Début du vingtième siècle, un petit village de pêcheur dans le nord de la France.
Pour Céline le destin semble tout tracé, elle épousera Pierrot son amour d'enfance, et comme toute femme de pêcheur, passera une grande partie de son temps à attendre le retour de son mari. Et pourtant, lorsque Céline découvre la classe, c'est pour elle une révélation, elle sera institutrice. Plus qu'une envie, c'est une vocation qui s'ouvre à elle, et elle finira par y arriver, coûte que coûte, même si pour cela il faut faire le deuil de son histoire d'Amour puisque Pierrot ne veut pas épouser une institutrice.
Une génération plus tard, c'est l'histoire d'Irène que nous allons découvrir. La fille d'Irène partage la même vocation que sa mère, enseigner, et malgré les années passées, il est toujours aussi difficile d'allier enseignement et Amour, Irène aussi devra en faire les frais.
Un très beau roman de terroir, histoire de deux femmes de caractères, prêtes à se battre envers et contre tous pour aller jusqu'au bout de leur destin.
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J'ai vraiment adoré ce livre de la première à la dernière phrase.
Je le recommande vivement.
Je l'aurais bien lu d'une traite car une fois plongé dans l'histoire, il est difficile de remonter à la surface. Enfin, c'était mon cas.
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Je me découvrais d'autres différences, qui étaient mal accueillies et qui agaçaient mes parents. Par exemple, je n'aimais pas le poisson. Outre le pot-au-feu du dimanche, toute la semaine nous mangions du poisson. J'en détestais le goût, l'odeur, mais je n'osais rien dire et tentais de surmonter ma répulsion. Les arêtes étaient un autre inconvénient. Il y en avait toujours une qui s'enfonçait dans mes gencives ou qui se coinçait dans ma gorge. En essayant de m'en débarrasser, je finissais par attirer l'attention de mes parents.
— Encore une arête ? disait mon père, mécontent. Ce n'est pas possible ! Fais-tu exprès de les collectionner ?
Il y avait aussi les petits travaux que ma mère m'obligeait à faire pour l'aider. Beaucoup me rebutaient, principalement le tricot. Mon père portait beaucoup de vêtements en laine, chemises, caleçons, chaussettes, chandails, et ma mère, le soir, à la veillée, ou dès qu'elle avait un moment libre, tricotait. Elle me demandait parfois de tenir la laine en écheveaux, dont elle entourait mes mains écartées. C'était profondément ennuyeux. Si je donnais quelques signes d'impatience, je me faisais gronder.
Notre amour nous ferait vivre dans un monde illuminé de soleil, même lorsque le temps serait gris et pluvieux.
Houleuse les jours de grand vent, limpide et bleue sous le ciel d'été, scintillante et dorée au soleil couchant, la mer tenait dans notre vie la première place. D'elle dépendait notre subsistance. Mon père l'aimait, la vénérait, craignait ses fureurs parfois cruelles. Il nous racontait qu'elle lui avait pris son propre père, et qu'à cinq ans il était déjà orphelin. Et pourtant, dès qu'il l'avait pu, il n'avait pas hésité à exercer le même métier, malgré le danger et les risques.
A travers les larmes qui emplissaient mes yeux, je voyais son visage soucieux, son regard qui voulait me convaincre. Pendant un court instant, j'eus pitié de lui. Il refusait d'admettre que sa file pût être tricheuse, menteuse, sournoise. Le persuader de cette douloureuse et cruelle réalité ne ferait que lui apporter du chagrin sans pour autant résoudre la situation. Je n'en eus pas le courage. Mon indignation, ma colère disparurent, ne me laissant qu'une immense lassitude.
Ils demandent aussi que la discipline soit moins sévère. Ils citent l'un des slogans partis de la Sorbonne et qui font le tour de la France : « Il est interdit d'interdire ».