Les scandales financiers ont, de toutes époques, défrayé la chronique mais le théâtre s'est rarement emparé du sujet.
En cette année 1931,
Paul Armont, l'auteur de cette comédie a pris le parti d'en rire et d'en amuser son public avec une une pièce joyeuse et truculente.
Il nous présente Gédéon, gredin sympathique, justicier d'un système social pourri qui se haussant au dessus des préjugés mesquins, veut rétablir le juste équilibre et se sert de l'argent et de la spéculation comme de deux armes puissantes.
Il ne faut pas chercher, dans le propos de l'auteur, une morale, mais n'oublions pas qu'il s'agit d'une fiction théâtrale.
On se souvient de Guignol rossant le gendarme, Arsène Lupin reste dans tous les coeurs, Rocambole conserve ses admirateurs. Ici, Gédéon ne cherche pas réellement la fortune mais plutôt le jeu, la bataille et l'aventure.
C'est une satire énergique et très poussée des moeurs financières et de la folie spéculative qui caractérisent cette époque, et en cela elle reprend, aujourd'hui, une actualité évidente, tout en conservant un délicieux ton désuet.
Mais ce Tafard, derrière lequel se cache Gédéon, évadé de la prison de la Santé, même s'il assouvit sa vengeance, est, tout de même un aigrefin. Et le spectateur est averti qu'il serait bien mal avisé de se figurer tous les requins de la finance sous cet aspect ingénieux, heureux, débonnaire et finalement sympathique.
L'auteur dit vouloir plus critiquer que railler, mais quoi qu'il en soit il nous offre, là, un véritable divertissement où la verve et l'accent méridional de Raimu imprègnent chaque ligne.