il est dans un institut catholique et s'en échappe. Juste avant son évasion, il revoit son père qui revient par miracle des camps de concentration et il raconte cela à son fils et le quitte pour aller se suicider. le jeune franck s'évade vers Paris où il croise le chemin de Louis Ferdinand Céline, médecin des pauvres, le soigne. Je ne veux pas raconter la suite car c'est très prenant et les pensées et les délires de Frank gagnent en intensité jusqu'à la dernière phrase, que j'ai trouvé inoubliable. J'ai trouvé ce roman extraordinaire , en me demandant comment l'auteur a pu écrire son premier roman car on croirait qu'il en a écrit 100 avant celui-là car son style est fabuleux, il invente des expressions, des mots étrange mais compréhensibles. Ce jeune garçon que l'on voit grandit est d'une sensibilité parfaite qui est aussi sa protection contre les horreurs et il reste très enfantin comme pour être protégé des assauts de l'extérieur. On entre doucement dans ce roman, dès qu'on accepte le style nouveau qui vous prends tout de suite et je trouve que l'histoire va crescendo en émotion avec à la fin des envolées littéraires, on comprends que les mots, l'amour des livres le sauvent autant que son univers poétique qu'il a fabriqué comme une armure. Je recommande ce livre car il ne laisse pas indifférent, on y sort en se demandant ce qu'on vient de lire et pourquoi il fait cet effet là. ça fait du bien pour comprendre notre monde de fous d'aujourd'hui d'aller chercher dans le passé les remèdes.
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Frank Dragon a six ans quand la France est aux mains du Maréchal, le » salopard » qui baise les pieds du diable Hitler. Son père, Tateh est rabbin. Ona, sa mère lui conte l'histoire de Dieu fâché contre Ish et Isha qui ont mangé le fruit interdit du jardin délicieux.
Difficile ensuite pour cet enfant de renouer avec ce Dieu-fâché qui lui envoie tant de misères.
Ona est arrêtée en croyant à la convocation des « képis« , Tateh est dénoncé par l'horrible concierge et emmené dans un camp. Frank reste seul, caché dans la grande armoire avec ses poupées de chiffon et le grand livre rempli d'ordres de Tateh.
Madame Bonaventure, la voisine, récupère l'enfant et le confie à une grand-mère de l'arrière-pays, un peu revêche mais elle aussi marquée par la guerre. Là-bas, Frank retrouve Beata Blumenfeld, son amour secret de son immeuble parisien. Beata et Frank sont les deux seuls enfants juifs de l'école, des enfants effacés qui » ont mal tout au fond d'eux. »
En août 44, le village est anéanti par les Allemands. Frank parvient à s'échapper avec Sauveur, le fils du facteur âgé de quatorze ans. D'autres enfants ne survivront pas.
Un mois plus tard, Frank est recueilli dans une maison de pensionnaires gérée par les Pères André et Pierre, à Villedieu. Là, il fait la connaissance de Jésus sur sa croix et se retrouve confronté la différence des religions.
En 1946, Tateh retrouve son fils et lui raconte l'horreur de sa déportation. Son récit atroce prend plusieurs pages sans aucune ponctuation, comme le vomissement d'années d'horreur. Frank ne reconnaît plus son père, ne comprend pas qu'il ait pu souffrir davantage que lui. Chacun sa souffrance, Tateh lui remet le livre, « l'histoire de leur peuple » avant de disparaître.
A 19 ans, Frank ne croit plus en Dieu mais peut-être en son fils qui, lui, sait ce que c'est de souffrir.
Frank quitte le pensionnat pour échouer à Meudon dans une ratière où il découvre le racisme. Il se retrouve finalement dans les rues de Paris en plein hiver 54, le plus froid, celui où l'abbé Pierre s'insurgera.
Curieusement, il retrouve Sauveur qui le conduira à l'hôpital.
Fiévreux et délirant, Frank nous transporte dans ses souvenirs cauchemardesques, ses visions théâtrales et ses explications avec un Dieu qui ne veut pas de lui.
» Je crains en effet qu'un jour prochain, Je doive M'occuper personnellement des hommes dans leur ensemble, bien que j'y rechigne comme Je viens de te le rappeler, et que de ce fait, la majorité paiera pour le comportement d'un petit nombre qui mène les hostilités. Les hommes n'ont, semble-t-il, pas compris tout l'intérêt qu'il y a à exister avec des êtres différents d'eux. »

La première partie, certes sur un sujet déjà maintes fois traité, est remarquable par son style, celui d'un jeune enfant qui ne s'exprime pas, qui a une compréhension enfantine de ce qui se passe autour de lui. La naïveté et l'innocence se heurtent à la violence du moment, qui de fait est atténuée dans l'esprit de l'enfant. Mais les évènements racontés sont bien ceux qui nous ont tant de fois touchés avec la peur des uns, la méchanceté des dénonciateurs et la sympathie de certains.
En grandissant, Frank, sans jamais dire un mot, perçoit davantage de choses. Se réfugiant toujours auprès de ses poupées de chiffon, il est pourtant contraint de devenir acteur et de prendre en main sa survie. Mais le monde est toujours aussi cruel pour un jeune juif orphelin, et comme le dit Camus, « il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre. »
Ses fièvres nous entraînent parfois trop loin, sans véritable interêt pour l'histoire. Mais pour l'adolescent l'irréel est un refuge nécessaire pour évacuer les angoisses. Quelques bonnes rencontres inespérées en fin de roman peuvent paraître improbables. Mais, sans exagération, ces deux points ne viennent pas compromettre l'attachement que l'on peut avoir envers le jeune Frank, qui reste toutefois le seul personnage marquant de ce premier roman.
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Une traversée initiatique dans la France des année 40, portée par l'imaginaire, l'humour.
Le regard fantasque du garçon devenu jeune homme à travers les drames de la seconde guerre mondiale
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« Pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre. » Ainsi pourrait se résumer le premier roman de Stéphane Arfi, La vie magnifique de Frank Dragon. Une vie ordinaire, parce que celle d'un enfant juif, pris dans la tourmente de la seconde guerre mondiale, des rafles et des dénonciations. Une vie extraordinaire parce que immergée dans l'imagination lyrique et visionnaire du jeune Frank Dragon.
Il possède la rare clairvoyance qu'ont dès leur plus jeune âge certains enfants de transcender la réalité du monde, comme si celui où ils vivaient n'était que la copie dévoyée d'un autre, invisible, lumineux et bienveillant. Dans l'univers plein de fureur et de bruit et très labile de ce gamin de cinq ans, cloitré dans sa mutité, on ne respire pas, on ne renifle pas, on « narine les odeurs malicieuses » ou « chiffonnées » et les sentiments. le temps s'y compte en « année de jours », les camions sont « joyeux » dans la « maison des tout à fait fous » où vivent trois dragons - Tateh, Ona, et leur fils, Frank – aux griffes « profondes » ou « furieuses », aux doigts souvent « fourbus » et avec « des ailes de vent dans le dos ».
L'enfant écoute son rabbin de père lui raconter la vie du dehors et du dedans – la création du monde, Dieu, Ona sa mère-colère partie subitement pour un long voyage dont elle ne reviendra pas, la vie de la Pletzel, la petite Place, le Maréchal, les Képis, Hitler le Diable, les Frisés et les Sans-Képi - et lui expliquer qu'il ne doit jamais oublier qu'il appartient « au peuple qui voit le Dieu-fâché ». Frank dessine, rêve, discute à voix fermée avec ses « deux poupées de tissu soyeux », Nama et Sakti qui engloutissent « des collines de tartines » et observe ce monde des adultes dont le brouhaha se résume à une agitation silencieuse générant un désordre qui lui semble des plus bizarres, vision que Stéphane Arfi, traduit brillamment par un style jubilatoire, des métaphores improbables, des analogies surprenantes ou encore des oxymores rigolards, renvoyant – peut-être inconsciemment - à l'exubérance et à l'humour de la littérature populaire yiddish.
Ne pouvant parler, les questions s'accumulent et se bousculent dans l'esprit du jeune garçon où la réalité dérape sans s'inscrire, dans un vrombissement d'images bourrées de fantaisie. La disparition de son père, raflé par les Képis et dénoncé par une concierge collabo guettant les biens juifs comme un vautour sur une Tour du Silence, son arrachement brutal à cette armoire quasi utérine préparée par Tateh et l'abandon dans sa fuite du livre sacré, ouvriront en lui la voie labyrinthique vers un mutisme cette fois-ci conscient.
Il lui faut découvrir qui il est pour savoir où il peut éventuellement aller. D'où il vient, il le sait. C'est bien là le problème. Il n'a d'autre identité que celle niée par une étoile jaune. le fil conducteur pour sortir de ce dédale inextricable est de comprendre qui est ce Dieu, juif et chrétien, si présent et si absent, tour à tour fâché ou magnanime, père et fils tout à la fois, mais « aussi impuissant que totalement inutile ».
Recueilli par une « Grand-mère-de-la-guerre », puis dans la maison des Bons Pères où « habite le fils du Bon Dieu », guidé par la présence invisible de son amie Béata, l'enfant grandit en même temps que la guerre s'étend. A la fin de celle-ci, adolescent perplexe, il retrouve ce père qui revient des camps et n'est plus que l'ombre de Tateh. En quelques pages magistrales, poignantes et hallucinatoires, Stéphane Arfi nous plonge dans l'enfer des Sonderkommandos. Des cris effarés jetés en mots, une douleur hachée que le jeune homme refuse d'accepter.
Après le décès de Tateh, à « dix-neuf années de jour » Frank décidera « d'aller au-devant de la vie ». Tâche hasardeuse et difficile d'autant plus que le jeune Frank entretient une froideur distanciée tant avec les êtres qu'avec les choses. Sa déclinaison du monde est certes filtrée par son imaginaire débordant, mais l'empathie en est absente. Son coeur, dit-il, est littéralement hors de lui, de « sable mouillé » ou de pierre grise ou blanche qu'il lance « par la fenêtre ». Il croisera dans cette errance enfiévrée, sans le sou et rejeté parce que Juif, l'Abbé Pierre et le Dr. Destouches – hommage ambigu de Stéphane Arfi au célèbre écrivain vilipendé ? Une rencontre improbable qui néanmoins donne lieu, elle aussi, à des pages magnifiques bourrées de vitupérations céliniennes.
La dernière partie de la vie magnifique de Frank Dragon, de son admission à l'hôpital, délirant de fièvre et de faim, jusqu'à son départ pour les îles sur le bateau Liberté, qui rappelle le bateau Europa de Tateh, s'essouffle et essouffle. L'imagination du jeune homme par trop ancrée dans le phrasé de l'enfance et sa volubilité imagée, parfois logorrhéique, finit par être asphyxiante.
Néanmoins, cela ne retire en rien ni de la richesse symbolique de ce récit initiatique, où la vie est mort et la mort, vie ni de l'étincelance de cet univers singulier de l'enfance, où « pour vivre, il ne faut pas se sauver de quelqu'un ou de quelque chose, il faut de sauver de tout. »
Lien : http://www.lombreduregard.co..
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Une merveille de roman, porté par une langue inventée, superbe, foisonnante, singulière, déroutante c'est le livre d'un peintre qui aurait écrit et cela donne une tonalité fascinante à la lecture. La Vie magnifique de Frank Dragon de Stéphane Arfi raconte les affres de la guerre et de l'horreur à travers les yeux d'une enfant plein de poésie et de douceur. on pleure beaucoup, on rit souvent, on croise le Boches et le Maréchal Pétain, De Gaulle et Louis-Ferdinand Céline et on sort de ce livre la tête haute, le coeur battant et l'esprit serein. je ne sais pas si l'époque saura reconnaître l'importance de ce roman en forme de chef d'oeuvre littéraire mais nul doute qu'on le lire encore dans 50 ans la Vie magnifique de Frank Dragon.
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Dans « La vie magnifique de Franck Dragon », nous faisons la connaissance d'un petit garçon de cinq ans très particulier : Franck ne parle pas, mais possède un imaginaire très développé et un langage bien à lui. Franck est aussi un petit garçon juif, à Paris, en 1939. Il se trouve donc, dès son plus jeune âge, pris dans la tourmente de la Seconde guerre mondiale. Ses parents sont raflés et déportés, il assiste au massacre des habitants d'un village dans lequel il avait été recueilli.
Sur le papier, une histoire bouleversante, donc, mais à laquelle j'ai finalement eu du mal à accrocher. D'abord, dans les premières pages, les effets de style sont très (trop ?) présents : vocabulaire imagé, verbes et mots inventés, tournures de phrases. C'est parfois redondant, ça alourdit la lecture. Ensuite, le personnage de Franck m'a un peu déstabilisée : malgré les drames et les atrocités, les gens qui meurent devant lui, il ne semble pas touché, reste passif, distant ; il n'est pas dans l'émotion, il est dans la colère, la rage. Enfin, la dernière partie, où on le retrouve en 1954 était pour moi superflue, de même que ses monologues/délires fiévreux et mystiques et ses rencontres littéraires improbables.
Au final, une impression assez mitigée : le récit de la Guerre retranscrit bien toutes les horreurs et les atrocités de cette période, il y a de belles trouvailles stylistiques et de magnifiques passages une fois passées les lourdeurs du début, mais le personnage de Franck est trop déroutant, et je n'ai pas réussi à m'attacher vraiment à lui et à son destin.
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Si je pouvais mettre 6 étoiles je le ferai. J'ai pas pu lâcher ce roman sitôt que j'y suis entré. Une belle découverte car c'est à la fois grand public et hyper littéraire, avec un style peu commun. Beaucoup d'émotions à la lecture.
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Très beau roman, vraiment, j'ai trouvé difficile de cerner les personnages de prime abord, mais une fois entrée dans l'histoire, je m'y suis laissée submergée, happée, par le flot de mots étranges, de poésie, de souffle romanesque et de trame narrative qui permet de découvrir un roman magnifique (il porte bien son nom !) alors même que certains passages sont très durs de réalisme et la fin tranche avec tout le roman, comme si on passait d'un beau roman à un autre beau roman différent avec le même personnage. Acheté sur la recommandation d'un libraire, je me suis surprise à adorer ce style si original et si inattendu dans la "littérature" d'aujourd'hui qui n'en est plus, de la littérature, mais c'est un autre débat. Bref, cette vie magnifique de Frank D. fait partie de ces livres qu'il faut lire et relire, qui font du bien, font réfléchir, s'interroger sur la vie, la liberté, la part de liberté qui nous reste malgré toutes les épreuves de la vie. Je range l'auteur Stéphane Arfi dans la catégorie Grand romancier !
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Un thème traité à maintes reprises dans la littérature (le terrible destin des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale). Sur ce point, le témoignage de Primo Levi (Si c'est un homme) est incontournable.

Personnellement, j'ai trouvé le style de l'auteur beaucoup trop complexe pour pouvoir vraiment apprécier cet ouvrage, même si l'idée originale du livre est justement de décrire la situation à travers le prisme d'un jeune garçon de onze ans.

Un peu de simplicité dans le style n'aurait certainement pas nuit à la pertinence du propos.
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