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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A Zamana, dans leur bibliothèque d'une beauté étonnante, Nargis et Massud, un couple d'architectes musulman, ont suspendu au plafond les maquettes de la mosquée de Cordoue et de Sainte-Sophie — symboles de leur exigence esthétique, de leur ouverture et communauté d'esprit...

Mais Massud meurt accidentellement dans un échange de tirs entre un Américain et des tueurs pakistanais. Pour Nargis, c'est le début d'une lutte pour échapper aux services secrets d’une armée corrompue, une fuite où la jeune femme, avec Hélène la fille de son serviteur chrétien et Imran, un Cachemirien, cherche à se soustraire à la folie des hommes.

Saisissant et poétique, le sang et le pardon décrit les réalités d'un Pakistan violent, voire même effrayant — régi par des diktats religieux et gangrené par la corruption de ses institutions. Toutefois malgré ce constat, ce très beau roman suggère la capacité d'espoir et de résistance d'un pays auquel Nadeem Aslam, même s'il l'a quitté adolescent, semble viscéralement attaché.
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Je voulais découvrir un autre monde, et je suis partie sur les pas d'un auteur pakistanais d'expression anglaise, pour sortir de ce roman avec un grand sentiment de malaise devant l'horreur de ce que vivent des millions de gens dans ce coin du monde.

Le Pakistan est une poudrière de misère , de corruption et de violence . Trop facile sur fond d'ignorance crasse savamment entretenue, de diriger la vindicte populaire contre toutes sortes de boucs émissaires commodes, les chrétiens, les occidentaux, le grand voisin indien, les Danois et leurs caricaturistes ...lynchages publics au cours de manifestations hurlantes de haine de l'autre, ou attentats meurtriers, on comprend que l'auteur de ce roman réside à Londres. Il est plus facile d'y exercer sa liberté de conscience et son esprit critique !

Nadeem Aslam nous dit beaucoup dans ce roman des tragédies qui meurtrissent son pays avec ses personnages touchants qui se débattent contre des préjugés stupides. Malgré eux, ils se retrouvent projetés dans des situations dangereuses alors qu'ils n'ont rien fait d'autre qu'aimer ou aider, tendre la main. C'est Massud qui se retrouve là où il ne fallait pas, c'est Nargis qui ne supportait plus les brimades contre sa communauté d'origine. Elle épouse Massud, tous les deux décidant de donner une bonne éducation à la fille de leur couple de serviteurs chrétiens. c'est le père d'Helen, un chrétien qui est amoureux d'Aycha, la fille de l'imam du quartier. C'est Iman, le refugié cachemirien , qui fuit son pays tiraillé entre les puissances régionales qui aide Nargis et Helen.

C'est fou ce que les forces de l'ordre dépensent comme énergie à tyranniser les gens ordinaires dans ce récit, tortures, viols, justice expéditive, disparitions louches, on leur doit une grande partie des deuils qui s'abattent sur n'importe qui. On est vite accusé de blasphème dans ce coin du monde et c'est absolument mortel.

Dans le pillage de sa maison, Nargis récupère un livre déchiré par un soudard inculte. Ce livre illustré raconte comment depuis la nuit des temps, les civilisations se sont enrichies les unes des autres.
J'aime beaucoup la métaphore du livre qu'on recoud au fil d'or à six mains , dans le silence des cachettes de nos héros poursuivis comme des criminels, tout au long du récit. Il nous dit beaucoup de la patience nécessaire pour tisser des liens, dépasser les préjugés.

Dans un océan de douleur, il y a des petits gestes réparateurs, de la compassion, une petite lueur, des gens simples qui luttent pour un monde meilleur, il y a de l'espoir au pays de Malala.
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Le Pakistan est un pays très majoritairement musulman, mais qui comprend une minorité chrétienne. La vie est compliquée pour les chrétiens qui comme Helen et son père Lily vivent à Zamana. Dans la République Islamique du Pakistan, où la charia prime sur la loi commune, les insultes fusent, les passant s'écartent pour ne pas être « contaminés », et la moindre jalousie conduit à une dénonciation pour blasphème. La pauvreté et la misère sont leur quotidien. Helen heureusement est protégée par ses employeurs musulmans, un couple d'architecte, Massud et Nargis, qui lui ont permis d'accéder à une bonne éducation. Mais Massud meurt d'une balle perdue dans une fusillade impliquant un américain.

Pour la population gavée de fake news, cet étranger est forcément un agent de la CIA. Les tensions s'échauffent. D'autant que Lily vit une relation avec la fille de l'imam. Cela met le feu au poudre. le quartier s'embrasse. Lily fuit, Nargis et Helen aussi, accompagnées par un jeune musulman du Cachemire indien, Imran.

Cette fuite à trois va être l'occasion pour chacun de faire le point. Nargis avec un secret qui la hante, Helen inquiète pour son père, et qui se rapproche d'Imran, et ce dernier victime d'un conflit qui s'enlise. L'armée indienne commet des atrocités contre la population musulmane du Cachemire pour mettre fin à une rébellion entretenue par des groupuscules extrémistes musulmans, eux-même soutenus par les services secrets pakistanais.

Ce livre est oppressant. Chaque page décrit des situations de conflit religieux, extrémistes poursuivant de leur vindicte des pratiquants trop modérés pour eux, autorités religieuses édictant des règles dans l'intérêt de certains, police laissant faire, voir libérant les agresseurs, magistrats menacés si ils ne suivent pas l'opinion extrémiste. On sent un quotidien fait de débrouille, de mesquineries, de corruption aussi, avec en arrière fond une armée et une police au dessus des lois qui peuvent à tout moment enlever et exécuter sans raison.

Et malgré tout, Nargis ressent une certaine paix au contact des livres et oeuvres de son mari, Helen se sent vivante dans le refuge qu'elles ont choisi, et Imran porte en lui une résilience infinie.

Après un début de livre complètement déstabilisant pour qui recherche une rationalité à l'occidentale dans la suite des événements, le livre prend un rythme plus accessible. Les flash-back se succèdent, l'histoire passée des personnages se révèle. La mosaïque prend forme. Les considérations sur l'impact de la religion sur les vies humaines font réfléchir.

Nadeem Aslam a écrit un livre difficile, significatif du gouffre culturel entre des civilisations qui se méprisent mutuellement. Une vraie plongée dans un autre monde, très loin de la mondialisation.
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Des 5 romans de l'écrivain anglo-pakistanais Nadeem Aslam, le dernier en date, le sang et le pardon, est sans aucun doute le meilleur avec La cité des amants perdus. Une véritable plongée dans une ville pakistanaise où la violence et l'intolérance règnent dans un climat délétère. Pour un peu, on se croirait dans le 1984 d'Orwell. Un livre sombre et douloureux mais le ton réaliste est atténué par un symbolisme prégnant. Les personnages du livre, définis par leur passé et un cheminement de vie qui se dévoile au fil du roman, alternent dans la narration avec la fluidité dont sait faire preuve Nadeem Aslam, qui maîtrise parfaitement son récit qui ne souffre qu'en de rares endroits de quelques langueurs. Contre le fanatisme, phénomène orchestré et collectif, "ce monstre qui ose se dire le fils de la religion" (Voltaire), l'auteur oppose les choix individuels, la réflexion, l'intelligence et la culture. L'espoir n'est pas absent d'un livre où il est aussi beaucoup question de la situation du Cachemire opprimé par l'Inde. Il est cependant ténu, passe par l'amour, la résilience et le courage de refuser de baisser la tête. le combat contre les forces de l'obscurantisme, au Pakistan comme ailleurs, continue. le sang et le pardon, à sa modeste échelle, y participe activement avec talent et flamboyance.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Nargis et Massud, un couple d'architectes musulmans, vivent à Zamana. La vie de Nargis bascule le jour où Massud est accidentellement tué dans un échange de tirs. On la somme alors d'accorder son pardon à l'officier américain qui a tué son mari. Nargis craint que son secret, qu'elle taisait même à son mari, soit révélé au grand jour car depuis peu un inconnu dévoile l'intimité des gens du haut du minaret. Dans un pays où le blasphème fait l'objet d'arrestation sur simple dénonciation, Nargis prendra la fuite. A ses côtés, Helen, fille de Lily son serviteur chrétien, veuf et épris de Aysha fille d'un Imam. Toutes deux seront accompagnées par Imran, un cachemirien tentant de fuire le Jihad auquel il a participé. Ces personnages, que tout oppose dans ce pays, vont s'unir pour échapper au pire.
Un livre poignant, déchirant qui ne peut laisser indifférent. On évolue dans un monde cruel où les lois sont dictées par la foi. Certaines scènes m'ont glacée le sang me rappellant les terribles attentats de 2015, scènes du quotidien au Pakistan... La plume de l'auteur est complètement immersive, ses personnages sont puissants, son histoire pleine de rage... Il mêle avec brio l'horreur et la beauté du monde. C'est avec plaisir que je découvrirai ses autres romans.
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Après 2006, les musulmans pakistanais sont outrés par les caricatures du Prophètes publiées dans des journaux danois et français. Une haine nationale grandit à l'encontre de l'Occident, s'ajoutant à l'intolérance envers les chrétiens pakistanais.
Helen est chrétienne et a toujours subi cette discrimination, étant considérée comme « impure », tout comme son père Lily. Un attentat et une liaison réprouvée plus tard, leur vie est bouleversée, ainsi que celle de Nargis leur voisine musulmane.
J'ai mis du temps à entrer dans ce roman, mais une fois dedans, on est piégé dans un engrenage infernal. Plusieurs histoires se croisent, plusieurs passés refont surface. Toutes ont un point commun : la haine entre religions, voire entre factions d'une même religion. Les hindous attaquent les musulmans en Inde, qui eux-mêmes attaquent les chrétiens au Pakistan, c'est le cercle infernal de l'intolérance religieuse qui fait des morts par milliers.
Vous l'avez compris : ce n'est pas un roman d'une grande douceur. J'ai été choquée à de nombreuses reprises en réalisant que cette violence avait lieu de nos jours, dans un pays dont on entend peu parler (au contraire de la situation que l'on connaît en Palestine ou en Afghanistan…).
Ce roman ne réconcilie pas avec les religions ! Mais il fait partie de ces oeuvres nécessaires pour témoigner d'une réalité.
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D'entrée de récit, la mort d'un homme parfaitement tranquille est annoncée. Il est victime collatérale d'un assassinat raté d'un américain. Nous sommes au Pakistan. Sa veuve, déjà marquée par l'assassinat d'une amie proche en raison de sa qualité de chrétienne, est harcelée par les services secrets pour accorder son pardon au meurtrier, suite à un accord passé entre le pouvoir pakistanais et les Etats-Unis. Elle est harcelée aussi par les fondamentalistes qui veulent qu'elle condamne ce meurtre. Elle refuse, malgré les violences psychologiques et physiques.
On sent que tout peut arriver dans ce pays divisé, la violence est omni présente. Il n'est pas bon vivre en chrétien ou musulman modéré dans ce pays. La corruption semble généralisée. Ainsi, il n'y a pas de bouée à laquelle se raccrocher, sauf à la bonté de certains.
Un garçon, Imran, se rapproche de la femme. Il est mystérieux, vient du Cachemire voisin. Ce pays est en lutte avec les indiens, les chinois et les pakistanais qui se le disputent.
Tous les personnages sont des victimes, de leur sexe, de leur religion, de l'injustice … Ils sont conduits à mentir, à fuir, mais restent de belles personnes qui ont soif de vie malgré tout.
Le totalitarisme est bien dépeint, les dénonciateurs aussitôt éliminés, les victimes qui se sentent coupables, la peur qui conduit au silence. Voilà des vies bien difficiles, qui donnent à réfléchir, en particulier sur les moyens pour se sentir un tout petit peu libre dans ces conditions, comment réconcilier des parties qui ne dialoguent pas.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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