Dans les villages indiens, les femmes se taisent quand les hommes tiennent des réunions solennelles. Dans les fêtes familiales et même au Conseil, les Indiens parlent fort et tous en même temps. Vues du dehors, ces assemblées ont l'air de congrès de fous. On ne sait qui a la parole ni à qui il s'adresse. Il y a pourtant un ordre, les phrases touchent le destinataire et un accord finit par se dégager.
Le voyageur se trouve subitement devant le fleuve. Le grondement des eaux, la profondeur de l’abîme poudreux, les jeux de lumière de la neige lointaine et les rochers qui brillent comme des miroirs réveillent dans sa mémoire ses souvenirs les plus primitifs, ses rêves les plus anciens. Il captive les enfants, leur fait pressentir des mondes inconnus. Les panaches des bois de carrizo s’agitent au bord du fleuve. Le courant avance à l’allure d’un grand cheval sauvage.