Au bout de quelques jours, j'étais devenu, comme les autres, un enfant aux cheveux ras, aux yeux inquiets, qui n'avait plus rien de commun avec le nin-nin de grand-mère Catherine. Nous formions un misérable troupeau terrorisé par Baf-Baf et par madame Ronchin, la femme du directeur, qui s'occupait de la lingerie et surveillait les repas. Quant au directeur lui-même, nous ne le voyions pratiquement jamais, sauf pour les punitions importantes. Il y avait le cachot, que j'avais connu le jour de mon arrivée, et, dans les cas les plus graves, le directeur convoquait le fautif dans son bureau. Il lui ordonnait de baisser son pantalon et appliquait des coups de baguette sur le derrière des jambes nues du pauvre garçon. Je ne connaissais cette correction que par le récit des plus anciens et je tremblais à l'idée que je pourrais, moi aussi, la subir un jour.
Je me mis à avancer, tout en regardant un groupe d’enfants qui jouaient au ballon derrière le kiosque, un peu plus loin. C’étaient des garçons de huit à dix ans, qui couraient et criaient, les joues rouges, l’air heureux. Je pensai que mon fils, au même âge, avait été un orphelin au visage gris et triste, comme ceux que tante Berthe avait rencontrés un jour sur la route. Mon cœur se serra de tendresse, de pitié, d’amour frustré. Le reste de ma vie ne suffirait pas à combler le vide affectif dont il avait souffert, me dis-je,..
En regardant sa tempe marquée de bleus, les jours suivants, en entendant les mots plein de hargne qui lui lançait Léon, je me rendis compte que, même dans sa famille, un enfant pouvait être injurié, battu, humilié. Ici, ce n’étaient pas des surveillants qui maltraitaient Pauline ; c’était son père. Et cela rendait la situation plus injuste et douloureuse.
-C’est un brave enfant. Tu as bien fait de le prendre en nourrice.
J’étais trop jeune pour prêter attention à ces paroles. Des réflexions, parfois, parvenaient jusqu’à moi, adressées à ma mère Martha par des femmes du village. Elles disaient toujours à peu près la même chose :
-Vous êtes franche, Martha, d’élever celui-ci avec les vôtres. Ces enfants-là, on ne sait pas d’où ils sortent.
-Pas celui-ci, répondait-elle. C’est un brave petit..
Je ne comprenais pas. Je ne pensais même pas que ces propos pouvaient me concerner. Je continuais à vivre dans l’ignorance et l’insouciance. Un jour pourtant…
Lorsque je voyais le visage ravagé de Justine, sa mère, je me disais que je préférais mon sort au sien. Pourtant, j’avais envié Justine à la naissance de son bébé, je l’avais jalousé, ensuite, lorsque je l’avais vue promener dans les rues, avec amour et fierté, son petit garçon. J’avais souffert de ne pas avoir d’enfant, mais mettre au monde un fils, l’élever et l’aimer pendant vingt ans, pour le voir partir à la guerre et apprendre sa mort me paraissait bien plus atroce.
ce livre est juste oufffisime j'ai trop trop adoré un philomène
c'est vraiment ma vie ce livre quoi c'est plus que de la joie c'est mon tout kwoi
bref c('est pour toi philo bisous
Tu t’en vas encore, papa ? Pourquoi ? Reste avec nous !
Le reproche que contenait sa voix fit soupirer Georges. Comment expliquer à un enfant de quatre ans les impératifs de la guerre ?